L’alya de Belgique suit ces dernières années la même courbe de croissance que celles des Français. On compte environ 10000 originaires de Belgique en Israël. Alors qu’il y a seulement six ou sept ans, venaient de 80 à 100 olim de Belgique par an, aujourd’hui on en est à 300 ou 400, sur une population juive totale de 38000 âmes. Nous nous sommes entretenus avec Maître Sally Zajfman, Président de l’Association des Originaires de Belgique en Israël (OBI).
Le P’tit Hebdo : Qu’est-ce qui caractérise l’alya de Belgique ?
Maitre Sally Zajfman : Ce qui distingue cette communauté des autres francophones tient au fait que les Belges ont tendance à s’assimiler beaucoup plus rapidement et ne ressentent pas forcément le besoin de se retrouver sous le drapeau belge. Ceci dit, on en retrouve par petits groupes notamment à Petah Tikva ou Guivat Shmouel, pour les plus jeunes. On compte aussi une dizaine de hayalim bodedim (soldats seuls) venus de Belgique. Jusqu’à ces dernières années, il s’agissait surtout de jeunes venus faire leurs études en Israël, ou de personnes avec un certain confort économique.
LPH : Les Juifs en Belgique ont-ils peur ?
S.Z. : L’attentat contre le Musée juif a constitué un tournant. À Bruxelles on ne sort pas avec des signes religieux, on ne s’attarde pas à la sortie de la synagogue et chaque lieu ou évènement juif bénéficie d’une protection militaire impressionnante. Mon sentiment, lors de mes nombreux déplacements, c’est qu’en dehors de certains courants hassidiques d’Anvers, d’ici une dizaine d’années il n’y aura plus de communauté juive en Belgique. Les Juifs partent.
LPH : Partent-ils tous pour Israël ?
S.Z. : La communauté juive d’Anvers qui vivait essentiellement du diamant connaît des jours difficiles avec l’effondrement de cette branche économique ces dernières années. Ils se demandent s’ils ont les moyens de partir. Ceci dit, un public de plus en plus important et issu de tous les niveaux de pratique religieuse part pour Israël, même parmi les laïcs qui se revendiquaient, jusqu’il y a peu, non sionistes.
LPH : Quel rôle l’OBI joue-t-elle dans ce contexte ?
S.Z. : Notre organisation a vu le jour en 2001. Son objectif était alors de lutter contre l’establishment belge qui excluait de la restitution des biens spoliés pendant la Shoah tous ceux qui ne vivaient plus en Belgique. Depuis 2011, nous avons rajeuni nos rangs et nous allons parler d’alya aux Belges en Israël et en Belgique, pour que les Juifs de Belgique choisissent Israël comme destination. Il ne s’agit pas d’ingérence, nous sommes en relation avec l’Ambassade. Ainsi nous distribuons des bourses d’études, grâce à nos donateurs. Nous soutenons aussi les hayalim bodedim par des lettres, des dessins d’enfants des écoles juives de Belgique ou encore des colis. Nous agissons aussi à la Knesset, notamment au sein du lobby francophone. Nous plaidons pour une alya qui se rapproche le plus possible d’une solution sur-mesure et d’une prise de conscience que les Francophones ne se réduisent pas aux Français.
LPH : Quel est le programme du gala prévu le 18 février ?
S.Z. : Il s’agit d’une soirée avec un dîner gastronomique belge. Elle se tiendra sous le patronage de l’Ambassade de Belgique en Israël. À cette occasion, je tiens à rendre hommage à l’Ambassadeur, John Cornet d’Elzius, qui va bientôt terminer sa mission. Il a été un soutien. Nous le regretterons.
Lors de cette soirée seront présents des artistes belges comme Michel Kichka ou le chanteur Boogie Boy. Le mentaliste Yoni Garcin se produira également. Le gala, en partenariat avec Brussels Airlines, a pour objectif de récolter de l’argent pour la Centrale en Belgique, qui œuvre dans le domaine social au sein de la communauté. Nous voulons ainsi envoyer un message clair à nos frères : Israël est là pour vous soutenir ! S’ils décident de faire leur alya, ils sauront qu’ils ne sont pas seuls.
Pour tout renseignement ou inscription :
Gala le Jeudi 18 Février, Airport City
Tél : 054-7272961
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay