La seconde paracha de la Torah aborde les trois types de relation existant entre un homme et une femme. Et le Talmud, Berakhot, chap. 8 définit les rêves annonçant à l’homme trois catégories relationnelles et conjugales auquel l’homme pourra aspirer en les comparant à un fleuve, une marmite et un oiseau.
Le fleuve
Le premier niveau, celui du fleuve est obligatoire et tout à la fois primaire, vulgaire. Il est définit dans notre paracha comme étant un rapport de corruption de toute chaire. Les hommes comme les animaux ont décidé d’adopter une relation qui n’est pas divine ni humaine et pas même animale. Ce comportement est comparable au bouillonnement d’un fleuve qui déborde, un fleuve que l’on ne peut plus contrôler, pareil aux pulsions de l’homme qui en perdant contrôle finit par se perdre lui-même.
Nous avons là une indication pour comprendre pourquoi l’eau est un élément essentiel de purification avec le mikvé. En effet, on pourrait se demander pour quelle raison hommes et femmes juifs doivent se tremper dans l’eau pour se purifier de certaines impuretés. Pourquoi l’eau ? Puisqu’avec les cendres de la vache rousse il y a une possibilité de se purifier? L’une des explications est que, comme nous l’avons évoqué, les rapports homme/femme sont pareils à un fleuve et en se trempant dans l’eau du mikvé lequel contient les eaux de pluie, ceux du haut, et les eaux d’un fleuve, ceux du bas, on veut, enseigner à l’homme qu’il peut maîtriser totalement sa sexualité au point que celle-ci lui soit un élément de développement personnel, un épanouissement. En revanche si ce sont les pulsions et les relations sexuelles qui dominent l’homme alors il sera anéanti, tout comme un fleuve qui déborde de son lit, anéantit tout sur son passage.
La marmite
Quant au niveau symbolisé par la marmite, c’est en fait l’arche dans laquelle seront enfermés hommes et animaux. Durant toute la durée de cet enfermement, les rapports conjugaux sont interdits. Donc l’arche, univers clos, entourée d’eau permet à l’homme et la femme d’expérimenter un rapport autre que charnel c’est-à-dire connaître l’amour “platonique” si l’on peut dire ou plutôt l’amour vrai qui ne dépend pas uniquement du rapport physique puisque ce dernier est momentanément interrompu comme dans les périodes de menstruation de la femme.
Les pulsions sont comme un feu qui dévore l’homme et par le fait qu’à l’intérieur de l’arche, les relations conjugales sont interdites, nous sommes dans une situation qui ressemble à une “cuisson”. Nous avons les trois éléments nécessaires à toute préparation, à savoir, l’eau, le feu et la marmite. La question se pose de savoir quel plat est en élaboration? Il s’agit d’une nouvelle humanité issue de toutes les créatures qui ont montré, de par leur comportement, puisqu’ils n’ont pas dévié sur le plan de leurs relations, que tout peut recommencer par eux. Il est à noter une notion fondamentale introduite ici, celle d’être à la hauteur de la création voulue par D.
L’oiseau
Le troisième degré est symbolisé par l’oiseau dont l’élément caractéristique est de pouvoir se mouvoir dans l’air. Par rapport à l’arche, c’est la colombe qui va annoncer à Noa’h que les eaux commencent à baisser et donc que tous peuvent sortir de l’arche, c’est-à-dire d’un espace fermé où toute relation est interdite. Sortir de l’arche signifie, aussi, accéder à un niveau supérieur de conscience. Ce niveau rapporté au couple est l’élément spirituel. Un couple sans spiritualité n’a que peu de chance de réussite et n’a pas de choses essentielles à partager. En résumé la parachat Noa’h vient nous apprendre les trois niveaux de construction d’un couple à savoir, le physique, la communication et le spirituel.
Le fleuve la marmite et l’oiseau c’est, nous dit le Talmud, en fonction du rêve de la personne, trois degrés de (couple) qui sont symbolisés par ces images, car le fleuve est bouillonnant et tumultueux comme la sexualité, laquelle n’est que le lien entre deux personnes, intéressées et égoïstes désirant satisfaire un besoin primaire d’une très grande beauté au demeurant, comme nous l’avons évoqué au début de cet article. Le couple est à l’image d’unifications de très haut niveau puisque divine, telles les sefirot et les mondes se retrouvant et s’unissant au moyen de nos prières. Ainsi, le Mashiah lui-même est le fruit d’une union d’un homme et d’une femme appartenant au peuple juif même si l’épopée y menant a fait intervenir des hommes comme Loth ou Térach (père d’Abraham) ou encore Balak et son arrière-petite-fille Ruth qui donnera naissance par la suite à David Hameleh.
C’est d’ailleurs pour cela que Moché Rabbénou qui vient réparer après quelques générations Noah lui-même, se retrouve, alors qu’il est encore bébé, sur le fleuve dans une petite arche (le fleuve et la marmite): il “brûle” une étape et se trouve propulsé, alors qu’il n’est qu’un nourrisson, de son premier niveau au deuxième niveau de zouguiout, et de fait il se mariera avec … Tsipora (tsipor en hébreu signifie oiseau) et nécessairement puisqu’il ne s’agit que du second niveau, il se trouvera – fait unique dans l’histoire du peuple juif – coupé de sa conjointe pour s’unir, si l’on peut dire, à la shekhinah : la présence Divine.
Itshak Peretz