« Consolez, consolez Mon peuple ! dira votre D.ieu… ». C’est ainsi que commence la première des sept Haftaroth de consolation que l’on va lire ce Chabbath. Pourquoi sept ? Car nous avons eu trois haftaroth de deuil depuis le dix-sept tamouz. La consolation sera double, six, plus la dernière, la septième où Israël accepte enfin la consolation d’Hachem.
Pourquoi cette répétition « consolez, consolez Mon peuple ! » ? Car, dit le verset « elle a reçu de la main d’Hachem double peine pour ses fautes ». La communauté d’Israël a été punie doublement, elle sera consolée doublement. Qu’est ce que cela signifie ?
Un enfant malade doit se rendre à l’étranger pour passer une opération qui le guérira entièrement. Le voyage est pénible, les étapes sont longues, les douleurs sont insupportables. Finalement, l’intervention réussit et il se rétablit entièrement. Au cours du voyage du retour, le père et le fils se souviennent tout ce qu’ils ont enduré à l’aller : ici, j’ai eu très mal, là bas, il faisait très chaud etc. C’est normal mais ils se consolent à l’idée que l’enfant est guéri.
Chez Hakadoch baroukh Hou, il n’en est pas ainsi. Le jour même de la destruction du Temple, Ticha beav, deviendra le plus grand jour de fête ! Comment cela ? Car aux jours de la gueoula, Hachem nous montrera clairement que c’est justement ces souffrances doubles que nous avons endurées qui ont amené la délivrance. Car Hachem souffre avec nous, pour nous et bien plus que nous ! Tout comme en Egypte, c’est l’alourdissement de l’esclavage qui a hâté la Sortie d’Egypte au bout de deux cents dix ans au lieu de quatre cent, c’est le redoublement des peines de l’exil qui hâtera la Rédemption. La consolation sera double : non seulement pour la bonne fin, la gueoula mais les épreuves traversées seront aussi une source de joie. C’est grâce à elles qu’on connaîtra le bonheur parfait des temps messianiques !
« Na’hamou, na’hamou ‘ami/consolez, consolez Mon peuple » : ce sont ces mots qui constitueront le mot d’ordre de la gueoula. Pour la Sortie d’Egypte, le ‘code’ était : « Pakod pakadeti/souvenir Je me souviendrai de vous ». Pour la Rédemption prochaine, ce sont ces mots de double consolation !
En fait, pourquoi appelle-t-on ces semaines la période de consolation ? Sommes-nous déjà délivrés ? L’exil a-t-il déjà pris fin ? Dans le cas d’un deuil sur un proche disparu, la douleur s’estompe avec le temps. Hachem a créé l’oubli pour panser les blessures vives, pour nous aider à supporter la peine. Yacov Avinou a refusé de se consoler pour la perte de Yossef car il était encore vivant. Aujourd’hui, deux millénaires ans après la destruction du Temple, le deuil est toujours présent et actuel. Rien n’est oublié. Comme disait Napoléon qui s’étonnait des pleurs des Juifs assis par terre à la synagogue : un peuple qui pleure encore après deux mille ans se rétablira entièrement ! Si on pleure encore, cela est signe que l’espoir est encore vivant. C’est cela le début de notre consolation.
Puissions-nous accueillir très bientôt, avec tout Israël, le Machia’h et nos jours de deuil se transformeront en joie !
Rabbanith P.ELKRIEF – BAIT
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