Dieu annonce à Abraham qu’Il va détruire toute la contrée de Sodome et Gomorrhe[1]. Abraham intervient auprès de Dieu et demande avec insistance qu’Il renonce à Son projet[2]. Mais Dieu n’écoute point ses prières.
Loth, qui habitait également Sodome, supplie également Dieu. Il ne prononce que deux phrases : « Je t’en prie, Dieu, je n’arriverai pas à m’enfuir jusqu’à la montagne avant que le malheur ne m’atteigne. Épargne, je T’en prie, la ville de Mitzar qui est toute proche[3]. »
Mitzar ne sera pas détruite.
Dieu annonce à Moïse qu’Il va détruire Son peuple car il a adoré le veau d’or. Moïse s’écrie alors : « Éternel, si Tu ne leur pardonnes pas, efface mon nom de Ton livre[4]. »
Le décret sera annulé.
Comment se fait-il que ce soit justement la prière d’Abraham qui n’ait pas été écoutée ? Sa prière est pourtant la plus pure, la plus désintéressée. Loth, lui, implore pour ne pas subir lui-même le sort de Sodome. Quant à Moïse il défend la cause de son peuple pour lequel il lutte depuis si longtemps. Abraham, lui, prie pour des étrangers qu’il ne connaissait même pas.
Rachi nous enseigne dans cette paracha[5] que la plus belle des prières est celle que le malade lui-même adresse à Dieu pour être sauvé. Elle sera exaucée avant celle qu’un ami pourrait faire à sa place. En effet, c’est lorsque l’homme perd tout espoir, c’est lorsqu’il réalise au plus profond de son être que son seul recours est Dieu, que le Tout-Puissant vient à son aide. La prière pour autrui est, certes, désintéressée, mais elle n’est rien à côté du cri de celui qui souffre.
Abraham a discuté avec Dieu. Il a présenté des arguments pour sauver les villes de Sodome. Peut-être y avait-il des justes dans la ville ? Ses arguments ont été récusés car le jugement de Dieu était irréprochable. Aussi a-t-Il détruit la ville. Loth, lui, savait son sort était lié à celui de Mitzar : si elle était détruite, il disparaîtrait avec elle. Alors Dieu a écouté son cri.
De même, lorsque nos ancêtres étaient esclaves en Égypte, « leur cri monta vers Hachem[6] » et c’est d’abord en réponse à ce cri que Dieu intervint en Égypte.
Moïse ne faisait qu’un avec son peuple. Déjà dans sa jeunesse, lorsqu’il sortit et vit un Égyptien frapper un Hébreu son frère, immédiatement il frappa l’Égyptien. Toucher à un Hébreu, c’était toucher à Moïse lui-même. Moïse lie son sort à celui de son peuple : « Si tu ne leur pardonnes pas, efface mon nom… » Et Dieu écouta son cri.
Le cri de l’homme peut annuler le jugement tant avant qu’après le décret de Dieu[7].
Extrait de l’ouvrage du Rav Shaoul David Botschko ”A la table de Shabbat”
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[1] Genèse xviii, 20-21.
[2] Genèse xviii, 23-32.
[3] Genèse xix, 19-20.
[4] Exode xxxii, 32.
[5] Genèse xxi, 19.
[6] Exode ii, 23.
[7] Roch Hachana 18a.
Merci Rav Botschko… Cet article m’a fait grandir… D’un petit pas… Soyez Béni…