Le Dr Vadim Benkovicth est le chef du département orthopédique de l’hôpital Soroka à Beer Sheva. Depuis le 7 octobre, il a l’impression de vivre une seule et même longue journée sans fin.
Dans un reportage diffusé sur la chaine Kan 11, le Dr Benkovitch raconte: »Le 7 octobre, à un moment donné, pendant 70 minutes, 70 blessés, des blessés graves, sont arrivés. Nous admettions un nouveau blessé toutes les minutes. En tout, en 16 heures, nous avons admis 700 blessés. C’est sans précédent dans le monde occidental ».
Il explique, la gorge nouée, ce qui, outre la quantité de blessés, distingue ce samedi noir des autres journées dans son service: »Pour la première fois, au-delà des blessures, nous avons été confrontés à des histoires personnelles. Dans toute ma carrière, je n’avais jamais eu à m’occuper d’une fille blessée dont la mère venait d’être assassinée sous ses yeux. Un enfant, dont les parents se sont couchés sur lui dans la chambre forte pour le protéger d’une grenade des terroristes, a dû attendre, blessé, pendant des heures, avec les corps inertes de son père et de sa mère sur lui, avant d’être évacué. Je ne l’oublierai jamais et je veux faire en sorte que personne ne l’oublie. Je continuerai à le raconter ».
Depuis le début de l’offensive terrestre à Gaza, de nombreux blessés de guerre sont amenés dans le département orthopédique de Soroka. Comme l’explique le Dr Benkovitch, la plupart des blessures de soldats sont orthopédiques. Certains resteront handicapés à vie mais le Docteur tient à encourager les blessés et leurs proches: au moins ils sont en vie.
Le Dr Benkovitch tente, tant bien que mal, de dissocier son activité professionnelle et l’émotion qui le gagne à chaque fois qu’un soldat arrive. D’abord parce qu’il les considère chacun comme son propre enfant et ensuite parce qu’il a, lui-même, trois garçons au combat à Gaza. Il a déjà soigné plusieurs amis de ses enfants. Il reconnait: »Je vis dans la peur. Ma femme et moi vivons dans la peur ».
Depuis le 7 octobre, il a passé beaucoup plus de temps à l’hôpital qu’à la maison. Il s’est installé un lit dans son bureau, même s’il n’a que peu le temps de se reposer. »Parfois, je voudrais juste m’asseoir et pleurer. Je n’y arrive pas trop. De toute façon, je n’ai pas le temps pour ça. J’attends le moment où je pourrais évacuer toutes ces émotions. Le moment où nous pourrons tous le faire, ensemble ». Une attente qui s’annonce, hélas, encore longue.