L’enquête de Tsahal sur les événements dramatiques du 7 octobre dans le kibboutz Nir Oz a été présentée au public.
Dans ce kibboutz qui compte 420 habitants, les premières forces de sécurité sont arrivées 40 minutes après que le dernier terroriste soit parti. Pendant 7 heures, il y avait entre 400 et 500 terroristes face à 385 civils. Les terroristes ont perpétré des massacres, violé, pillé, détruit et kidnappé sans être dérangés.
Le bilan est terrible: 76 personnes ont été enlevées et 69 assassinées.
»Un échec dans l’échec », c’est ainsi que l’ancien Chef d’Etat-major, Herzi Halévy, a décrit ce qu’il s’est passé à Nir Oz le 7 octobre, lorsqu’il a présenté l’enquête aux survivants du kibboutz hier (jeudi).
Trois kilomètres seulement séparent la localité de la frontière de la bande de Gaza et des abords de la ville de Khan Younès. Une faille structurelle du commandement du Sud a fait qu’aucun poste militaire israélien, même de petite envergure, ne s’interposait entre eux. Sans le courage des habitants et le fait que certains d’entre eux aient tenu les portes des abris de leur maison jusqu’à leurs dernières forces, les terroristes auraient pu enlever ou massacrer tout un kibboutz.
Au début de la présentation de l’enquête, un enregistrement audio du commandant adjoint du bataillon 51 de la brigade Golani, responsable du secteur, a été diffusé. Dans cette communication, il annonçait qu’un week-end calme était attendu, sans manifestations près de la clôture. Il disposait de 182 combattants et 57 soldats de soutien pour protéger les localités du nord de la région d’Eshkol. Le scénario maximal et le plus surprenant envisagé était une infiltration sans alerte depuis un seul point à la frontière.
Non loin des soldats de Golani qui passaient leur week-end de repos dans une atmosphère détendue après les fêtes, Judy et Gadi Weinstein se préparaient pour leur marche matinale, qui a débuté à 6h06. Ils ont été les premiers habitants à être assassinés.
Nir Oz n’est pas défini comme une localité adjacente à la clôture de sécurité, contrairement à Nahal Oz, Netiv Haassara ou Kerem Shalom. Pourtant, il est l’un des plus proches de la bande de Gaza, à seulement trois kilomètres du village de Khirbet Khazaa, en périphérie de Khan Younès. Ce matin-là, les organisations terroristes ont tiré 450 roquettes sur la région de Nir Oz, visant principalement les positions militaires israéliennes qui protègent le secteur, incluant également Nirim, Kissufim, Magen et Ein HaShlosha. Ce groupe de localités est situé entre la frontière et la route 232, l’axe principal du sud d’Israël. Nir Oz est le plus excentré de ces villages.
Dès le début de l’attaque à 6h30, les soldats se sont dirigés vers la frontière et non vers les localités, une erreur qui s’est avérée fatale. L’enquête a révélé que l’application de ce protocole avait entraîné une dispersion des forces de Golani vers le nord et le sud de la frontière, laissant Nir Oz sans protection.
Deux chars de l’unité de sécurité permanente opéraient dans la zone du kibboutz. L’enquête a confirmé que l’un d’eux, commandé par le capitaine Omar Natura (z »l), était hors d’usage. Ce char est devenu l’un des symboles de l’invasion aux yeux du Hamas, dont les combattants ont pris des photos triomphales en brandissant des drapeaux palestiniens. Les soldats de Golani qui ont survécu aux combats ont exprimé de vives critiques : pourquoi l’armée leur avait-elle retiré des capacités offensives essentielles, comme des grenades à fragmentation et des missiles antichars, qui sont normalement à la disposition de tout soldat déployé en zone frontalière ?
Une partie essentielle de l’enquête a mis en lumière l’héroïsme de l’unité d’intervention rapide de Nir Oz – sept habitants armés contre les 150 premiers terroristes infiltrés. Ils ont réussi à ralentir les assassinats et les enlèvements pendant environ deux heures. Bien que le kibboutz ait subi d’importants dégâts, l’ampleur des destructions était moindre qu’à Kfar Azza et Be’eri, car aucun char ou bulldozer de Tsahal n’y était entré. Cependant, les incendies, les destructions et les pillages ont laissé des traces profondes sur la quasi-totalité des habitations.
En réalité, à l’exception d’un char qui est brièvement entré dans le kibboutz à 9h55, éliminant quelques terroristes avant de repartir pour secourir un véhicule blindé touché près de la frontière, seul l’armée de l’air a apporté un soutien pendant les heures critiques. Quelques hélicoptères de combat ont survolé la zone, mais ont eu du mal à obtenir une image claire de la situation au sol. Les pilotes ont éliminé plusieurs dizaines des 64 terroristes retrouvés morts sur la route entre le kibboutz et la frontière, mais certaines frappes ont aussi touché des otages israéliens. Il a été notamment établi qu’Efrat Katz, z’l, a été tué par une frappe d’un hélicoptère israélien.
Tsahal estime que la principale raison pour laquelle aucune force terrestre n’est arrivée à Nir Oz pendant l’invasion est la perte de commandement et de contrôle, qui a empêché l’établissement d’une image précise de la situation. Les commandants du secteur ont été tués très tôt dans les combats. Les hélicoptères de combat survolaient la zone, mais avaient du mal à discerner les mouvements sous les arbres et entre les maisons à toit rouge. De plus, Nir Oz est une enclave isolée parmi les autres localités frontalières.
Les terroristes de la No’hba étaient très organisés: ils disposaient de cartes détaillées du kibboutz, marquées de points stratégiques et de dix objectifs clés pour assurer une prise de contrôle rapide. L’armée ne rejette pas l’hypothèse que ces informations aient été obtenues avec l’aide de Palestiniens ayant travaillé dans le kibboutz. Parmi les cibles désignées figurait vraisemblablement la maison du responsable de la sécurité du kibboutz, qui a été blessé par balle avant de parvenir à se réfugier dans un abri.
La deuxième vague d’assaillants est arrivée entre 10h00 et 12h00, constituée d’une foule meurtrière de jeunes hommes âgés de 14 à 60 ans venus de Khirbet Khazaa, à seulement 20 minutes de marche de l’autre côté de la frontière.
Huit alertes ont été envoyées depuis Nir Oz à la division sud de la brigade de Gaza pendant les deux premières heures du massacre. Le commandant de la brigade, le colonel Asaf Hamami (z »l), a été tué au combat près de Nirim. D’autres officiers étaient encore présents dans le centre de commandement divisionnaire, mais ce dernier était submergé par des centaines de rapports en provenance de toute la zone d’attaque. Personne, depuis le commandement Sud jusqu’au quartier général de l’état-major à Tel Aviv, ne s’est souvenu de l’existence de cette petite localité collée à la frontière et de la nécessité d’y envoyer des renforts.
En fait, la seule force militaire envoyée à Nir Oz était une unité de reconnaissance d’élite, qui a été prise dans une embuscade de combattants du Hamas à seulement 2-3 km du kibboutz, au carrefour de Ma’on. Pendant une heure et demie de combats intenses, les soldats ont perdu leur commandant. Après avoir dégagé le secteur, ils ont décidé de se diriger vers les kibboutzim de Re’im et Be’eri, car des rapports alarmants y faisaient état d’un chaos total. Comme plus aucun message ne provenait de Nir Oz, ils ont supposé que la menace y était moindre.
Ce massacre a révélé des défaillances stratégiques majeures, mais aussi le courage exceptionnel des habitants et des soldats qui ont combattu dans des conditions désespérées.