Ses promoteurs y voyaient la « modernisation » d’une institution bicentenaire, ses détracteurs une « confiscation de la démocratie »: une réforme du Consistoire israélite a été rejetée par un vote en assemblée générale dimanche, a-t-on appris auprès de l’organisation.
Ce projet était porté par le président du Consistoire central et de celui de Paris, Joël Mergui, afin de rendre « plus unie, plus démocratique, plus moderne et plus forte » l’institution décrétée en 1808 par Napoléon Ier pour organiser le culte juif.
Le Consistoire est aujourd’hui l’organe de représentation religieuse de la première communauté juive d’Europe, forte d’un demi-million de personnes, croyantes, pratiquantes ou non. Il gère quelque 400 synagogues, mais pas l’intégralité des communautés: certaines, de sensibilité libérale, massorti ou ultra-orthodoxe notamment, sont autonomes.
Le « projet de modernisation » visait à rapprocher le Consistoire central, qui fédère toutes les régions, et celui de Paris Île-de-France, représentant deux-tiers des juifs de France mais pesant peu jusqu’alors au sein de l’assemblée générale nationale.
Il fallait deux votes pour le valider. Le premier, celui de l’assemblée générale du Consistoire central, a été acquis dimanche matin à 91%. Mais dans l’après-midi le projet, avec 61% de votes favorables, n’a pas obtenu la majorité requise des deux-tiers lors de l’assemblée générale du Consistoire de Paris.
La réforme était combattue notamment par les anciens présidents du Consistoire de Paris, Moïse Cohen et Dov Zerah, vent debout contre la fin de l’élection des administrateurs parisiens au suffrage direct. Le projet prévoyait qu’ils soient choisis par de grands électeurs, « souvent cooptés » selon l’association Avenir du judaïsme, « ce qui fait dire qu’il s’agit d’une atteinte à la démocratie ».
« Le grand rabbin de France (Haïm Korsia) en sort renforcé dans sa fonction, que le Consistoire tentait d’affaiblir. En revanche Joël Mergui est désavoué », a tweeté de son côté Avenir du judaïsme, souvent critique envers l’institution consistoriale.
« Le projet a été approuvé par une majorité de personnes mais n’a pas été adopté, il ne peut donc entrer en vigueur », a pris acte Joël Mergui. « La communauté juive hésite à moderniser une institution bicentenaire alors qu’elle vit un moment d’incertitude », a-t-il analysé, tout en assurant: « Il n’y a pas de crise du judaïsme français ».
Par Jérémyah Albert – JSSNews