L’accord historique signé dernièrement entre Le Caire et Riyad à la suite de la visite du roi Salman Ben Abd El-Aziz a aussi des répercussions sur Israël en ce sens que le royaume saoudien a été obligé de reconnaître un accord sécuritaire signé en 1979 entre Israël et l’Egypte.
En effet, l’accord signé il y a quelques jours prévoit deux éléments majeurs: la cession des deux îles de Tiran et Snapir, au sud de la Mer Rouge, à la souveraineté saoudienne et la construction d’un pont géant de trente kilomètres qui reliera l’Egypte et l’Arabie saoudite depuis le sud du Sinaï jusqu’à la pointe de Ras Al Sheikh Hamid, au nord ouest de l’Arabie.
Ces modifications de frontières maritimes entre les deux pays exigera l’accord du parlement égyptien ainsi que de la Knesset à cause des accords de sécurité de 1979 entre les deux pays. De ce fait, l’Arabie saoudite reconnaît de facto un accord officiel signé avec Israël.
Mais cela va encore plus loin. Comme ces modifications de frontières concernent une zone stratégique – l’entrée de la Mer Rouge – le quotidien égyptien Al-Ahram croit savoir que les Saoudiens ont secrètement contacté les autorités israéliennes pour les assurer que la situation ne changera pas sur les deux îles désormais sous souveraineté saoudienne. Selon Riyad elles resteront démilitarisées et le trafic maritime en direction des ports d’Eilat et d’Akaba restera ouvert.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Al-Joubeir a d’ailleurs précisé durant sa conférence de presse que son pays respectera les accords signés entre l’Egypte et d’autres pays, y compris Israël. Mais il a par contre nié toute volonté de son pays d’établir des liens officiels avec l’Etat juif, « tant que le problème palestinien ne sera pas résolu ».
Mais l’ancien ambassadeur d’Israël en Egypte Zvi Mazel ne voit d’un bon oeil du tout la future construction de ce pont reliant les deux grands pays. Il indique qu’avec les changements rapides que connaît le Proche-Orient, avec les alliances qui se font et se défont, l’idée d’un pont par lequel l’Egypte et l’Arabie saoudite pourraient avoir une vu sur chaque bateau israélien qui passe par ce détroit est plutôt inquiétante. De même, le fait que les deux îles de Tiran et Snapir passent sous la souverainetl d’un pays qui n’a pas de relations officielles avec Israël n’est pas une bonne chose non plus. « Malgré leur engagement verbal, rien n’empêchera un jour les Saoudiens d’introduire troupes et armement sur ces îles, ce qui modifiera profondément l’équilibre géostratégique » explique l’ancien diplomate.
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