Dans un livre à paraitre le 23 août, Jared Kushner, le gendre et proche conseiller de Donald Trump, fait des révélations sur les coulisses du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et les accords d’Avraham.
D’après Kushner, Netanyahou a fait preuve de peu d’enthousiasme lorsque Donald Trump lui a annoncé son intention de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem. »Bibi a dit qu’il soutenait la décision du Président si c’était ce que le Président voulait, mais il n’a pas eu l’air particulièrement enthousiaste », écrit Kushner dans son livre. Il raconte ensuite que Trump a pensé que Netanyahou avait mal entendu ou mal compris et lui a répété une deuxième fois son intention. Mais une fois encore, le Premier ministre israélien s’est montré peu exalté. Toujours d’après Kushner, à cet instant, le Président américain a commencé à douter de sa décision. Il aurait demandé à Netanyahou pourquoi il devrait prendre un tel risque de transférer son ambassade, s’il a l’impression que cela ne compte pas tant que ça pour le Premier ministre israélien.
Ron Dermer, alors ambassadeur d’Israël à Washington, a catégoriquement démenti le récit de Kushner. Il a raconté que Netanyahou et ses conseillers avaient avancé la demande de reconnaitre Jérusalem comme capitale et de transférer l’ambassade avant même que Trump ne prenne place dans le fauteuil de Président des Etats-Unis, et ce à plusieurs reprises. ”Lorsque le Premier ministre est à Washington en février 2017, et lorsque Trump vient à Jérusalem en mai de la même année, il entend de la bouche de Netanyahou qu’il soutient la démarche. Il entend à quel point nous voulions qu’il prenne cette décision. Netanyahou a été en faveur de cette décision du début à la fin et j’ai agi pour la promouvoir auprès de la Maison Blanche”.
Dermer fait aussi référence aux inquiétudes américaines concernant un éventuel embrasement de la région si les Etats-Unis venaient à déplacer leur ambassade à Jérusalem. Ce à quoi Netanyahou aurait répondu: ”Nos renseignements ne montrent pas un tel risque”. Mais Dermer affirme que même si cela avait été le cas, Netanyahou aurait toujours soutenu la démarche parce qu’elle comptait plus que tout pour lui.
Pour Dermer si Netanyahou a paru peu enthousiaste au téléphone lors de l’échange rapporté par Kushner, c’est parce qu’il s’agissait d’une discussion qui avait pour but de transmettre des informations brutes et c’est ce qui a pu créer la confusion.
Par ailleurs, Ron Dermer précise que contrairement à ce que laisse entendre Kushner, la proclamation de la souveraineté israélienne sur la Judée-Samarie, promise par Netanyahou au moment du deal du siècle, était bien coordonnée avec les Américains. ”Si Trump a été surpris, c’est qu’il ne savait pas le sens des papiers qu’il a lui même signés. Il faut lui demander pourquoi il a été surpris. Dans ces papiers, il est explicitement dit que les Etats-Unis soutiennent l’application de la loi israélienne sur les territoires qui devaient rester sous autorité israélienne d’après le plan Trump, ce qui représentait 30% de la Judée-Samarie”.
Dermer, considéré comme l’un des ambassadeurs les plus influents qu’ait connus Israël, mais aussi comme l’un des plus proches collaborateurs de Netanyahou, ne doute pas: ”Le Premier ministre à l’époque a pris un risque politique considérable en période électorale, lorsqu’il a accepté le plan. Je peux promettre que sans ces papiers, Netanyahou ne serait pas allé à Washington. L’administration américaine n’a pas honoré ses engagements”.
Dermer rappelle que dans son discours, le jour où le plan a été présenté, Donald Trump a lui-même indiqué que l’application de la souveraineté israélienne serait immédiate. Notons que l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman, conteste également la version relatée par Jared Kushner et assure qu’Israël et les Etats-Unis avaient convenu du processus d’application de la souveraineté israélienne sur la Judée-Samarie.