Pour le monde entier, il restera à jamais Mike Brant, ce jeune homme de 28 ans à la « voix d’or”, au visage d’ange, et qui aura vendu 33 millions de disques. Pour certains d’entre nous, cependant, ce bel Israélien sera davantage un grand frère, un héros, celui qui nous vengeait de la pimbêche qui, à la cantine nous disait de ne pas manger en Juif et qui s’en allait en fredonnant une chanson du Juif le plus glamour de l’époque !
Il sera aussi Moshé, l’enfant de la tristesse et du silence, celui qui vit le jour dans un camp d’internement à Chypre tandis que ses parents tentaient avec difficulté d’émerger des ténèbres de l’Horreur.
Il partageait en cela le destin d’un autre petit Juif, qui deviendra à Haïfa son ami : Yoni Libman bien que plus jeune, fils lui aussi de rescapés de la Shoah. Ce dernier se souvient avec émotion des leçons de guitare que lui donnait Mike. Leurs mères étaient amies, se soutenant l’une l’autre, complices dans leur silence, compagnons de souffrance, telles des balises flottant sur les vagues tumultueuses du début de notre jeune Etat.
La détresse de cette “seconde génération”, Yoni ne la comprend que trop bien. Elle n’a cessé de le hanter toute sa vie. Il se souvient avoir pris son courage à deux mains pour demander à son père la raison pour laquelle il n’avait ni frères ni sœurs. Celui-ci lui répondit : “Un seul enfant est plus facile à protéger mais si nous en avions eu plusieurs, comment être certains que nous aurions pu assurer leur sécurité ? “. Il décéda 2 jours plus tard, emportant avec lui ses souvenirs, ses secrets et toutes les réponses aux questions que n’avait jamais osé lui poser son fils.
Yoni a un autre point commun avec Mike. Il est lui aussi une célébrité. Tout jeune, il se produisit dans un programme télévisé et fut surnommé “l’Enfant Prodige” (Yeled HaPele). Nombre d’Israéliens se souviennent encore aujourd’hui de ce jeune artiste. Yoni en effet descend d’une lignée de magiciens célèbres. Son arrière-grand-père se produisait dans toute l’Europe et notamment à Vienne, devant le beau monde et au son des valses tourbillonnantes. “Notre famille accumule 350 ans de magie”, comme il aime le rappeler non sans fierté ! Il a donc hérité lui aussi du talent familial et s’y adonne avec passion.
Mais il ne pouvait se résoudre à laisser Mike tomber dans l’oubli surtout dans sa ville natale. “ Il n’y avait rien à son nom, même pas une rue,” soupire-t-il. Yoni prend alors les choses en main et décide d’organiser une visite de Haïfa “Sur les traces de Mike Brant”. Marchant dans les pas du chanteur, il nous montre les lieux marquant les différentes étapes de la vie de son ami, chansons à l’appui. La municipalité prenant conscience de la renommée internationale de Mike Brant, lui a accordé carte blanche pour ce projet.
Yoni est heureux de rendre ainsi hommage à celui dont il ne cesse de chanter les louanges : “C’était un homme bon, gentil, doux et généreux, vraiment quelqu’un de bien. Il se donnait à fond pour son pays, pour les soldats car n’ayant pu faire son service militaire à cause de problèmes à l’estomac, il n’avait de cesse de se rendre utile par tous les moyens.”
Pour participer à cette visite qui aura lieu le 11 Février 2020, contacter HaShorashim – Clément Bouhnik 050 343 6012 ou famillebouhnik@gmail.com.