Le régime des Ayatollahs est un régime obscur, totalitaire et s’est spécialisé dans la violation systématique des droits de l’homme : l’Iran est considéré comme l’un des dix pays les plus répressifs en matière de liberté de presse. La liberté de religion y est bannie, les femmes – quelle que soit leur religion – y sont contraintes de porter le voile. L’opposition politique est sévèrement réprimée, les minorités sont violemment brimées. Depuis le début de l’année 2015, environ 700 personnes ont été exécutées. La doctrine de Khomeiny, appliquée par les dirigeants iraniens, prône l’exportation de la révolution islamique par le biais de « proxys », comme le Hezbollah au Liban et les Houthis au Yémen. L’essence de la révolution consiste à accélérer la venue du Mahdi, le douzième Imam, qui imposera par la guerre l’islam chiite à toute l’humanité.
Comment l’Occident éclairé peut-il signer un accord avec un pays qui vise à s’imposer au monde entier par une violence extrême et qui viole toutes les règles de base du respect des peuples et des individus ? Les faits contredisent l’argument selon lequel le président Rohani serait un modéré. La preuve en est que tout de suite après la signature de l’accord avec les puissances occidentales, Rohani a voyagé à la ville sainte de Mashhad, où est enterré le huitième Imam. Dans sa tombe est conservé le testament de Khomeiny, qui prône la conception impérialiste du chiisme belliqueux. Une autre preuve, parmi bien d’autres, et vieille de trente ans, consiste en la justification par Rohani de l’attentat meurtrier contre les bâtiments des Marines à Beyrouth en 1983, attentat qui a coûté la vie à plusieurs centaines de soldats américains.
Nous assistons à un avilissement de l’Occident face à un régime obscur. La déchéance de l’Occident s’exprime dans la vénalité de ses présidents et de ses ministres de l’économie qui s’empressent de monter en pèlerinage à Téhéran, avides de ses marchés. À leur tête, ceux d’Allemagne et de France, peu soucieux des positions antisémites des Ayatollahs. Dans les deux semaines qui ont suivi l’accord, les pays européens ont signé des contrats pour plus de deux milliards de dollars.
De quoi nous plaignons-nous ? Nous avons-nous-mêmes signé un accord avec le Fatah, qui appelle ouvertement à effacer Israël de la carte, et qui l’efface concrètement des cartes de ses livres scolaires. La justification mensongère, dans les deux cas, consiste à donner la primauté aux calculs de Realpolitik, en dissociant la morale fondamentale de la Raison d’État. C’est, sur un pied, la doctrine de Machiavel. Mais Machiavel lui-même a mis en garde les dirigeants de ne pas laisser se développer de gangrène qu’il sera impossible de soigner si le traitement n’est pas immédiatement appliqué : « Aussi les Romains, qui savaient prévoir de loin tous les inconvénients, y remédièrent toujours à temps, et ne les laissèrent jamais suivre leur cours pour éviter une guerre : ils savaient bien qu’on ne l’évite jamais, et que, si on la diffère, c’est à l’avantage de l’ennemi
Il ne faut pas croire que l’accord nucléaire, si favorable à l’Iran, n’est que le fruit de la sagesse des marchands du bazar iranien. Elle suit les injonctions du fondateur de l’islam : selon le modèle de l’accord de Hudaybiyyah, accord d’une durée de dix ans que Mohamad a violé de manière unilatérale après deux ans, et qui lui a permis de s’emparer de la Mecque à la tête de 10 000 soldats, tout accord dans l’islam orthodoxe n’est qu’une étape que l’on a le devoir de dénoncer unilatéralement dès que l’on est prêt à une nouvelle confrontation.
Israël gagnerait à dénoncer la déchéance morale de l’Occident dans le fait même de signer un accord avec un pays totalitaire et antisémite, et le danger représenté par la visée de l’Iran de dominer le monde par la guerre et d’y imposer par la force l’islam chiite.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Le Jihad, de la théorie aux actes » aux éditions Elkana, et « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris.