« Le pacte de Vienne représente un grave danger pour la société civile iranienne, a déclaré Saba Farzan, un journaliste germano-iranien membre de la direction de l’ONG ‘Cercle de Politique étrangère’ qui sert, entre autres, d’observatoire sur le respect des droits de l’homme en Iran. Car non seulement les Iraniens ne verront pas leur situation économique s’améliorer, mais le régime sera encouragé à transgresser de plus belle les droits de la personne humaine. L’énorme quantité d’argent liquide que le pouvoir iranien va empocher lui servira à se renforcer et à aggraver la répression, les tortures et les assassinats contre tous ses opposants ! ». Et d’ajouter en faisant remarquer qu’initialement, les pourparlers des grandes puissances avec l’Iran sur le nucléaire devaient aussi aborder la question des droits de l’homme – ce qui n’a pas été fait : « Il faut maintenant s’attendre à plus de pendaisons, d’arrestations et de violences contre les membres de la société civile ».
Une analyse confirmée par nombre de spécialistes des droits de l’homme qui ont constaté que l’Iran a toujours joué un double jeu lors de ces négociations en maniant la carotte (avec les grandes puissances) et le bâton (avec ses propres citoyens), lesquels vont maintenant payer les « pots cassés » de l’accord de Vienne.
Une analyse confirmée par le Pr. David Menashri, expert de la société iranienne à l’université américaine de Princeton qui est aussi chef du Département d’Histoire moyen-orientale et africaine à l’université de Tel-Aviv : « Cet accord de Vienne a été semble-t-il perçu du côté occidental comme ne portant que sur la question nucléaire, avec l’arrière-pensée qu’il n’aborderait qu’ensuite ses demandes pour un meilleur respect des droits de l’homme par l’Iran, note-t-il. Or rien n’est moins sûr – et même si c’était le cas, la réponse iranienne est déjà connue : il s’agirait d’une ‘inacceptable intrusion’ dans ses affaires intérieures ! Si bien qu’il ne faut guère s’attendre à des changements rapides dans ce pays ».
Un pessimisme partagé par l’organisation Amnesty International qui, dans un rapport publié le 23 juillet dernier rappelle que le régime des mollahs avait exécuté 753 personnes en 2014 et prévoit que ce chiffre déjà fort élevé risquait de dépasser le millier en 2015, puisqu’on en était déjà à 694 exécutions capitales entre janvier et la mi-juillet de cette année…
« Si ce recours fréquent à la peine de mort est déjà en lui-même aberrant, a déclaré Saïd Boumedouha, le directeur-adjoint d’Amnesty International pour les missions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, il pose de surcroît des problèmes supplémentaires dans un pays comme l’Iran où les procès sont souvent faussés. (…) L’Iran est ainsi le premier pays au monde où l’on compte le plus d’exécutions capitales par nombre d’habitants ». Et de relever que même lors du dernier mois du Ramadan – une période d’ordinaire bien plus propice à la clémence de la part des tribunaux iraniens -, on avait pourtant compté pas moins de quatre exécutions.
Richard Darmon (paru dans l’Edition hebdomadaire en français de Hamodia)” .