Le Dr Ephraïm Herrera, docteur en histoire des religions, et spécialiste de la scène moyen-orientale, analyse pour LPH les récents développements d’une actualité surchargée.
Le P’tit Hebdo: Le retrait des Etats-Unis de l’accord de Vienne avec l’Iran: une victoire diplomatique israélienne ou la défense pure des intérêts américains?
Dr Ephraïm Herrera: Les deux. Le premier discours de Donald Trump sur l’Islam avait clairement annoncé la couleur: il n’a aucune confiance dans le régime des Ayatollahs et il considère cet accord comme mauvais. La grande force d’Israël a été d’amener des preuves tangibles des mensonges iraniens.
Lph: Pourtant l’AIEA, l’agence chargée de surveiller les installations nucléaires selon les termes de l’accord, a déclaré que celui-ci avait été respecté par l’Iran.
Dr E.H.: Netanyahou n’a jamais dit que l’Iran avait enfreint l’accord. Il a démontré qu’il était inefficace et que les Iraniens mentaient lorsqu’ils affirmaient qu’ils ne cherchaient pas à acquérir l’arme nucléaire.
Lph: Doit-on craindre un embrasement?
Dr E.H.: Israël a montré qu’il ne laisserait pas l’Iran s’implanter en Syrie, même avec des armes conventionnelles. Les Iraniens ont bien tenté de sauver l’honneur en envoyant quelques roquettes sur des cibles militaires du Golan, sans effet. La riposte israélienne a été radicale. L’Iran a montré sa faiblesse militaire. La Syrie est trop embourbée dans son propre conflit pour s’attaquer à Israël. Le seul danger pourrait venir du Hezbollah armé par l’Iran. Mais là aussi, cela signerait sa perte: la réaction israélienne serait sans appel.
Lph: Est-il envisageable que l’Iran revienne à la table des négociations pour l’élaboration d’un nouvel accord?
Dr E.H.: C’est peu probable. Si tel était le cas, il faudrait que l’Iran se plie aux exigences de Donald Trump, c’est-à-dire, qu’il cesse d’exporter la Révolution. Or c’est sa raison d’être. Pour l’heure, l’Iran doit réfléchir à la meilleure façon de faire le dos rond: son économie est au plus mal, sa monnaie est dévaluée et les grandes entreprises européennes commencent à se retirer de peur des sanctions américaines. En ayant des principes et en les appliquant, Donald Trump montre qu’il faut être fort avec les méchants.
Lph: Un des principes appliqués par Trump est le transfert de l’ambassade américaine. Aura-t-on un »prix à payer » pour ce geste?
Dr E.H.: Le ministre de la Défense le dit, cela doit être vrai quelque part. Mais de toute façon les Palestiniens ne sont prêts à aucun compromis. Abou Mazen ne veut pas être celui qui aura cédé. De plus, les Palestiniens n’intéressent personne dans le monde arabe. L’Arabie Saoudite et tous les pays du Golfe ont compris que leur intérêt aujourd’hui était de composer avec Israël. Et tant pis pour les Palestiniens.
Lph: Que vous inspire les événements à la frontière avec Gaza?
Dr E.H.: Cela peut être dangereux. Tout dépend de la façon dont Tsahal réagira. S’il tue la révolte dans l’œuf alors tout ira bien, sinon cela peut s’avérer risqué. Le Ramadan, mois du Djihad, n’arrangera pas la situation. Ceci étant, il faut souligner que le Hamas est en perte de vitesse. Il est coincé face à l’Egypte, coincé face à l’Autorité Palestinienne qui refuse de verser les salaires et face à Israël, son fournisseur d’énergie et d’eau, qui de plus, détruit tous ses tunnels… Face à sa détresse quotidienne, le peuple de Gaza n’est pas prêt à mourir. Tsahal doit être fort et déterminé.
Lph: Pensez-vous que la politique israélienne actuelle donne des raisons d’être optimiste?
Dr E.H.: Nous devons féliciter notre premier ministre qui a su convaincre Donald Trump qu’il pouvait, sans risque, transférer son ambassade. Il a aussi sur l’Iran eu un impact important sur la décision américaine et a su rallier les Européens et la Russie quant à la justesse des frappes israéliennes en Syrie. La période est difficile et force est de constater que la politique israélienne est performante. Nous sommes revenus à une stratégie de l’initiative, celle qui prévalait avec David Ben Gourion, celle qui nous a amenés à la victoire de 1967. Cela est, bien entendu, également lié à la présence de Trump à la Maison Blanche. Encore une performance pour Binyamin Netanyahou: avoir su contenir Barak Obama pendant huit ans. Une nouvelle ère est ouverte: finie la retenue, place à l’initiative.
Lph: La victoire d’Israël à l’Eurovision est aussi un signe des réussites israéliennes récentes. Quel impact peut avoir un tel événement culturel?
Dr E.H.: Cet événement a son importance. Il donne, tout d’abord une image positive d’Israël. De plus, ce sont près de 200 millions de shekels qui rentreront dans les caisses de l’Etat l’année prochaine, lorsque le concours se tiendra à Jérusalem. Ce n’est pas négligeable! L’Eurovision, comme le reste, est le résultat du travail de personnes qui s’investissent pour donner à Israël la place qu’il mérite dans le monde.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay