Une soucca dont le toit est haut de plus de 10 mètres (20 coudées), n’est pas cachère, enseigne la Michna. C’est donc la hauteur maximale ; la hauteur minimum, elle, est de 80 centimètres (10 palmes). Par ailleurs, la soucca doit avoir un mur sur 3 côtés et quant à son toit de feuillage, il suffit pour être cacher qu’il ne crée pas plus de surface ensoleillée que de surface ombragée ; il n’est pas nécessaire qu’il soit complètement couvert[1].
Quelle cabane bizarre que cette soucca ! Il lui suffit d’un toit de gruyère, de trois murs, et ses limites maximales et minimums sont très généreuses !
Le Talmud explique ces quatre règles et montre qu’elles recèlent un sens profond.
Les 20 coudées font référence à la hauteur du Beth Hamiqdach[2]. En effet, le sens premier de la fête de Souccot est de se souvenir du « toit » de protection qu’offrait la Présence divine dans le désert, après la sortie d’Égypte. À Souccot, nous devons reconnaître que cette Présence n’a pas disparu. C’est Elle qui nous couvre et nous protège, nous devons en prendre conscience en entrant dans la soucca. Aussi, « le toit doit-il être à une hauteur où l’homme peut encore la voir[3] » et sa hauteur est de 20 coudées pour rappeler l’entrée du Temple, le lieu de la Présence divine par excellence.
« Dieu ne descend jamais dans les dix premiers palmes de la terre[4]. » C’est pourquoi, explique le Talmud, la soucca doit dépasser 10 palmes. Le Talmud poursuit : ces dix palmes correspondent à la hauteur de l’Arche Sainte qui contenait les Tables de la loi. Elles représentent donc le domaine inaliénable de l’homme, sa responsabilité vis-à-vis de la loi : « Tout est entre les mains de Dieu, sauf la crainte de Dieu. »[5]
À Souccot, par la joie de Le servir, l’homme doit s’élever à la rencontre de Dieu. La joie permet de quitter librement son libre arbitre afin de devenir un homme pour qui l’obéissance et la soumission à Dieu fait partie intégrante de son être.
La soucca est ouverte, trois murs suffisent. Aux trois fêtes de pèlerinage, enseigne le Zohar[6], on n’accomplit le commandement de se réjouir que si l’on associe autrui à sa joie. Cela est vrai pour toutes les fêtes, mais ce l’est encore davantage pour Souccot, puisque Souccot est la fête de la joie par excellence.
Dans le Talmud[7], on apprend cette loi du fait que le mot « Souccot » est écrit parfois sans la lettre vav, c’est-à-dire au singulier. On peut donc considérer qu’il y a une mitzva à ce que tout Israël habite la même soucca. Ce n’est possible que si toutes les souccot, par leurs ouvertures sur celles de leurs prochains, peuvent être considérées comme une seule soucca.
Souccot, c’est aussi la fête des récoltes et de l’abondance. L’opulence et la richesse sont un danger. L’homme risque d’oublier qui lui a procuré tous les bienfaits dont il est comblé.
La Thora lui dit alors[8] : sors de ta maison, entre dans une cabane couverte d’un fragile branchage, « sors de ta demeure permanente pour entrer dans une demeure provisoire » et prend conscience de la précarité de ta demeure.
À Paris, Dieu nous interpelle : n’oublie pas que tu n’es pas chez toi ; que ton confort d’aujourd’hui ne voile pas tes yeux au point d’oublier que tu es en terre étrangère. Et en Israël Dieu nous interpelle : c’est de Moi que dépend ton maintien sur cette terre.
Si tu en prends conscience, entre alors dans la soucca, enveloppe-toi de la Présence divine et, avec le peuple tout entier, monte à la rencontre de Dieu et ta demeure provisoire deviendra une habitation éternelle.
Extrait de l’ouvrage du Rav Shaoul David Botschko ”A la table de Shabbat”
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[1] Michna Soucca 1, 1.
[2] Erouvin 2a.
[3] Soucca 2a.
[4] Soucca 7. (À noter qu’en ce sens, le mot « palme » est masculin.)
[5] Bérakhot 33b.
[6] Sur la paracha de Yithro 88b.
[7] Soucca 7b.
[8] Soucca 2a.