La première semaine de février 2016 restera dans les mémoires comme celle où la solution des deux États se sera avérée comme une solution peu viable. Elle a commencé avec la convention du parti travailliste au cours de laquelle le parti a officiellement approuvé une modification de la politique proposée par leur chef, le député Isaac Herzog. La proposition suggère que le programme du parti reconnaisse le fait que la solution des deux États n’est pas possible dans un avenir proche. Lorsque le principal parti de gauche de la scène politique israélienne refuse de voir la solution des deux États comme un objectif immédiat, on peut pressentir la mort de cette solution.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rappelé au dirigeant travailliste Isaac Herzog qu’il y a un an, lors des dernières élections, celui-ci l’avait critiqué pour avoir avancé que la solution à deux États n’était pas d’actualité dans les circonstances présentes. Puis, en se référant à la nouvelle impression de Herzog à l’égard de la solution proposée, le Premier ministre Netanyahu a déclaré : « Boker tov ! Je suis heureux que vous vous soyez réveillé. Bienvenue au Moyen-Orient » ! Si du côté israélien il y a un mouvement clair vers une approche prudente au conflit israélo-palestinien (qui rejette des solutions rapides, des solutions utopiques et ouvre la porte à la discussion de solutions alternatives au conflit), ceux qui se soucient d’Israël devraient chercher également à comprendre ce qui se passe du côté palestinien.
Après tout, les conflits ont deux camps opposés et les solutions unilatérales sont inévitablement vouées à l’échec. Par conséquent une meilleure compréhension des tendances de ce qui se passe du côté palestinien permettra aux Israéliens de mieux évaluer ce que leur prochaine orientation devrait être, puisqu’il existe un accord quasi unanime, au moins à court terme, qu’un État palestinien ne sera pas créé. Tout le monde sait que l’autorité de Mahmoud Abbas sur la population arabe de Judée et Samarie est singulièrement faible. Beaucoup ont affirmé que si l’armée israélienne n’était pas présente dans la région afin de protéger son règne, Abbas aurait rapidement perdu le pouvoir au profit des terroristes du Hamas ou d’une autre faction concurrente et extrémiste. Dans une telle situation délicate, et avec Abbas qui va fêter ses 81 ans le mois prochain (ce qui le mène à l’approche de la fin de sa carrière), la question la plus importante qu’il faut se poser pour comprendre les différents scénarios possibles pour l’avenir de l’Autorité palestinienne est : Que se passera-t-il une fois qu’Abbas aura perdu son pouvoir en Judée-Samarie ?
Dans une récente interview à la presse israélienne Zeev Elkin, ministre de l’Intégration et ministre des Affaires de Jérusalem, qui est également membre du cabinet de sécurité, a présenté sa vision pour quatre scénarios possibles. Soit Abbas aura un successeur du mouvement Fatah, ou bien il y aura une prise de contrôle du Hamas. Il est également possible qu’un accord sera conclu entre le Hamas et le Fatah pour un pouvoir combiné. Enfin, dans le scénario le plus effrayant, mais le plus probable, il n’y aura pas de succession claire, et la confusion risquera de conduire à l’anarchie. Ajoutez à cette équation l’instabilité actuelle du Moyen-Orient dans son ensemble, et la montée de Daech, qui est une source d’inspiration aux attaques terroristes et vous avez la recette pour une véritable catastrophe.
La question est de savoir comment Israël sera en mesure de contrôler la circulation des armes en Judée-Samarie, des forces de sécurité palestiniennes et des groupes terroristes. Comment Israël sera en mesure de défendre convenablement les communautés juives à l’intérieur de la Judée-Samarie ou même à l’extérieur ? La nouvelle situation dans laquelle Israël comprend presqu’unanimement que la solution des deux États n’est pas viable pour le moment et qu’en plus une instabilité de l’Autorité palestinienne est prévisible nous amène à nous poser des questions politiques sérieuses qui devraient être examinées attentivement par les responsables politiques israéliens.