Bien qu’installé aux Etats-Unis depuis plusieurs années, Guy Millière continue à observer et à analyser finement les événements que ce soit en Europe ou en Israël. Son point de vue depuis le pays de Trump lui donne l’occasion de comparer des politiques, des approches et des visions du monde qui s’éloignent de plus en plus entre les deux côtés de l’Atlantique. Il nous livre son analyse de la façon dont la France en particulier et plus globalement l’Europe, affronte la menace islamique grandissante.
Le P’tit Hebdo: Vous dénoncez depuis longtemps un aveuglement des autorités françaises sur la radicalisation islamique. Pourquoi, d’après vous, alors que de plus en plus de voix vous rejoignent dans ce sens, rien ne se passe?
Guy Millière: Il ne se passe rien parce que désormais la communauté musulmane française dispose d’un poids électoral certain et peut dès lors jouer un rôle dans la victoire ou la défaite d’un candidat. Dans un nombre croissant de villes, disposer de l’électorat musulman permet d’être élu. Il en va de même dans un nombre croissant de circonscriptions, et lors d’une élection présidentielle, disposer de l’électorat musulman peut apporter les quelques points qui assurent la victoire. Il faut ajouter la peur qu’ont les autorités de voir éclater des émeutes depuis les zones de non droit, la crainte d’attentats, et sans doute des intérêts financiers: des pays comme le Qatar ont fait des investissements importants en France.
Lph: Que vous inspire le dernier remaniement en France, avec la nomination de Christophe Castaner, au regard justement du traitement de ce problème?
G.M.: Castaner est un proche de Macron. Il a été nommé non pas pour s’occuper de la sécurité ou des problèmes de montée de l’islamisme (il tient d’ailleurs régulièrement des discours très islamophiles), mais pour s’occuper des élections à venir. On lui a adjoint un Secrétaire d’Etat, Laurent Nunez, ancien directeur général de la Sécurité intérieure, qui n’a jusqu’à présent pas brillé par ses résultats. Il n’y a, à mes yeux, rien à attendre de ces nominations.
Lph: Vous vivez aux Etats-Unis, comment la presse mais aussi la société civile observent-elles l’évolution de la France et de l’Europe ces dernières années?
G.M.: Aux Etats-Unis, on parle assez peu de la France. Il en a été question lorsqu’Emmanuel Macron s’est rendu en visite officielle à Washington, mais assez peu depuis. Pour ce qui concerne l’Europe en général, les Démocrates et la gauche y voient un modèle à imiter, les Républicains et la droite considèrent que c’est un continent qui glisse vers une mort lente par les effets conjugués de l’islamisation, du politiquement correct, du socialisme et du vieillissement des populations, qui n’épargne que les pays à forte minorité musulmane.
Lph: Les Européens pourraient-ils s’inspirer d’un modèle américain sur ce plan?
G.M.: Ce que j’appelle la révolution Trump joue un rôle de catalyseur dans la montée en puissance de ce qu’on appelle en Europe le “populisme”. Des dirigeants comme Viktor Orban, Matteo Salvini et Sebastian Kurz en Autriche s’inspirent de Donald Trump, et ont son soutien. Ils incarnent une volonté des peuples européens de ne pas mourir et de ne pas quitter la civilisation occidentale, une volonté aussi de ne pas voir la démocratie confisquée par les instances technocratiques de l’Union Européenne et de ne pas être submergés par l’islamisation du continent. Ces dirigeants, comme Donald Trump, sont méprisés et détestés par les élites européennes qui les diffament et les caricaturent. Ce qui doit être noté est que tout comme Donald Trump est le Président le plus favorable à Israël qui n’ait jamais occupé la Maison Blanche, ces dirigeants sont eux-mêmes très favorables à Israël, à la différence des dirigeants de l’Union Européenne. Ils voient, comme Donald Trump, Israël comme un pays attaché à son identité culturelle, comme un pays attaché aux valeurs de la civilisation occidentale, comme un pays à la démocratie exemplaire, et comme un pays menacé par l’islamisation, et qui résiste. Le courant appelé “populiste” en Europe s’inspire donc d’un modèle américain, le modèle Trump. L’Europe ayant le passé qu’on connait, il importe d’être vigilant face à tout risque de dérive antisémite, mais la quasi-totalité des dirigeants “populistes” européens ne sont pas du tout antisémites et luttent au contraire contre l’antisémitisme qui agresse et tue des Juifs aujourd’hui en Europe: l’antisémitisme islamique. Viktor Orban a été accusé d’antisémitisme parce qu’il s’en est pris à George Soros: la principale caractéristique de George Soros n’est pas d’être juif, mais de mettre sa fortune au service de multiples mouvements cherchant à détruire la civilisation occidentale, y compris des mouvements islamo-gauchistes et “pro-palestiniens”. George Soros est juif, mais se comporte souvent comme un antisémite et comme un ennemi d’Israël.
Lph: A part l’Espagne et la France, les autres pays européens accordent leurs suffrages à des partis qui portent l’identité nationale comme valeur suprême, qu’est-ce que cela signifie pour l’Europe et pour la France?
G.M.: Ces partis, comme je viens de le dire, ne se contentent pas de mettre en avant l’identité nationale. Ils défendent l’appartenance à la civilisation occidentale et les valeurs judéo-chrétiennes. Ils défendent la démocratie en défendant la souveraineté de chaque peuple européen sur son propre pays. Ils refusent la dissolution de leur propre culture dans le multiculturalisme. Ils sont hostiles à l’islamisation de l’Europe et voient dans l’Islam un danger majeur. Ils incarnent une résistance. Selon que cette résistance parviendra ou non à l’emporter, l’Europe survivra ou non. Si l’Europe continue sur la trajectoire que lui dessine l’Union Européenne, son avenir s’annonce très sombre. Elle deviendra un continent appauvri, islamisé, où la vie sera insupportable pour les Chrétiens et les Juifs qui n’accepteront pas d’être dhimmi, citoyens de seconde zone soumis à l’Islam. Pour l’heure, la France n’a pas vraiment de parti politique incarnant la résistance, et elle est un pays à la dérive. Macron incarne la trajectoire dessinée par l’Union Européenne, il sombre dans les sondages, car la population refuse cette trajectoire, mais qui pourrait incarner une alternative? Marine Le Pen? Non. Laurent Wauquiez? Il ne semble pas parvenir à dessiner une ligne politique claire.
Lph: Partagez-vous le pessimisme d’intellectuels comme Eric Zemmour, Alain Finkielkraut ou Georges Bensoussan -(tous ces défenseurs de la nation française étant juifs au demeurant…)?
G.M.: Globalement, oui, même si j’ai par ailleurs des divergences avec eux. Eric Zemmour est très lucide sur le péril islamique, mais je ne partage pas son admiration pour Charles de Gaulle à qui je ne pardonne pas un anti-américanisme très net, un anti-israélisme tout aussi net, et des propos antisémites. Alain Finkielkraut a la nostalgie d’une France gardant son identité, et je le comprends. George Bensoussan a dirigé des livres montrant la dégradation profonde de la France sous l’effet de l’islamisation. Je pense, pour ce qui me concerne, que la civilisation occidentale ne survivra que si elle défend ses propres valeurs à une échelle plus vaste. La synergie entre la révolution Trump et le mouvement “populiste” en Europe me semble féconde, tout comme la compréhension par Donald Trump et par divers dirigeants “populistes “ européens de l’importance d’Israël, composant infiniment précieux et crucial de la civilisation occidentale. Je publie cet automne quatre livres complémentaires qui exposent les différentes facettes de ce que je viens de dire. « Ce que veut Trump » fournit un antidote aux propos grotesques et calomnieux sur Donald Trump, et explique la vision du monde de celui-ci, et ce qu’il est en train d’accomplir. « L’ombre du djihad » mêle une explication de ce qu’est vraiment l’Islam à une analyse des conséquences culturelles et géopolitiques de l’offensive islamique en cours. « Comment meurt une civilisation » met au jour les engrenages qui ont conduit l’Europe vers la situation crépusculaire qui est la sienne aujourd’hui. « Le pays presque élu » offre une histoire du judaïsme et des Juifs aux Etats-Unis et explicite la communauté de destin qui lie Israël et les Etats-Unis.
Guy Millière sera en Israël pour une série de conférences organisées par Israel is Forever
Le 11 nov à Netanya, le 12 nov à Ashdod et le 13 nov à Tel Aviv
Détails à venir
Et que pense GUY MILLIERE des juifs démocrates qui s’éloignent de plus en plus d’ ISRAEL ??
Que pense GUY MILLIERE des juifs démocrates qui s’éloignent d’ISRAEL ?
Où passe le commentaire ??
Je demandais ce que pense GUY MILLIERE des juifs américains démocrates qui s’éloignent de plus en plus d’ISRAEL
Le 14 Novembre à Nice dans le cadre de l’émission » Israël dHier et d’Aujourd’hui » sur RCN Radio Chalom Nitsan, Emission en public….
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» Israël dHier et d’Aujourd’hui »
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