Il s’agit d’une des questions les plus brûlantes du moment lorsque l’on parle d’alya et d’intégration : la reconnaissance des diplômes acquis en France. De nombreux professionnels, notamment dans le domaine médical et paramédical, ne peuvent pas exercer leur métier après leur alya sans avoir à passer des examens d’équivalence, souvent difficiles à obtenir d’ailleurs. Frein à l’alya et à l’intégration, la question suscite beaucoup de débats et on commence à sentir les prémices d’une action dans le sens de la reconnaissance. Un point sur la situation à travers quelques exemples.
Opticiens, dentistes, kinésithérapeutes, orthophonistes : positif !
Ilana Koskas est la fondatrice et directrice du projet OptiSion. Ce programme lancé en janvier 2015 fait suite à la reconnaissance par la Knesset en septembre 2014 du BTS Opticien français. « Au terme d’un travail de longue haleine avec les ministères concernés, nous avons obtenu la reconnaissance. Un opticien diplômé en France peut désormais obtenir un certificat de travail après son alya et exercer son métier », résume Ilana. OptiSion accompagne les olim opticiens dans leur intégration professionnelle. « Nous leur proposons un programme de 6 mois reconnu par MASSA. Le matin ils vont à l’oulpan et l’après-midi ils effectuent un stage professionnel au sein de la Fondation Optical Center. À la sortie, ils maîtrisent la langue et le monde de l’optique en Israël », explique Ilana.
« Mais un opticien doit obligatoirement, en Israël, s’adjoindre les services d’un optométriste pour avoir son commerce comme en France », poursuit-elle. OptiSion a alors entamé des démarches auprès des universités afin que le BTS français soit aussi reconnu académiquement. « Il était important de valider cette étape aussi pour que les opticiens français puissent bénéficier d’une passerelle académique et effectuer des études pour être optométriste ». La Mihlelet Hadassa de Jérusalem les a suivis. Aujourd’hui, les opticiens olim peuvent profiter avec OptiSion et cet établissement d’un programme universitaire de deux ans et six mois au terme duquel ils seront aussi optométristes.
OptiSion est un projet qui s’inscrit dans ceux de l’association Nitzots Yonathan. D’autres idées sont en cours de réalisation comme celle de passerelles pour les audiologues français. À noter aussi que des subventions et des bourses par MASSA et le ministère de l’Alya et de l’Intégration facilitent aussi l’accès à cette avancée dans l’équivalence des diplômes d’opticien. Pour conclure cet aperçu des progrès, citons également l’adoption récente par la Knesset d’une loi exemptant d’examens d’équivalence tout dentiste ayant exercé au moins cinq ans en France. Parallèlement, dans cette même dynamique, un vote le 2 février dernier a reconnu l’équivalence aux diplômés dans d’autres domaines paramédicaux comme la kinésithérapie ou l’orthophonie.
Psychologues, podologues, infirmières : peut mieux faire !
Nicole Taieb, Docteur en psychologie clinique, victimologue, criminologue, psychiatre légale et psychomotricienne. Tous ces diplômes et 30 ans d’expérience en France ne suffisent pas à lui permettre d’exercer pleinement son métier en Israël. Nicole connaît une carrière couronnée de succès en France. Elle est arrivée en Israël il y a un peu plus de trois ans maintenant. « J’ai immédiatement donné tous mes diplômes à traduire, ce qui m’a coûté une somme d’argent importante. Puis j’ai fait une demande de validation auprès du ministère de l’Éducation ». Et là, problème : « Ils m’ont donné la psychologie mais pas en tant que clinicienne, discipline que je pratique depuis des années ! On m’a demandé de passer une équivalence. Je me suis battue. La personne qui s’occupait de mon dossier a consenti à me dispenser du stage pour obtenir l’équivalence. Mais je devais toujours passer un examen avec des études de cas issus de ma pratique en France ».
Nicole est censée passer son examen. On finit par lui fixer une date pour en fait lui annoncer, par SMS, la veille du jour J, que ce sera annulé ! Au terme de plusieurs semaines de nouvelles négociations, Nicole se retrouve contrainte de trouver un stage pour obtenir son équivalence, ce qui s’avère très difficile. Et pourtant… Nicole travaille, mais en privé. « Comme mon diplôme de psychologue a été reconnu, je peux recevoir des patients en privé. Mais tant que l’aspect clinique ne sera pas reconnu, je ne peux travailler avec aucune koupat holim. Les soins sont chers pour des patients qui me sollicitent mais qui n’ont pas les moyens de payer ». « Ce que je demande, c’est que l’aspect clinique de mon travail soit reconnu pour que je puisse exercer mon métier normalement, dans une koupat holim, au sein des hôpitaux » !