Deux sujets ressortent des premiers jours de cette nouvelle campagne électorale. Le premier est connu, usé, mais toujours présent: pour Bibi ou contre Bibi. Le chef du Likoud joue le rôle de repoussoir pour plusieurs hommes politiques, qui déclarent haut et fort que jamais ils ne siègeront avec le Likoud sous sa direction. C’est le cas notamment de Guidon Saar ou d’Avigdor Liberman, qui ont immédiatement posé leur objectif pour ces nouvelles élections: tout faire pour que Netanyahou ne revienne pas au pouvoir.
La deuxième question qui sous-tend cette campagne est celle de la constitution d’un gouvernement d’union nationale au lendemain des élections. 58% des Israéliens sont convaincus que le 1er novembre au soir, Israël sera toujours dans une situation d’ex aequo politique, ne permettant pas de dégager une majorité claire à droite ou à gauche. Dans ce contexte, il leur est difficile d’imaginer comment un autre gouvernement qu’un gouvernement d’union nationale pourrait émerger.
Un sondage réalisé par l’Institut Kantar pour la chaine Kan révèle que 49% des électeurs du Likoud sont en faveur d’un tel gouvernement contre 45% pour un gouvernement exclusivement de droite. Au sein des électeurs de Yesh Atid la préférence est encore plus nette puisqu’ils sont 63% à souhaiter un gouvernement d’union nationale contre 35% en faveur d’un gouvernement de centre-gauche.
Il convient de noter que chacun des camps ne veut d’un gouvernement d’union nationale qu’à la condition qu’il soit dirigé par le chef de leur parti politique.
Hier soir, Ayelet Shaked a évoqué pour la première fois depuis qu’elle a pris la tête de Yamina, la situation politique à venir. Elle a clairement fait savoir qu’elle plaidait pour un gouvernement d’union le plus large possible.
La donnée dont on ne dispose pas – et qui n’est pas sans importance – est celle de la composition d’un tel gouvernement d’union. Le gouvernement sortant se définissait aussi comme tel, or on peut légitimement se demander si cette appellation était exacte, puisqu’il laissait de côté toute la population religieuse et les électeurs du plus grand parti de la Knesset.
Pour l’heure, fait remarquable: Binyamin Netanyahou a ciblé Lapid comme son adversaire principal, mais il réserve ses coups contre Benny Gantz. Il n’a pas encore déclaré qu’il voulait à tout prix constituer un gouvernement exclusivement de droite et se garde l’option de rallier un parti comme Kahol Lavan, en le ménageant. C’est, du moins, ce qui ressort de ces premiers jours de campagne.
De l’autre côté, impossible de ne pas voir les appels du pied des partis de gauche aux orthodoxes de Yahadout Hatorah. L’apparition de Merav Mihaeli au mariage de la petite-fille de Moshé Gafni a fait beaucoup parler et les marques de sympathie de la part de Yaïr Lapid ne manquent pas.
Plus on va à gauche de l’échiquier politique et plus le soutien à un gouvernement d’union nationale est important. En revanche, le parti Shass et de la Tsionout Hadatit y sont farouchement opposés.
Voilà une ligne sur laquelle nos politiques en campagne vont devoir s’exprimer clairement dans les prochaines semaines. Le précédent de Yamina qui avait exclu plusieurs partis pendant sa campagne pour finalement s’assoir avec eux après les élections, va certainement inciter les responsables politiques à bien réfléchir avant de parler.