Il y a deux semaines, un terroriste abattait une jeune soldate – pas encore 19 ans – à un point de contrôle à l’entrée de Jérusalem. Un autre soldat, grièvement blessé, est toujours hospitalisé. Immédiatement encensé par les médias palestiniens et félicité par le Hamas, le terroriste a réussi à s’enfuir et à échapper à la capture avec l’aide de complices.
Encouragé, il a tenté de rééditer son « exploit » au poste de contrôle de Maale Adoumin. Cette fois, il a été abattu après un échange de coups de feu qui n’a pas fait de victime du côté israélien. D’où explosion de déclarations et de messages appelant à venger le « martyr ».
A peine 48 heures plus tard, lors d’une opération de grande envergure, les forces israéliennes éliminent les membres d’une cellule terroriste ayant déjà perpétré des attaques contre des civils israéliens et détruit leur arsenal. Les militants restants, vous l’avez deviné, jurent vengeance. Ce qui veut dire nouvelles attaques contre des civils au cours desquelles les terroristes seront sans doute éliminés – d’où nouveaux appels à la vengeance.
C’est un des aspects spécifiques du conflit. Face à un revers, la réaction des militants n’est pas de déclarer qu’ils continueront le combat jusqu’à la victoire mais de jurer vengeance. Il y a deux raisons à cela. La première, c’est que le concept de vengeance fait partie de la culture traditionnelle arabe et qu’il est encore très présent aujourd’hui en Israël. Une offense doit être lavée dans le sang, ce qui entraine la réplique de l’offensé ou de sa famille et ainsi s’ouvre un enchainement sans fin qui perdure parfois de génération en génération alors même qu’on a oublié comment et pourquoi il a commencé. La seconde qui est l’essentielle, c’est la haine viscérale qu’ils ont pour ce qu’ils appellent « les Juifs » « l’ennemi sioniste » « l’occupation » ou « les colons » – jamais les Israéliens. Ils ne se battent pas pour la création d’un Etat palestinien à côté d’Israël mais pour la création d’un Etat palestinien à la place d’Israël. Inutile de leur parler négociations ou de compromis : cela ne les intéresse pas. Que ce soit le Hamas de Gaza ou les factions des territoires sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, il y a l’unanimité sur ce point. D’autant que les ONG propalestiniennes et leurs partisans de part et d’autre de l’Atlantique ressassent sans relâche que « La Palestine sera libre de la rivière à la mer », soit du Jourdain à la Méditerranée. Ainsi Le Monde, qui consacre un article aux derniers affrontements, laisse passer sans état d’âme ce commentaire on ne peut plus clair d’un certain « Wotan » : « Ces combattants courageux n’aspirent qu’à une chose : libérer la Palestine dans son intégralité de ses occupants et des colons. Ces résistants iront jusqu’au bout et méritent le plus large soutien. »
Dans ces conditions, difficile de comprendre les appels à la retenue « des deux côtés » des chancelleries occidentales à chaque regain de tension.
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en Sciences Politiques. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède.
Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.