Cela commence avec les mots employés par les journalistes : « territoires occupés », « frontières de 1967 », « Cisjordanie », « Palestiniens », « peuple palestinien », « Esplanade des mosquées », « activistes », « colons ».
Inutile de répliquer en démontrant que les « territoires » en question ne sont pas « occupés », qu’il n’y a jamais eu de « frontières de 1967 », que la Judée-Samarie n’a été appelée « Cisjordanie » que pendant dix-huit années, au temps où la Jordanie occupait des terres qu’elle avait prises par la guerre, que les notions de « Palestiniens » et de « peuple palestinien » ont été forgées au milieu des années 1960 par les bons soins du KGB, que l’ « esplanade des mosquées » a été, dix-sept siècles avant que l’islam ait déferlé sur la Terre et conquis Jérusalem par la force, le Mont du Temple [ou Mont Moriah], et qu’il l’est toujours pour tous les Juifs du monde.
Le mot « activiste » est une façon de voiler la réalité sordide du terrorisme ; les Juifs vivant en Judée-Samarie ne sont pas des « colons », mais des Juifs vivant en Judée-Samarie, territoire qu’aucun disciple d’Adolf Hitler n’a encore renduJudenrein : mais si vous tentez de rectifier les termes frelatés, par simple souci du respect des faits, cela fait déjà de vous un suspect de sionisme.
Cela se continue avec les articles et les reportages. Je pense n’avoir jamais vu, en France, et n’avoir vu que rarement aux Etats Unis un reportage montrant les accomplissements technologiques réalisés en Israël, la tolérance et l’ouverture de la société israélienne.
J’ai vu, en revanche, énormément de reportage sur les brutalités supposées de l’Armée israélienne, sur la souffrance imposée par Israël aux « pauvres Palestiniens », victimes de « racisme », de « violence », et de multiples autres sévices. Au point que si je ne connaissais pas Israël, j’aurais peur d’y mettre les pieds, en imaginant que c’est un pays fasciste.
Cela se prolonge dans les discours politiques. Selon un Stephen Harper, au Canada, un Ted Cruz ou un Ben Carson dans la campagne Républicaine pour la présidence, des dizaines de politiciens tiennent des propos qui, au mieux, sont hypocrites et parlent de l’urgence d’accélérer un « processus de paix » qui n’a jamais existé, au pire, sont emplis du fiel et du venin qui caractérisent en général la gauche extrême, mais se retrouvent à foison chez les dignitaires de l’Union Européenne ; il y a, dans le monde occidental, des électeurs musulmans, qu’il faut savoir caresser dans le sens du poil si l’on entend obtenir leurs voix.
Cela se retrouve dans les conversations, dans des projets de lois, dans des motions votées dans le club de dictateurs qu’est devenue l’Organisation des Nations Unies, dans des livres censés être sérieux, des romans, parfois même dans des bandes dessinées ou dans des dessins supposés être humoristiques et que l’on croirait tirés de la propagande du Troisième Reich.
Ces manipulations sont désormais omniprésentes. Et cela explique pourquoi les discours les plus remarquables de Binyamin Netanyahou sont inaudibles dans le monde occidental ; ils n’y parviennent que filtrés par les préjugés hostiles installés et par les multiples rouages de la machine à désinformer. C’est aussi la raison pour laquelle Mahmoud Abbas peut encore passer pour un homme fréquentable et non pour ce qu’il est : une crapule sanguinaire, antisémite et corrompue.
C’est une accoutumance qui poursuit un but : susciter la haine d’Israël de façon à justifier sa disparition, que tous ceux qui créent l’accoutumance souhaitent, consciemment ou inconsciemment, et la détestation du peuple israélien, que les mêmes souhaitent également, consciemment ou inconsciemment.
Cette accoutumance, qui est partout autour de nous, fait des morts juifs, tués parce que Juifs, comme on l’a encore effroyablement observé ces derniers jours à Itamar, à Jérusalem, et ailleurs.
Elle est l’objet d’un livre remarquable, écrit par un homme lui-même remarquable. Le livre1 n’est disponible qu’en anglais, comme c’est souvent le cas des livres remarquables de nos jours. Il s’appelle The War of a Million Cuts [la mort par un million d’entailles, titre qui fait référence à la mort par mille entailles, le nom d’une ancienne torture chinoise conduisant à la mort de la victime dans d’atroces souffrances, et, dans le langage courant du monde qui parle anglais, c’est l’expression décrivant une catastrophe qui se trouve engendrée par une série cumulative d’événements négatifs. NDA].
L’auteur du livre est le Dr. Manfred Gerstenfeld, ancien président du Bureau du Jerusalem Center for Public Affairs(Centre de Jérusalem pour les affaires publiques), auteur, déjà de Demonizing Israel and the Jews (démoniser Israël et les Juifs), et de nombreux autres ouvrages.
Manfred Gerstenfeld poursuit depuis des années, avec opiniâtreté et courage, un travail important. Il fait partie de ceux qui affirment que le gouvernement d’Israël devrait faire bien davantage pour contrer les torrents de boue déversés chaque heure de chaque jour contre l’Etat hébreu.
Je pense qu’il a raison, et qu’il faudrait que le gouvernement israélien fasse davantage. Je crains pour autant que, même si c’était le cas, cela ne changerait pas grand-chose.
Comme Manfred Gerstenfeld le démontre remarquablement dans son livre, la haine d’Israël n’est que le prolongement direct de la haine antijuive qui imprègne la culture occidentale depuis deux mille ans et n’a jamais cessé d’exister.
Note :
1Manfred Gerstenfeld, The War of a Million Cuts: The Struggle against the Deligitimization of Israel and the Jews, and the Growth of New Anti-Semitism, (la lutte contre la délégitimation d’Israël et des Juifs, et l’expansion du nouvel antisémitisme), Jerusalem Center of Public Affairs, 2015, 151p., 29.95 $