La librairie Vice Versa est une institution de la francophonie à Jérusalem. Ses légendaires propriétaires ayant pris leur retraite, c’est Nathalie Hirschsprung qui a repris la tête, il y a un an et demi, de ce lieu de littérature et de culture au sens large du terme pour la population francophone. Avec à ses côtés Julien Pellet et Catherine Brade, elle a des projets plein la tête pour sublimer encore cet endroit devenu incontournable.
Le P’tit Hebdo : Que représente pour vous le fait de diriger une librairie française à Jérusalem ?
Nathalie Hirschsprung : C’est en quelque sorte un aboutissement. En France, je travaillais comme fonctionnaire dans le domaine de la diffusion de la langue et de la culture françaises. Il y a 16 ans, j’ai dirigé l’Institut français Romain Gary et c’est à cette époque que j’ai connu la libraire Vice Versa et ses anciennes propriétaires dont je suis devenue proche. Lorsqu’elles m’ont appris qu’elles prenaient leur retraite et qu’elles cherchaient un repreneur, j’ai saisi l’occasion.
Une librairie, et surtout cette librairie à Jérusalem, permet de rassembler les cultures. En effet, Vice Versa c’est en particulier un rayon de littérature israélienne traduite en français et un rayon de littérature française traduite en hébreu. C’est aussi un lieu de rencontres avec des auteurs lors d’animations. Nous essayons d’aider les francophones à mieux comprendre leur nouvelle société à travers la littérature israélienne mais aussi de leur permettre de rester en lien avec la culture de leur pays d’origine.
Lph : Comment se porte le livre à l’heure du tout-digital ?
N.H. Il est vrai que nous vivons dans une société hyperconnectée. Mais, sur le terrain nous constatons que le livre est immortel. En effet, rien ne peut remplacer le lien au livre. Beaucoup de personnes qui ont essayé l’e-book en ont été déçus. Le livre reste un objet chéri à tous les âges. Beaucoup de parents et de grands-parents viennent acheter des histoires à lire à leurs petits. Les fans de bande-dessinée aussi ne feront ʺpas l’impasse sur la version papier, authentique. Et puis, une soirée-rencontre et une dédicace ne peuvent survenir qu’autour de l’objet livre. La société est toujours en demande, j’en veux pour preuve aussi les nombreuses commandes que nous recevons de bibliothèques de tout le pays pour étoffer leur rayon ʺlittérature françaiseʺ.
Lph : Que trouve-t-on chez Vice Versa ?
N.H. : Nos rayons sont riches et variés : des nouveautés que nous traquons jusqu’aux livres de kodech, en passant par le monde juif présent, passé, futur mais aussi les livres de poche, les polars, les livres de cuisine et de tourisme, les revues et magazines ou encore la papeterie française. La librairie met aussi l’accent sur la richesse que constituent les langues avec un rayon qui est consacré à cet enseignement et en particulier à l’apprentissage de l’hébreu. Nous essayons au maximum, malgré les contraintes fiscales importantes, de rendre les livres accessibles pour tous les budgets. Nous servons nos clients dans tout le pays, que ce soit des particuliers, des bibliothèques ou des établissements scolaires qui nous passent commande.
Lph : Et vous, quels sont vos livres ou vos auteurs favoris ?
N.H. : Je suis à l’affût de toutes les nouveautés, je suis de très près les auteurs francophones. La littérature française contemporaine me passionne. J’avoue aussi avoir un faible pour la littérature israélienne traduite en français, elle est très dynamique.
Lph : Quels sont vos projets pour Vice Versa ?
N.H. : J’en ai beaucoup ! Je ne pourrai pas tous les dévoiler maintenant… Disons que, dans l’immédiat, je souhaiterais pouvoir développer l’enseignement du français et notamment du français écrit en Israël. Nous travaillons aussi à la mise au point d’une formation pour devenir lecteur public.
Librairie Vice Versa, Rehov Shimon Ben Shata’h 1, Jérusalem
Tél : 02-624-4412
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay