Le fonds cinématographique de Samarie a été créé, il y a trois ans, alors que Miri Regev occupait le poste de ministre de la Culture. Depuis, il a déjà soutenu plus de 70 courts et longs métrages. Il avait été mis en place pour encourager la création dans les régions de la Judée, de la Samarie et de la Vallée du Jourdain. Un travail en commun s’est depuis mis en place avec d’autres institutions cinématographiques locales ou plus importantes et des acteurs réputés de l’industrie du cinéma en Israël.
Le mois dernier, s’était tenu à Ariel, pour la première fois, un festival du cinéma.
Ce festival a été considéré comme le coup d’envoi d’un développement important du cinéma dans la région et comme un encouragement pour les habitants à laisser leur créativité se révéler. Pendant le festival, un »Oscar de Samarie » a été décerné dans le cadre de la compétition pour le meilleur long-métrage ainsi que d’autres prix que l’on retrouve traditionnellement dans les cérémonies de récompenses cinématographiques.
Le ministre de la Culture, Hili Troper était présent ainsi que sa prédécesseur, Miri Regev et des responsables de l’industrie israélienne du cinéma, de la société publique des médias et des critiques du grand écran.
Le Président du Conseil régional de Samarie a déclaré: »C’est un jour historique. Nous ouvrons les portes de la créativité dans toutes ses nuances et ses opinions. Ceux qui veulent créer sont les bienvenus en Samarie, vous trouverez chez nous l’inspiration. Nous construisons Eretz Israël, le sionisme c’est construire des maisons et des routes mais la culture, le sport et le cinéma sont aussi le sionisme ».
Cet événement envoyait un message clair: la Samarie, comme toute autre partie de l’Etat d’Israël possède ses créateurs, ses artistes et elle doit être considérée au même titre que les autres régions au regard de son industrie cinématographique et artistique.
Cela n’a pas été du goût de tous dans le monde artistique. La semaine dernière plus de 140 artistes ont signé une pétition appelant à ne pas coopérer avec le fonds cinématographique de Samarie. ”Ce fonds a été défini lors de sa création comme un moyen de présenter la diversité israélienne et de donner la place aux voix marginalisées. Il s’agit d’un but louable, mais cela n’a aucun sens de parler de diversité lorsque dans les faits on couvre une violence systématique et de graves atteintes aux droits de l’homme. Le fonds de Samarie n’est pas pluraliste, il est partie intégrante du mécanisme d’apartheid. Nous appelons l’académie israélienne du cinéma et de la télévision, ses membres et ses dirigeants, à ne pas transformer le cinéma israélien en un instrument supplémentaire d’oppression du peuple palestinien”.
Cet appel n’a pas reçu qu’un écho favorable chez les artistes israéliens. Un certain nombre d’entre eux ont publié aujourd’hui une lettre de soutien au fonds cinématographique de Samarie. ”Nous, comédien(ne)s, créateurs et créatrices dans le domaine du cinéma et de la télévision, voyons dans le fonds cinématographique de Samarie, un nouveau foyer pour la créativité et nous nous réjouissons de son existence. Nous croyons qu’il va permettre de faire émerger des voix importantes dans le cinéma israélien, qui ne s’expriment pas suffisamment aujourd’hui. Nous encourageons la liberté d’expression et la créativité de chaque citoyen israélien, sans distinction de religion, de race, de sexe, d’appartenance politique ou de lieu de résidence. L’Etat d’Israël est une mosaïque complexe, cela demande un dialogue entre les différentes composantes et non des boycotts – le cinéma doit et peut être un élément important de ce dialogue”.