L’Admour Hazaken a eu le mérite de naître le même jour que le Baal Shem Tov, celui que l’on considère comme le père de la hassidout. Ainsi, leur date de naissance, Hai (18) Elloul, est-elle aussi une date importante chez les Habad du monde entier. L’histoire que nous allons vous raconter a été portée à notre connaissance, en Ukraine, près de la tombe du Baal Shem Tov, le 18 Elloul, par son principal protagoniste.
Sharon Yankovitz vit en Israël, il a une famille, un métier, il est une personne ordinaire, somme toute. Comme beaucoup de Juifs issus de l’Europe de l’Est, sa famille possède une histoire particulière qui mêle persécutions antisémites, foi en D’ et lignée de Rabbins. Ainsi, le grand-père de Sharon était-il Moshe Haïm Cotter, un Rav reconnu en Roumanie. Assassiné pendant la Shoah, nul n’a jamais su où se trouvait sa tombe.
Sharon, à qui cette histoire a été narrée depuis son enfance, s’est mis en tête de retrouver la tombe de son illustre grand-père. « J’ai cherché pendant longtemps dans toutes les directions possibles. J’ai contacté, entre autres, l’association des survivants des pogroms en Roumanie, j’ai utilisé toutes les technologies à notre disposition aujourd’hui pour retrouver sa sépulture, sans succès ». Sharon est proche du monde hassidique. C’est une rencontre « imprévue » avec le Baal Shem Tov qui va donner une tournure différente à ses recherches. « Quelques semaines avant le Hai Elloul, je sortais de mon cours de Daf Yomi et je vois une boite par terre qui contenait des livres. J’en saisis un : « Commentaires sur la Torah par le Baal Shem Tov ». Je n’avais pas songé à me rendre sur sa tombe pour son jahrzeit, mais cette trouvaille m’a décidé à le faire ».
Sharon prévoit de se rendre, en chemin, en Roumanie, pour poursuivre ses recherches. « J’ai pris contact avec le Chalia’h Habad sur place et j’ai établi une liste de tous les cimetières du pays grâce à Internet ». C’est le 18 Elloul que Sharon fait, « par hasard », la connaissance d’un policier non-juif qui vient précisément du village où vivait son grand-père. « Ma mère a parlé avec lui de sa famille, les Cotter. Et il nous a affirmé qu’il avait vu une pierre tombale portant ce nom ». Sharon, malgré les craintes de sa mère qu’il ne tombe dans un piège, suit ce policier. « J’arrive en Roumanie. Le policier m’avait donné rendez-vous. Il m’amène dans un champ, au milieu de nulle part. Puis il me dit « Shalom » et quelques mots en hébreu que son père lui avait appris après un voyage en Israël. Nous entrons dans une forêt et je vois la pierre : Cotter ».
Qui est donc cet étrange policier ? Sharon ne peut s’empêcher de lui demander comment il connait cet endroit : « Je viens ici souvent », lui répond-il, « mon père et mon grand-père ayant pris sur eux de la conserver, parce que les Juifs sont saints. Ils m’ont ensuite demandé de le faire à mon tour ».
75 ans après sa mort, une hazkara a été célébré à la mémoire du Rav Moshe Haïm Cotter. Sharon a entrepris de rénover sa tombe, il veut aussi que cet ancien cimetière juif dans lequel se trouvent d’autres tombes en mauvais état soit entretenu. Pour Sharon, il ne fait aucun doute que c’est la force du Baal Shem Tov qui l’a conduit jusqu’à l’objet de ses recherches.