Cela fait quatre ans qu’en dépit de toutes les demandes, la Fondation Wexner américaine et Ehoud Barak refusaient de révéler quels travaux avaient été effectués par l’ancien Premier ministre entre 2004 et 2006 qui justifiaient des honoraires de 10 millions de shekels (2,3 millions de dollars). Et comme par hasard, une semaine avant une séance prévue sur les liens de la Fondation Wexner avec l’Etat d’Israël, à l’initiative du député Chlomo Karhi (Likoud), la fondation américaine a envoyé une lettre levant un peu le voile sur cette obscure affaire.
Selon la Fondation Wexner, Ehoud Barak avait été chargé de remettre deux études, l’une sur le conflit israélo-palestinien et l’autre dans le domaine du leadership. La fondation révèle que le premier a été rendu entièrement mais uniquement un résumé du second. La Fondation Wexner avait alors envisagé de demander à Ehoud Barak de restituer une partie de son salaire avant d’y renoncer, sans doute pour l’aider dans son retour à la vie politique.
En effet, en gagnant 37.243 shekels par page, l’ancien Premier ministre avait argué qu’il n’avait aucun compte à rendre puisqu’il n’était officiellement plus dans la vie politique. Or ce n’est pas exact. Durant sa période de « retour à la vie civile », Ehoud Barak préparait déjà son come-back pour reprendre la présidence du Parti travailliste et organisait des réunions à cet effet. Il est donc plus que probable que les honoraires qu’il a perçus de la part de la Fondation Wexner furent en partie une couverture à une aide financière pour la reprise de sa carrière politique.
En effet, la Fondation philanthropique Wexner est nettement située dans le camp « progressiste » de la judaïcité américaine. Or elle est spécialisée dans le financement de programmes de formation de professionnels israéliens dans le domaine politique et de l’administration publique et sécuritaire. En Israël, des noms connus sont passés par des études financées par cette fondation. On peut citer le juge à la Cour suprême Ouzi Fogelman, les généraux de gauche Yaïr Golan, Noam Tivon et Amos Yadlin ou encore la députée Orit Farkash-Hacohen (Bleu-Blanc). L’organisation Im Tirtsou avertit depuis longtemps de l’intervention insidieuse de la Fondation Wexner dans la vie de l’Etat d’Israël en formant des cadres qui suivront sa ligne idéologique.
Dans sa lettre, la Fondation Wexner espère aussi mettre un point final aux commentaires et rumeurs sur ses relations avec l’ancien pédophile Jeffrey Epstein, qui était aussi lié d’amitié avec le créateur de la fondation, Leslie Wexner. La fondation reconnaît que Jeffrey Epstein était en relations limitées avec elle entre 1992 et 2007 mais que tous les liens ont été coupés dès que les affaires de pédophilie ont été révélées.
Quant à Ehoud Barak, ces révélations sur ses fameux travaux rendus, non rendus et grassement rémunérés ne l’empêcheront pas de continuer à être invité sur des plateaux de télévision et de jouer les « Monsieur Propre » en exigeant le départ de « Binyamin Netanyahou-le-corrompu ».