Il y a une dizaine d’années, le Rav Jean-Marc Rosenfeld entamait une enquête sur les Danites en Côte d’Ivoire. Ces derniers se revendiquent comme des Juifs, descendants de la tribu de Dan. Depuis, il les aide à se rejudaïser.
Ce lien a commencé à travers l’Institut du Temple dont il gère le département francophone. Il nous raconte comment il est devenu le Grand Rabbin de Côte d’Ivoire et de quelle manière le judaïsme, Israël et le Beth Hamikdach sont au cœur de la civilisation ivoirienne.
Les descendants de la tribu de Dan
“Il y a plusieurs années, j’ai été contacté par un Pasteur de Côte d’Ivoire. Il était de passage en Israël et voulait absolument me rencontrer dans le cadre de mes activités au sein de l’Institut du Temple”, nous raconte le Rav Rosenfeld. ”Je ne quitterai pas Israël sans l’avoir rencontré”, s’était fixé ce Pasteur évangélique, passionné par ce qu’il avait à découvrir.
Après leur rencontre, il propose au Rav de venir en Côte d’Ivoire pour faire une conférence sur le Temple. Le Rav, étonné, refuse dans un premier temps. ”Il a beaucoup insisté, j’ai fini par m’y rendre”.
La surprise est au rendez-vous puisque sur place, le Rav découvre des autochtones qui se définissent d’abord comme Danites, avant d’être Ivoiriens. ”Ils prétendaient être des Juifs, venus d’Ethiopie au 13e siècle et descendants de la tribu de Dan. A vrai dire, certaines similitudes avec nos pratiques étaient frappantes. Ils sont circoncis à 8 jours. Ils ont un habit qui ressemble beaucoup à un talit, dans leur hiérarchie sociétale, on trouve un ”gadol” et leur patois comporte des termes hébraïques”.
Le Rav Rosenfeld se voit alors confier une enquête sur l’origine de cette population, avec le cinéaste David Szerman, qui l’accompagne souvent dans ses voyages.
Suite à cette enquête qui a confirmé les sensations de proximité entre cette population et le peuple juif, le Rav Rosenfeld a organisé une exposition sur le Temple à Abidjan.
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Depuis, il assiste cette communauté dans son désir de revenir au judaïsme. ”Il ne s’agit pas de les convertir mais de les rejudaïser”, précise le Rav Rosenfeld. Pour cela, il procède en plusieurs étapes. ”Nous sommes en train de mettre sur pied un consistoire juif des Danites en Côte d’Ivoire, qui appartiendra à la tendance orthodoxe. Le Président de ce consistoire est Paul Mette, nous sommes en contact permanent. Je les guide dans la façon de concrétiser leur projet”.
En effet, le Rav Rosenfeld a acquis une aura particulière auprès des Danites mais aussi, doit-on souligner, des non Juifs de Côte d’Ivoire. Il y est reçu en personnalité et s’est même vu décerner le titre de Grand Rabbin de Côte d’Ivoire. Ainsi, aucune décision n’est prise, dans le domaine de la spiritualité, sans prendre conseil auprès de lui.
Il est donc aussi très impliqué dans le projet de construction d’une synagogue qui est déjà en cours. ”Nous préparons le terrain à l’arrivée d’un couple de ”shli’him”, d’envoyés depuis Israël, un Rabbin et sa femme. Ils auront pour tâche de rejudaïser cette population en se servant des infrastructures et structures que nous sommes en train de construire”.
Lumière des Nations
Mais l’action du Rav Rosenfeld en Côte d’Ivoire ne se limite pas à son attachement aux Danites. Il est aussi très respecté et écouté au sein de la population non juive, notamment de la communauté évangélique. “Israël est très apprécié par les Ivoiriens. Au niveau des dirigeants, le discours aujourd’hui ne reflète pas le sentiment des habitants. Il faut rappeler qu’au temps d’Houphouët-Boigny, Israël, par l’intermédiaire de la société Solel Boné, a beaucoup construit en Côte d’Ivoire avant que le pays ne se rapproche du monde arabe. Mais, le soutien à Israël est palpable auprès de la population locale”.
Le rapprochement au grand jour des églises évangéliques d’Israël, comme on a pu le voir aux Etats-Unis ou au Brésil, se vérifie aussi en Côte d’Ivoire. “Je représente le religieux et Israël lorsque je me rends sur place”, témoigne le Rav Rosenfeld, ”et je m’aperçois à quel point les Ivoiriens veulent se rapprocher d’Israël à travers la spiritualité et le Temple. Ils reconnaissent volontiers le rôle d’Israël pour hâter la venue du Mashiah. Nos divergences sont certes importantes quant à l’identité de celui-ci, mais quand il sera là, ils ne pourront que se rendre à l’évidence”.
Le Rav Rosenfeld ne transige sur aucun principe du judaïsme orthodoxe lorsqu’il transmet ses messages. ”Etre juif, ce n’est pas une religion, mais une façon d’être au quotidien, un lien permanent à Dieu, le Créateur du monde”. Ainsi, il fait retirer toutes les croix lorsqu’il intervient quelque part, et même si cela signifie le demander sur une scène devant 3000 personnes, comme cela a été le cas, lors de son dernier passage. “Je constate que beaucoup de personnes sur place, dont le Pasteur lui-même, non seulement respecte totalement ma demande, mais réfléchissent sur l’idée de supprimer ces signes d’idolâtrie”.
Ce constat est encourageant puisque l’une des missions que s’est confiée le Rav Rosenfeld est de promouvoir les sept lois noahides. D’ailleurs, la tendance sur place est de devenir progressivement des Bné Noah, reconnaissant ainsi la vérité d’Israël.
Les premiers pas d’une action de grande envergure ?
Le Rav Rosenfeld s’attache donc depuis des années à créer des liens avec la Côte d’Ivoire. Dans ses voyages, il est accompagné par différentes personnes comme le cinéaste David Szerman. Lors de son dernier séjour, il a emmené un hazan de France. Sa musique a amené un nouvel éclairage et a particulièrement intéressé les personnes sur place. La prise de conscience d’une mission à remplir dans cette partie du monde fait surface.
Cependant les autorités rabbiniques et étatiques israéliennes demeurent en retrait. ”J’ai rencontré l’ambassadeur d’Israël en Côte d’Ivoire, il m’a garanti son soutien”. Quant aux autorités rabbiniques, elles s’intéressent peu à cette question.
En revanche, les autorités ivoiriennes sont impliquées. Au mois de mars prochain, le Rav Rosenfeld est officiellement invité à une grande prière pour la réussite des prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire lors d’un rassemblement qui réunira tous les candidats. Le désir de le voir en une telle occasion n’est pas anodin.
Ce qui a commencé par une simple conférence sur le Temple, s’est progressivement transformé en projet spirituel qui permet un retour aux racines pour certains et une proclamation de la vérité d’Israël pour les autres.
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