Selon le règlement de la Knesset, le Premier ministre peut être contraint de venir s’exprimer à la tribune sur un sujet particulier si une demande en ce sens est signée par au moins quarante députés de l’opposition. C’est ce qui s’est produit à propos de la crise politique actuelle, et Binyamin Netanyahou s’est exprimé, non sans avoir entendu auparavant des critiques sévères notamment de la part du chef de l’opposition Itshak Herzog ou de la députée Tsipi Livni.
Le Premier ministre a commencé par réfuter les uns après les autres les accusations et griefs de l’opposition et lui a rappelé qu’ils se sont tous avérés faux par le passé. Il a notamment cité les avertissements d’isolement diplomatique d’Israël, l’accusation d’avoir saccagé les relations avec les Etats-Unis ou celle d’avoir détruit l’économie israélienne. “Vous parlez haut et fort, avec une assurance déconcertante, aidés de vos amis des médias, mais lorsque la poussière finit de se poser sur le sol, la simple vérité se faite jour et toutes vos accusations s’avèrent vaines”, leur a lancé le Premier ministre.
Il a également dit à l’adresse de l’opposition que le gouvernement qu’il dirige est l’un des meilleurs qu’Israël n’ait jamais eu, que la population du pays le sait comme il ressort des sondages successifs. “Vous devriez accorder plus de respect à l’avis de la population. Les citoyens israéliens sont intelligents, et ils savent faire la différence entre la vérité et le mensonge, entre l’essentiel et le secondaire, entre vos critiques incessantes et notre activité incessant pour leur bien-être” a affirmé le Premier ministre. Il a également raillé l’opposition pour le fait qu’elle n’ait toujours pas présenté un vote pour appeler à la dissolution de la Knesset: “Il se passe quelque chose d’extraordinaire: généralement, dans une telle situation, l’opposition se précipite pour demander des élections anticipées. Mais là, il est clair qu’elle a peur de nouvelles élections et souhaite que le gouvernement continue à exister!!” (Piqués au vif, après la séance, les députés Mikhal Rozhin de Meretz et Ofer Shela’h de Yesh Atid ont déposé une demande de vote à ce sujet!).
Durant cette première partie, le Premier ministre a également rappelé que s’il ne souhaitait pas d’élections anticipées, il ne les craignait pas pour autant, car la droite l’emporterait encore plus largement que lors du dernier scrutin.
Dans la seconde partie de son intervention, Binyamin Netanyahou s’est tourné vers les membres de la coalition, nommant le ministre de la Défense Avigdor Lieberman et les partis orthodoxes afin “qu’ils redescendent de la cime de l’arbre sur laquelle ils sont montés et retrouvent la voie du réalisme”. Il a souligné le travail efficace effectué par ce gouvernement dans tous les domaines, et a demandé que chacun fasse un effort supplémentaire pour ne pas en arriver à une chute du gouvernement. Il a promis de poursuivre ses efforts de son côté pendant la nuit et les jours qui viennent pour mettre fin à cette crise et maintenir la coalition dans sa configuration actuelle et assurer la stabilité de la vie politique.
Un tout dernier sondage paru lundi soir donne raison au Premier ministre. Selon l’Institut Midgam, le Likoud creuse l’écart avec Yesh Atid. En cas d’élections, le parti du Premier ministre obtiendrait 30 sièges et Yesh Atid 21. Le Camp Sioniste est loin derrière avec 13 mandats (onze de moins qu’actuellement) et Habayit Hayehoudi est crédité de 11 sièges. Shass et Israël Beiteinou sont quant à eux à la limite du seuil d’éligibilité, avec 4 sièges chacun. Par contre, le nouveau parti créé par Orly Lévy-Abecassis obtiendrait 5 sièges.
Un sondage qui convaincra peut-être Avigdor Lieberman d’adopter une attitude moins intraitable dans cette crise.
Photo Miriam Alster / Flash 90