Les différentes interventions du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui mène une intense campagne dans les médias et les institutions américaines pour défendre le pacte sur le nucléaire conclu avec l’Iran, ont suscité différentes réponses de la part des Congressistes, ainsi que certaines mises au point assez sèches des responsables israéliens.
« Toute action militaire israélienne contre les infrastructures nucléaires iraniennes serait une grave et énorme erreur qui aurait de lourdes conséquences pour Israël et toute la région », a déclaré Kerry lors d’une interview accordée le 24 juillet à la chaîne américaine de télé NBC après qu’il ait rencontré les membres de la Commission des Affaires étrangères du Sénat.
A l’appui de cette mise en garde à peine voilée contre toute initiative d’auto-défense légitime que pourrait prendre l’Etat hébreu face à la nucléarisation de l’Iran sans nul doute encouragée par cet accord : une sorte de syllogisme aberrant dont seuls certains diplomates ont le secret quand ils veulent défendre de manière démagogique leurs positions en inversant les rôles d’agresseur et d’agressé… Ecoutons donc Kerry s’expliquer : « Si Israël bombarde les Iraniens, je présume que l’Iran aura toutes les bonnes raisons de dire ‘C’est justement pour cela que nous avons besoin d’une bombe atomique’. Et ce que l’Iran décidera alors sera de creuser encore plus en profondeur pour développer ses centrales, car Israël n’a pas la possibilité – tout comme nous –de les stopper, sauf en cas de guerre totale qui annihilerait l’Ira, ce que personne ne prétend vouloir faire aujourd’hui… ».
« Si le Congrès repoussait l’accord, Israël serait plus isolé… »
Devant les Sénateurs, Kerry n’y est pas allé par quatre chemins en décochant un autre avertissement à Israël : « Je redoute de ce qui pourrait arriver sur la scène internationale si le Congrès repoussait l’accord de Vienne… Nos amis israéliens s’en trouveraient bien plus isolés encore qu’aujourd’hui et encore plus critiqués ! Et de plus, nous perdrions le soutien de l’Europe, de la Chine et de la Russie parce que, sous le prétexte d’une quelconque action militaire, nous aurions tourné le dos à un plan tout à fait légitime qui a le mérite de repousser le programme nucléaire iranien de dix ans »
Et d’ajouter sur le mode propagandiste éculé de l’auto-persuasion, sans vouloir citer certaines annexes plus ou moins secrètes du pacte de Vienne où le P 5 + 1 et Téhéran sont tombés d’accord « pour renforcer les capacités de l’Iran de se protéger et de répondre à des menaces nucléaires, y compris des sabotages contre ses installations » : « J’estime qu’Israël et la région sont désormais plus en sécurité. Car cet accord est la seule alternative valable à une solution militaire. Le président a dit clairement que l’Iran n’aurait pas d’armes nucléaires et il est prêt à user de la force si nécessaire pour l’en empêcher. Mais la guerre doit être le dernier recours, par le premier ! ».
« Nous rejetons toutes les menaces dirigées ces derniers jours à l’encontre d’Israël, devait répliquer un officiel israélien cité par le quotidien ‘The Times’. Le Congrès américain prendra sa décision en fonction des intérêts américains, en y incluant aussi ceux des alliés de l’Amérique. Ces regrettables tentatives d’intimider Israël ne nous empêcheront pas de faire part de nos critiques sur cet accord qui implique des menaces directes contre notre sécurité ».
Emoi au Sénat et à la Chambre des Représentants
Quant au ministre israélien de l’Energie et des Infrastructures, Yuval Steinitz, il a répondu à Kerry le 26 juillet sur les ondes de la radio Kol Israël en déclarant :
« Demander ainsi à un pays que l’Iran menace sans cesse de détruire et d’‘effacer de la carte du Moyen-Orient’ de ne surtout pas exprimer son point-de-vue sur quelque chose qui concerne directement sa sécurité, son avenir et son existence mêmes constitue une exigence illogique, voire immorale ! Il est aussi inacceptable de dire qu’au cas où le Congrès repousserait cet accord, Israël deviendrait un bouc-émissaire : le Congrès est entièrement souverain dans ses décisions et s’il le rejette, cela signifierait qu’il existe une large majorité en son sein estimant que ce pacte est mauvais et plein de non-dits ! ».
Parmi les nombreuses réactions hostiles à l’accord de Vienne enregistrées ces derniers jours chez les Congressistes américains – aussi bien républicains que démocrates – nombreux à se déclarer « sidérés » par la lecture attentive de ce pacte, citons celle du candidat à l’investiture présidentielle républicaine, Mike Huckabee, qui a accusé le 24 juillet Obama, « par sa naïveté et son irresponsabilité », de « conduire Israël à la porte des fours crématoires »…
Une prise de position aussitôt fermement critiquée par les Congressistes démocrates et plusieurs organisations juives américaines.
Richard Darmon (paru dans l’Edition hebdomadaire en français de Hamodia)