Le nerf de la guerre, c’est l’argent, selon le célèbre adage. Cela se vérifie aussi concernant les études. En effet, parmi les obstacles à l’entrée des haredim dans le monde universitaire, celui du prix des études est non négligeable.
Partant du constat que de nombreux haredim voulait pouvoir passer des diplômes mais ne pouvaient pas se le permettre financièrement, des philanthropes de différents pays (Angleterre, Brésil et Etats-Unis) se sont unis pour créer un fonds. L’idée était d’octroyer des bourses aux haredim qui souhaitaient obtenir un diplôme académique.
Ainsi est né en 2008, le Keren Kema’h. LPH a interrogé le président, Motti Feldstein.
Le P‘tit Hebdo: Qu’est-ce qui caractérise le Keren Kema’h
Motti Feldstein: Le Keren Kema’h existe grâce à la générosité de trois familles qui n’appartiennent pas particulièrement au monde haredi. Ces donateurs ont perçu la nécessité d’aider les haredim à suivre les études qu’ils souhaitaient ou les formations professionnelles qui les attiraient.
Le gouvernement aide, certes, ces jeunes à entrer dans le monde universitaire, mais très peu finalement. Les orthodoxes qui veulent se lancer dans des études ou dans des formations professionnelles, n’ont pas d’autre choix que de demander une bourse. C’est toute la raison d’être de Keren Kema’h.
Lph: Qui peut prétendre à une bourse du Keren Kema’h?
M.F.: Nous octroyons les bourses directement aux étudiants et non aux établissements dans lesquels ils étudient. Plus de 20 000 demandes nous sont adressées chaque année, nous répondons à plus de 13 000.
Pour prétendre à une bourse, l’étudiant doit prouver qu’il est inscrit dans un établissement académique et qu’il suit effectivement les cours. La bourse est renouvelée tous les mois en fonction de ces vérifications. L’étudiant signe un engagement à restituer les sommes versées dans le cas où il ne mènerait pas ses études jusqu’à leur terme. Par ailleurs, nous analysons la situation financière de chacun des demandeurs. Ainsi, ne pourront profiter de cet argent que les foyers qui disposent de moins de 2000 shekels par mois, par personne.
Enfin, il est important de préciser que Keren Kema’h refuse par principe de financer l’intégralité des études. Il nous parait utile de laisser l’étudiant payer aussi une partie de sa poche. La bourse couvre donc 80% des frais.
Lph: La bourse dépend-elle du cursus choisi?
M.F.: Non, les personnes sont libres de choisir leur cursus et leur établissement. Ils peuvent aussi très bien choisir de continuer à étudier au kollel parallèlement. La seule restriction concerne les bourses attribuées aux femmes. Comme celles-ci ont déjà étudié du profane à l’école la plupart du temps, nous estimons qu’elles ont moins besoin de cette aide que les hommes. Les femmes peuvent prétendre à une bourse que lorsqu’elles choisissent de suivre des formations pour les métiers paramédicaux.
Lph: En huit ans d’existence, constatez-vous un intérêt croissant du monde haredi pour les études académiques?
M.F.: Les demandes vont en augmentant. Il est clair que les jeunes haredim s’orientent de plus en plus vers des études. Notre but est de les aider à trouver une parnassa tout en garantissant le maintien de leur niveau religieux. Keren Kema’h ne se contente pas de verser de l’argent, nous rendons aussi visite aux étudiants, nous vérifions régulièrement si tout va bien pour eux.
Lph: Au final, savez-vous combien parviennent à s’introduire sur le marché du travail?
M.F.: Lors de notre dernière étude de terrain réalisée en octobre 2016, nous avons constaté que 91,5% de nos étudiants avaient trouvé un emploi. Les salaires moyens enregistrés sont de plus de 8000 shekels contre 4000 avant le début de leurs études.
Le Keren Kema’h est un partenaire officiel de cette réussite, d’autant plus que ces récentes évolutions montrent que l’on peut conserver un mode de vie haredi tout en se construisant une parnassa.
Pour plus de renseignements:
Tel: 02-5378889
Mail: info@kemach.org
Guitel Ben-Ishay
Photos: Keren Kema’h