Pascal Yom Tov Abrahami a été tué il y a quatre ans, le 17 Av 5771, alors qu’il servait dans le commando antiterroriste Yamam. Pascal n’était vraiment pas un combattant ordinaire, comme le soulignait Shimon Peres : « Pascal Abrahami était déjà une légende de son vivant et non pas seulement après sa mort. Il a consacré toute sa vie à la défense d’Israël ». Il était aussi le plus ancien des combattants d’Israël puisqu’à sa mort il était âgé de 49 ans. Un livre hommage intitulé « Ad Kse Hagvoul » (Jusqu’au bout des limites) vient d’être publié. Il sera présenté lors d’une soirée programmée le 23 décembre à la cinémathèque de Tel-Aviv. LPH s’est entretenu avec l’auteur, Raheli Dor-Rappaport.
Le P’tit Hebdo : Qu’avez-vous appris pendant l’écriture du livre ?
Raheli Dor-Rappaport : Je ne connaissais absolument pas la famille Abrahami auparavant. Et pour mon plus grand bonheur, j’ai appris à la connaître. Je me demandais ce qui pouvait bien se cacher derrière la figure du combattant. J’ai découvert une famille ouverte, accueillante. Le livre est une fiction basée sur des faits réels de la vie de Pascal. On y comprend comment Pascal est devenu le soldat qu’il était. Sa famille a fui le terrorisme en Algérie. Arrivée en France, ils ont découvert le sionisme et ont eu comme rêve de venir en Israël mais pas uniquement pour faire leur alya ; ils voulaient être utiles au pays. Le jeune Pascal assistait à toutes les discussions. Lors de mes entretiens avec ses amis de Yamam, j’ai découvert des gens forts physiquement, mais qui représentent chacun un monde dans lequel l’amitié est une valeur fondamentale. C’est émouvant.
LPH : Vous avez déjà écrit sur des combattants. Qu’est-ce qui faisait de Pascal une personne particulière ?
R.D-R. : Chaque chapitre du livre sur Pascal pourrait être un livre en soi ! Chaque jour Pascal se levait et accomplissait des actes qui seraient considérés comme des points culminants d’une carrière, des choses qui n’arrivent que rarement. Chez lui, c’était tous les jours. Il avait en lui le sentiment d’avoir une mission, tout en étant modeste et silencieux. Jusqu’à l’écriture du dernier chapitre, qui évoque le dernier jour de sa vie, j’ai pensé à lui comme à une personne vivante. La fin de l’écriture a été pour moi un moment très émouvant.
LPH : Pascal était encore combattant à 49 ans ! Comment expliquez-vous sa tenacité ?
R.D-R. : C’est une énigme, une question à laquelle on pourra trouver beaucoup de réponses. Le titre du livre en est une : aller au bout des limites. Pascal ne renonçait pas avant d’avoir fini sa mission, il est resté soldat combattant du début à la fin de sa carrière militaire. C’est du jamais vu !
LPH : Le livre est-il une forme de consolation pour la famille ?
R.D-R. : C’est difficile à dire parce que la consolation est une notion complexe. Ce qui est sûr, c’est que la famille de Pascal a compris qu’il était un être exceptionnel et chacun a modifié sa vie depuis sa disparition pour perpétuer sa mémoire : une association a été créée, sa femme s’est enrôlée dans la police, un de ses fils sert dans la même unité que lui, un autre a fait techouva. Cela va au-delà de la consolation.
Rendez-vous le 23 décembre à 18h à la cinémathèque de Tel-Aviv (Tél : 03-6060800)
Projection du film “Yamam: Pascal Abrahami, Haish ve Haagada”
Présentation du livre « Ad Kse Hagvoul »
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay