Elle est hilarante parce qu’elle parle vrai : de ce que nous vivons, de ce dont nous avons honte. Judith Mergui remonte sur scène à Jérusalem, à l’Institut français Romain Gary, pour son nouveau spectacle. Elle nous en dit un peu plus.
Le P’tit Hebdo : Quelles ont été vos sources d’inspiration pour ce nouveau spectacle ?
Judith Mergui : Elles sont nées de la tournée internationale que j’ai faite avec mon premier spectacle. Je suis allée partout dans le monde francophone et je me suis rendue compte que malgré les différences de culture entre les pays, nous avions beaucoup de choses en commun et notamment nos imperfections. J’ai donc voulu parler de la vie, comme d’une aventure imparfaite.
Lph : C’est une sorte de cure de déculpabilisation ?
J.M. : Oui, en fait, nous essayons en permanence d’être parfaits. Et nous n’y arrivons pas toujours. Ce qui est frappant, c’est que l’on publie toujours nos réussites, rarement nos ratés. Je pense que dans ce domaine-là, nous avons besoin d’être plus décomplexés et savoir être dans l’autodérision. Cela fait du bien ! Le résultat est convaincant, lorsque j’évoque les couacs aux différentes étapes de ma vie, la salle entière rit parce qu’elle se reconnait. Je joue plusieurs personnages, différents points de vue, ce qui rend les scènes riches, vivantes et drôles !
Lph : Vous jouerez votre spectacle à l’Institut français Romain Gary. Existe-t-il, selon vous, un humour français ?
J.M. : Il y a un genre humoristique français. Les humoristes français ne sont pas des standupistes au sens américain, ils bougent sur scène, jouent différents personnages. Je crois aussi que l’humour français est l’étendard d’une certaine mixité culturelle. À titre personnel, je sais que l’on ressent mon ADN, ma culture, et ma religion dans mes spectacles. C’est vrai pour les autres aussi.
Lph : Avez-vous des lignes rouges que vous vous imposez ou est-ce l’environnement qui les imposent ?
J.M. : Chaque humoriste commence sa carrière par une grande désillusion, parce que notre plus grande faille c’est que nous voulons être aimés et plaire à tout le monde. Or ce n’est pas possible. Donc, je me suis dit qu’il fallait au moins que j’aille à la rencontre de moi-même. Je ne parle pas de ce qui ne m’intéresse pas. Par exemple, je n’évoque pas la politique, je ne rentre pas dans la vulgarité. Mais, il est vrai que dans mon travail d’écriture quotidien, je me pose, de façon peut-être inconsciente, la question de mes lignes rouges. Elles viennent sûrement de mes origines, de ce qui m’a façonnée.
Lph : Faut-il choquer pour faire rire ?
J.M. : Le choc, la provocation sont des ressorts du rire, mais je ne les utilise pas. Je conçois l’humour davantage comme un accompagnement, une invitation à écouter mes aventures, mais en réalité, la vie que nous vivons tous. De la même manière, j’adore improviser sur scène, en faisant participer le public. Mais jamais, je ne me servirai de l’humiliation ou de la moquerie pour cela. Je prône une improvisation positive qui met le public en valeur. En fait, la question est ce que recherche l’humoriste : faire le buzz ou ouvrir le dialogue. Pour moi, c’est jouer avec le public, lui permettre de rire aux éclats et de déconnecter. C’est ce pour quoi je vous donne rendez-vous le 16 février !
Judith Mergui dans son nouveau spectacle
Dim 16/02, 20h, Institut français Romain Gary, 9 Kikar Safra, Jérusalem
Tél : 02-6243156
Crédit photo: Ovlac