Dernièrement, le député Eitan Cabel (Camp Sioniste) avait déjà jeté un pavé dans la mare travailliste en déclarant que si Itshak Rabin avait su le prix qu’Israël aurait à payer (en vies humaines) du fait des accords d’Oslo il ne les aurait jamais signés.
Cette fois-ci, dans une interview accordée au Haaretz, le député persiste et signe en exposant sa vision d’une solution du conflit, au point de provoquer une réaction virulente de la jeune garde travailliste qui demande ni plus ni moins son exclusion du parti!
Certes Eitan Cabel ne va pas (encore) aussi loin que Habayit Hayehoudi ou une partie du Likoud, mais il fait un long chemin vers le réalisme et a le courage d’exprimer des vues différentes de celles du Parti travailliste actuel. Il propose notamment d’étendre la souveraineté israélienne sur les “blocs d’implantation” du Goush Etzion, Maale Adoumim, Ariel, Karnei Shomron mais aussi la vallée du Jourdain.
Les propos qu’il a tenus sont saisissants: “L’Etat d’Israël doit ouvrir les yeux, mon parti politique doit ouvrir les yeux, nous devons tous ouvrir les yeux. A partir de quand avons nous commencé à être prisonniers d’illusions et de conceptions déconnectées des réalités? Pourquoi avons nous fermé les yeux si fort jusqu’à ne plus voir notre propre population, à ne plus voir les réalités? (…) Le Parti travailliste a toujours proposé un ordre du jour national-pragmatique, mais depuis un certain temps, nous déclamons comme des robots des expressions telle que ‘plan Clinton’, ‘conférence régionale’ ou ‘deux Etats pour deux peuples’ et on s’arrête là. Il est temps de devenir intelligent et d’agir selon un plan clairvoyant. Il nous faut proposer des solutions réalistes, adaptées aux réalités.
Eitan Cabel a également révélé travailler depuis un an sur un nouveau cadre politique de règlement qui soit plus favorable à la population juive de Judée-Samarie. Et le premier principe de ce cadre est “d’abandonner définitivement les illusions qui ont eu pour point de départ la pelouse de la Maison-Blanche (signature des accords d’Oslo)”: “Il nous faut quitter l’idéologie d’Oslo. La situation actuelle nous ordonne d’adopter une stratégie nouvelle qui prend en compte le fait que nous n’avons pas actuellement de partenaire du côté palestinien et de leadership palestinien qui désire sincèrement faire la paix”.
Cette prise de position n’est toutefois pas due uniquement à un virage idéologique. Eitan Cabel est un homme politique et il fait le constat que son parti n’est plus crédible dans l’opinion notamment à cause de son obsession de la solution des deux Etats et de la “tache d’Oslo” qui lui colle à la peau: “Depuis l’assassinat de Rabin, nous sommes allés huit fois aux urnes et avons perdu sept fois. C’est la douloureuse vérité. Nous n’arrivons plus à séduire la population. Cela fait 40 ans que nous ne sommes pratiquement plus pouvoir, à part de rares parenthèses. Pendant tout ce temps, la population a changé, la société a changé, la carte politique a changé, la situation sur le terrain entre les Palestiniens et nous a changé. Mais nous ne pourrons jamais convaincre les électeurs de voter pour nous si nous-mêmes ne changeons pas, si nous ne présentons pas une vision qui est adaptée aux réalités!”
Celui qui a réagi positivement à ces propos a bien évidemment été Naftali Benett qui a félicité Eitan Cabel qui “a eu le courage d’ouvrir les yeux”.
Dans un cadre plus scolaire on écrirait dans son bulletin: “Va dans la bonne direction. Doit encore persévérer!” En effet, Eitan Cabel exclut de nombreuses localités juives de son plan, notamment Kiryat Arba et le yishouv juif de Hevron ainsi que la plupart des localités juives de la région Binyamin. Il propose de geler complètement toutes les aides aux localités qui se trouvent en-dehors de ces blocs et d’évacuer leurs habitants contre une compensation financière.
Photo Miriam Alster / Flash 90