Il y a quelques années, j’ai été invité à participer à un congrès qui avait pour thème : ‘le peuple d’Israël et les nations du monde’. J’ai alors été placé à la tribune des orateurs entre deux Talmidei Hahamim qui, dans leur discours, ont défini l’attitude que devait adopter, selon eux, le Judaïsme envers les non-Juifs. Le premier a expliqué, en citant des sources, que le judaïsme n’était qu’une sorte d’humanisme cosmopolite considérant tous les hommes comme des frères, créés à l’image de D.. Le second, qui apportait lui aussi ses sources, a expliqué que le judaïsme se basait sur la haine envers les non-Juifs et l’hostilité à l’égard de tout ce qui n’avait pas pour origine la Torah d’Israël. Après avoir entendu ces deux interventions aussi contrastées, je me suis posé la question suivante : finalement, comment ces deux hommes, formés à la même école, ont-ils pu évoluer dans des directions aussi différentes ?
La réponse à cette question se trouve dans la définition exacte du peuple juif telle qu’elle est exposée par Rabeinou Yehouda Halevy dans le Livre du Kouzari (Maamar 2, 36) : ‘Israël est parmi les nations comme le cœur parmi les organes’. C’est-à-dire qu’il existe un système organique englobant toute l’humanité dans un destin commun avec une destinée particulière pour le peuple d’Israël qui est le cœur de l’humanité, ce qui l’oblige à se distinguer du reste du monde afin de mieux accomplir sa mission consistant à réparer le monde. Lorsqu’on met en pièces cette perspective organique, il est naturel qu’on obtienne deux systèmes opposés l’un à l’autre comme vu plus haut.
Il apparaît justement que cette distinction nationale impose une responsabilité particulière, celle de réparer le monde, au peuple d’Israël, en tant que ‘fils aîné’, comme il est écrit dans le livre de Chemot (chap 4, 22) : « Mon fils, mon aîné, Israël, qui fraye le chemin à ses plus jeunes frères«.
Mais il reste encore à éclaircir un point : quelle est l’essence de cette particularité du judaïsme, de cette prédilection juive ? Si cette particularité dépendait juste d’une donnée biologique génétique, il s’agirait d’une doctrine raciste. Mais ce n’est pas le cas ici car la différence entre Israël et les nations, attribuant à Israël le don de prophétie, dépend de l’âme et non de la nature. Ainsi, aucune donnée naturelle ne peut empêcher celui qui le souhaite de recevoir cette âme lors du processus de la conversion, quelle que soit la nation dont il est issu. Donc, bien que la première génération des convertis ne puisse bénéficier de la prophétie, leurs enfants peuvent déjà en être pourvus.
La base halakhique de notre explication est la suivante : il n’a jamais été posé comme condition à la conversion d’être doté d’une âme d’Israël. Tous ceux qui veulent rejoindre le peuple juif peuvent le faire et s’ils respectent les conditions de la conversion, ils recevront une nouvelle âme. C’est dans cette perspective que le Talmud indique qu’il existe une réserve d’âmes depuis le don de la Torah au Mont Sinaï et qu’elles attendent les convertis pour s’y intégrer. Cela signifie donc que les âmes des futurs convertis se trouvaient au Mont Sinaï (Shabbat 146, 1).
Rav Ouri Cherky
Traduit de l’hébreu par Claire Dana-Picard
Dans cette explication, il y manque l’essentiel : qu’est ce qui fait la spécificité juive ?
la réponse se trouve dans les trois versets suivants qu’il faut relier : Genèse II.7 ; Genèse XXV.23 et l’Exode XXX.18
Si vous ne trouvez pas, revenez et je vous expliquerai
D’accord mais ça change rien. J’ai du mal à comprendre la démarche , le but est de montrer que le Judaïsme s’inscrit dans l’universalisme humaniste à l’Occidentale?
Parce que dire que les convertis sont issus de l’humanité donc que le judaïsme reste universel… C’est biaisé car même si c’est techniquement vrai sur le terrain, l’approche halakhique, le converti est considéré comme une âme perdue ou en réserve qui attendait de pouvoir s’accomplir comme Juif pour toutes sortes de raisons diverses. Donc ça reste dans le cadre de la Nation Juive dans sa coextensivité.
Je comprends pas pourquoi les occidentaux tiennent bec et ongle à leur vision universaliste et interchangeable (quoique je pense que le Marché et son envie d’asservir les humains comme esclaves et con-sommateurs sans essence, est derrière ). L’universalisme n’est pas faux mais tire sa légitimité exclusivement dans un cadre précis qui est la garantie de l’équilibre et de la réciprocité des échanges.
Aujourd’hui c’est devenu un bras armé pour tuer l’identité des européens et faire des concessions qui sont de l’ordre de la prostitution aux autres identités !