Jérusalem aujourd’hui. Pour comprendre ce que recouvre le concept de la Jérusalem moderne, nous avons interrogé Hagit Moshé, adjointe au maire de Jérusalem.
Le P’tit Hebdo: Que représente pour vous Jérusalem?
Hagit Moshé: Je suis née à Beer Sheva. Je vis depuis 24 ans à Jérusalem. Dans ma jeunesse j’ai, plusieurs fois, voyagé à Jérusalem, j’y ai même travaillé avant d’y vivre. A chaque fois que je m’y rendais, j’avais un sentiment de vivre quelque chose d’unique. Je ne pouvais pas expliquer ce qu’était ce sentiment exactement. Je ne rêvais même pas pouvoir y habiter un jour et encore moins devenir adjointe au maire.
Je prends conscience du coup, que vivre à Jérusalem ne va pas de soi, que c’est un mérite particulier. Je suis reconnaissante envers D’ieu pour cela.
Lph: Comment décrivez-vous la Jérusalem d’aujourd’hui?
H.M.: Tout se trouve à Jérusalem! La spiritualité bien sûr mais aussi la Hi-tech, la biotechnologie, l’art, des populations variées, des langues des quatre coins du monde, des gens de tous les âges et de toutes les cultures.
La Jérusalem d’aujourd’hui fait grandir chaque jour l’amour que je lui porte.
Lph: 50 ans: qu’est-ce que signifie ce chiffre pour vous?
H.M.: C’est un chiffre important au regard de notre tradition: le yovel. Pour moi, ces années qui ont passé depuis la guerre des Six Jours me font penser à un midrach. On dit qu’avant la destruction du Beth Hamikdach, les Cohanim ont jeté au Ciel les clés du Temple et qu’une main les a prises. Il y a 50 ans, nous avons reçu ces clés en retour. Nous sommes de nouveau les propriétaires de la ville, le peuple d’Israël est revenu dans sa maison naturelle.
En même temps, 50 ans, c’est une petite durée à l’échelle de l’histoire. Nous n’en sommes qu’au commencement d’un long processus.
Lph: Sommes-nous vraiment les maitres de maison, si dans certains quartiers les Juifs ne peuvent pas se rendre?
H.M.: Comme je l’ai dit, nous ne sommes qu’au début de notre retour. Les populations arabes de Jérusalem, dans leur majorité, veulent être intégrées. Nous travaillons quotidiennement à rendre l’unité de la capitale une réalité partout sur le terrain. Par exemple, il est important de souligner, que de plus en plus d’écoles dans les quartiers est de la ville ont adopté le programme scolaire israélien. Nous investissons beaucoup dans ces quartiers afin d’augmenter la conscience d’une appartenance qui fera de Jérusalem, une ville véritablement unie.
Lph: Jérusalem est la capitale éternelle de notre peuple. N’est-elle pas devenue celle d’une élite qui peut se permettre de trouver un logement?
H.M.: Nous avons récupéré les clés et Jérusalem est sans aucun doute, la maison de tous. Notre rôle en tant que politique est, vous avez raison, de résoudre ces difficultés qui entravent l’accès à notre capitale à tous ceux qui désirent s’y installer. La municipalité a lancé un certain nombre de projets dans ce sens, nous comptons parvenir à encourager les jeunes à vivre à Jérusalem.
Lph: Donald Trump avait promis le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Ces derniers jours on apprend que ce ne sera pas le cas. Que faut-il faire pour qu’enfin les diplomaties étrangères s’installent dans notre capitale?
H.M.: J’ai soutenu Trump avant même son élection, mais je trouve dommage qu’on l’ait poussé à faire des déclarations qui n’ont aucune valeur sur le terrain. Trump ne sort pas du Bné Akiva! Il ne faut pas non plus s’attendre à ce qu’il ne tienne pas compte de très nombreuses considérations qui entrent compte dans cette démarche.
Naturellement, je pense que toutes les ambassades devraient être à Jérusalem. Mais soyons honnêtes: qu’attendons-nous des nations quand nous-mêmes n’avons pas tous nos centres de pouvoir qui siègent à Jérusalem? Nous manquons de courage pour affirmer sans faiblir que Jérusalem est notre capitale. Commençons par comprendre et affirmer que Jérusalem est notre capitale, ensuite demandons des comptes au reste du monde.
Lph: Doit-on réagir aux décisions de l’ONU et aux diverses déclarations de par le monde concernant Jérusalem?
H.M.: Je ne le pense pas. Laissons-les parler et poursuivons notre route. Si nous nous étions occupés de ce genre de déclarations depuis 1948, nous ne serions pas là aujourd’hui!
Lph: Quels sont vos souhaits pour cet anniversaire de la réunification?
H.M.: Que chacun, chaque jour, réalise le miracle qu’est Jérusalem et sache remercier pour cela. Nous vivons dans une génération qui a le mérite de pouvoir s’installer à Jérusalem. Tout n’est pas rose, évidemment, il faut se battre, agir, et c’est parfois compliqué. Mais sachons dire merci pour Jérusalem, même quand on est dans les bouchons: c’est juste la preuve que nous y sommes revenus! Quoi de plus important?
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Photo: Sharon Azran