L’Etoile de David est devenue la pierre des plus précieuses recherchée par ces gens à bout de forces.
Quel retournement de l’Histoire !!
Aujourd’hui après deux ans de corona et variants aux noms divers et variés, confinements, fermetures et réouvertures des frontières, voici le retour du Marathon de Jérusalem. La joie de revoir ces coureurs venus de très loin pour certains, a effacé le froid et la pluie qui sévissent en Israël sans discontinuer, comme si hiver s’accrochait sans pouvoir nous quitter.
Le mauvais temps ne m’aurait pas empêchée ce matin-là de me lever tôt et, comme à mon habitude du haut de mon balcon, me positionner de manière à pouvoir filmer les coureurs et encourager leurs efforts, quelle que soit la couleur de leurs brassards.
Puis nous serions descendues ensemble, Cookie sagement attachée à son collier au bout de mon bras et moi portable en main, postée au milieu du carrefour pour applaudir crier et filmer les marathoniens surtout à la vue d’une connaissance, puis continuer mon chemin en suivant les retardataires et en flânant le long du Gan Sacher, profitant du soleil, du renouveau de la nature en pleine éclosion, au rythme des arrêts répétés de Cookie toute affairée à renifler l’herbe nouvelle.
Ce ne fut pas le cas pour ce Marathon, ce que j’ai dit plus haut n’existant plus.
La raison n’est pas ma soudaine indifférence face à ces hommes et femmes courant pour remporter un trophée, ou bien mon refus de la joie des retrouvailles après ce temps hors du temps rythmé par les vaccins, les masques et les gestes barrières tour à tour obligatoires ou pas ainsi que les voyages interdits au-delà des frontières, d’ailleurs Zoom fut une découverte inattendue et précieuse à ces moments-là.
Oui cette joie bien que présente m’a fait mal, car le Marathon réapparu m’a brutalement évoqué le souvenir de Cookie, réveillant la blessure créée par son absence depuis qu’elle est allée rejoindre le paradis des chiens au moment où la pandémie frappait le monde.
Cet épisode parait bien léger alors qu’en Israël des familles viennent de subir la haine et le plus barbare des attentats comme nous n’en avions plus vécu depuis 2016. L’Ukraine est victime d’une guerre qu’elle n’a pas voulue, qui s’accompagne comme toutes les guerres des morts et des destructions qui nous sont révélées au quotidien. Les réfugiés fuient leur pays par centaines de milliers espérant trouver refuge auprès des organisations humanitaires qui les accueillent au-delà des frontières.
Israël mon pays participe à cet élan humanitaire en envoyant le personnel médical spécialisé, psychologues et même clowns pour enfants, médicaments et fournitures de toutes sortes, plus la construction d’un hôpital complet pour soigner et prendre soin des blessés. L’Etoile de David est devenue la pierre des plus précieuses recherchée par ces gens à bout de forces.
Quel retournement de l’Histoire !!
Je pense à ce mot « Juif » qui, en Ukraine pendant des siècles fut symbole de terreur pour les Juifs victimes régulières des pogroms et des persécutions les plus barbares. L’arrivée des Nazis fut saluée avec joie par la population et la « solution finale » fut accomplie avec zèle sous les railleries et applaudissements de la population quand ce ne fut pas avec leur aide, comme l’évoque le Massacre de Babi Yar. La presque totalité de la communauté juive d’Ukraine riche d’un passé historique incomparable, fut exterminée pendant la Shoah par balles.
Oui encore une fois, Quel retournement de l’histoire !
Être Juif signifie Badge de vie et de liberté pour ceux et celles l’arborant maintenant avec fierté, ainsi que départ vers le futur et la nouvelle vie qui les attend en Israël.
Bienvenue aux Juifs Ukrainiens qui reviennent à la maison !!
Meïra Barer a été une enfant cachée pendant la Shoah, elle est membre à Aloumim (Association israélienne des enfants cachés en France pendant la Shoah) et volontaire à l’Unifan. Elle est l’auteur du livre “Comme un tison sauvé du feu” aux éditions Les trois Colonnes.