Jeane Manson, la plus francophile des chanteuses américaines, nous entraîne sous le soleil de Tel-Aviv, chez ses filles, Shirel et Marianne.
On dirait trois sœurs. Une blonde, une brune, une châtain. Même visage, mêmes pommettes, même silhouette. Pulpeuses, féminissimes, de celles qui sont douées pour croquer la vie. Il faut les voir dans les rues de Tel-Aviv, complices, heureuses d’être ensemble, profitant de chaque instant comme on se gave de soleil. Ce n’est pas si souvent que leur trio est réuni. Si Shirel la brune et Marianne la châtaine vivent en Israël, Jeane Manson, leur blonde mère, a posé ses basques en Espagne en 2012, après trente-huit années passées en France. L’avion et Skype soudent leurs liens avec régularité, mais rien ne vaut ces moments d’intimité familiale. Surtout ces jours-ci.
Avec la sortie de son vingt-septième album, Amour, le 14 mars, Jeane célèbre un événement important: ses quarante ans de chanson. Déjà! Quatre décennies se sont écoulées depuis son célèbre Avant de nous dire adieu… Quatre décennies de succès, de hauts, de bas, de liaisons brûlantes, de passion pour les animaux, de végétarisme, de spiritualité et… de maternité. « Elles sont belles, mes filles! », nous lance Jeane, de sa voix grave à l’accent américain reconnaissable entre mille. Le ton se veut guilleret, l’émotion affleure. « Quand je vois ce qu’elles sont devenues, ces femmes pleines de talent, de force, de moralité, qui donnent corps et âme à leur passion, oui, je suis fière. » Et de nous les présenter à nouveau.
Shirel, trente-sept ans, née de sa brève union avec le producteur de cinéma franco-israélien André Djaoui, partie vivre en Israël à l’âge de dix-huit ans. Celle qui fut l’Esmaralda de la comédie musicale Notre-Dame de Paris sort un nouvel album de sept titres, intitulé tout simplement 7. Maman l’a conviée pour deux duos dans son album anniversaire.Marianne, vingt-sept ans, fille d’Allain Bougrain-Dubourg aurait aussi, aux dires des deux autres, une superbe voix. Mais elle a opté pour la production télé, débutant sa carrière à Paris, avant qu’un poste lui soit offert par la chaîne i24news… à Tel-Aviv. Maman venait de quitter la France, écœurée, empêtrée dans une sordide histoire d’impôts – « et pourtant je n’ai jamais voulu truander! », assure Jeane. Papa adoré, lui, parcourt le monde pour servir la cause animale. Alors, pourquoi ne pas se rapprocher de sa sœur et de ses neveux, les enfants de Shirel, Liam, huit ans et Luna Jeane, cinq ans? Non seulement Marianne s’est installée près de son aînée, mais les voilà chroniqueuses dans la même émission. L’une y parle de musique – et non, ce n’est pas Shirel, mais Marianne! L’autre, de déco – Shirel, dont le père a une société de décoration intérieure à Tel-Aviv. Jeane ne résiste pas à la tentation de nous montrer un extrait de leur émission sur le plateau d’i24news. Cocasse en effet, les deux se renvoyant la balle d’un: « Et vous, Marianne Bougrain-Dubourg, qu’en pensez-vous? » « Eh bien, Shirel, je vous dirai… »
Amusant comme la vie parfois offre de jolis dénouements. Il aura fallu un peu de temps, bien sûr. De la maturité, de part et d’autre, pour que les incompréhensions s’éloignent.
Par Maryvonne Ollivry pour Gala.fr