Trop souvent nous vivons dans la confusion des idées. Si nous n’approfondissons pas attentivement les textes de la Torah, nous pouvons faire nôtre des principes qui n’ont rien à voir avec les valeurs bibliques. Les exemples sont malheureusement nombreux et nous imposent une vigilance de chaque instant.
Un verset tout à fait anodin de notre Paracha vient donner un éclairage nouveau sur un thème que l’on retrouve abondement dans tous les médias. Il s’agit de la relation au sein du couple.
Après le départ de ce monde de sa mère, Its’hak épouse Rivka. À la fin du second chapitre de notre Paracha, le texte nous relate sommairement leur mariage en précisant que « Its’hak épousa sa conjointe puis l’aima ». L’agencement des mots a de quoi surprendre.
En général on aime quelqu’un et c’est ce sentiment qui nous incite à nous marier. Et là, situation surprenante, c’est le mariage qui est la cause de l’amour !
Une explication à cette apparente anomalie s’impose.
LA RAISON ET LE COEUR
En Occident, l’amour est l’expression d’un sentiment. Rien de plus. Une personne amoureuse ressent un profond élan affectif qui parfois défie même la raison. Il est souvent vécu sur un mode pulsionnel qui construit précisément sa légitimité. Dès lors, quoi donc de plus beau que l’amour ?
Mais pour les Maîtres de la tradition juive, la définition de l’amour est différente. Pour le comprendre, il faut rappeler un important principe développé longuement dans la Kabala. Les sentiments sont le produit de l’intellect. En d’autres termes, l’amour n’est pas qu’une impulsion, c’est aussi et avant tout une construction.
Les Maîtres de la tradition ésotérique font d’ailleurs remarquer que si l’on se place au niveau de la morphologie, la tête est au-dessus du cœur. En effet, les cabalistes enseignent que la tête, l’intellect, doit tempérer les pulsions du cœur qui sont loin d’être réfléchies et sereines. Ainsi par exemple, un enfant se mettra en colère pour des choses insignifiantes alors que face à ces mêmes choses, un adulte n’éprouvera aucune passion.
L’amour est un sentiment variable qui dépend aussi de notre réflexion. Les sentiments et notamment l’amour, varient selon notre approche intellectuelle. Plus un être humain réfléchira, plus il éprouvera de l’attrait.
UNE SEULE ENTITE
À partir de ces données, on peut comprendre le sens du verset précité de notre paracha.
« Amour » se dit en Hébreu « Ahava ». Or, ce mot a comme valeur numérique 13. Le mot « é’had » qui signifie « Un » a également la valeur numérique de 13.
L’amour est l’aboutissement d’une construction affective et intellectuelle entre deux êtres qui, vont former une seule entité. Il est donc clair qu’avant le mariage, quand rien n’est encore véritablement construit. L’attirance que les futurs conjoints ressentent l’un envers l’autre est un sentiment de bien-être et d’affection. Ce n’est qu’après le mariage que l’amour véritable va se construire : la vie commune, la proximité des cœurs, le fait d’avoir des idéaux et des objectifs communs et de partager ensemble des difficultés ou des moments de bonheur.
C’est Antoine de Saint Exupéry – l’auteur du Petit Prince – qui disait que »s’aimer ce n’est pas seulement se regarder l’un l’autre mais aussi regarder dans la même direction ».
Il est donc fondamental dans un couple de mettre l’accent sur la valeur de l’étude et de la pratique de la Torah. En effet, c’est elle qui peut construire véritablement notre identité. La Torah nous permet d’avoir un nouveau regard sur l’existence. C’est alors que l’amour que nous portons pour notre conjoint prendra son élan authentique.
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