Quelques semaines après avoir été libéré des geôles du Hamas dans lesquelles il a été détenu pendant près de 500 jours, Gadi Moses – 80 ans – a écrit une lettre à ses camarades du kibboutz pour les encourager à reconstruire Nir Oz.
Nir Oz est l’un des lieux les plus symboliques de l’attaque du 7 octobre: l’armée n’y est arrivée que dans l’après-midi quand le dernier des terroristes était déjà parti. Sur les 400 habitants, 46 ont été assassinés et 71 ont été pris en otages. Les maisons ont été détruites, brûlées, tout le kibboutz a été ravagé.
Malgré ce traumatisme auquel s’ajoute celui de la captivité, Gadi Moses n’a qu’une idée en tête: retourner vivre à Nir Oz et tout reconstruire.
Il s’adresse dans sa lettre à ses camarades du kibboutz, qui ont été déplacés à Kiryat Gat le 7 octobre.
« Nous nous sommes rencontrés hier pour la première fois après environ 500 jours de ténèbres et d’obscurité. Notre maison est en ruines, nous avons chacun perdu nos proches et nos êtres chers. Nos maisons sont brûlées, nos biens dispersés aux quatre vents. Nous avons traversé, chacun individuellement et tous ensemble, des moments d’effroi et de peur.
J’ai vu sur vos visages les interrogations existentielles et l’incertitude. J’ai vu la peur et la colère face à l’abandon et à la négligence de ceux qui étaient responsables de notre sécurité », a écrit Moses.
Il a ajouté : « Je partage toutes ces peurs et cette insécurité. Mais depuis les profondeurs de l’abîme où nous nous trouvons, j’ai décidé de retrousser mes manches et de rejoindre tous ceux qui veulent que notre foyer, Nir Oz, redevienne un lieu vivant et chaleureux, un foyer où il y a culture et éducation, santé et création, espoir et sécurité. J’appelle chacun d’entre nous à se lever et à agir ensemble, côte à côte, pour que cela arrive le plus vite possible. Je n’ai aucun reproche envers ceux qui n’ont plus la force et ne peuvent pas, pour l’instant, se joindre à nous. Je comprends que chacun encaisse cette catastrophe à sa manière, mais je suis convaincu de notre capacité individuelle et collective à nous relever, à nous tenir debout et à reconstruire notre foyer, Nir Oz. »
« Le temps est un facteur crucial. Avec tout le respect que nous devons à nos nouvelles maisons spacieuses à Carmei Gat, notre place n’est pas dans des immeubles à Kiryat Gat, mais dans des maisons individuelles, à l’air libre, près de nos champs, à Nir Oz. Je me joins à tous ceux qui n’ont pas perdu confiance en notre capacité à chasser l’obscurité et à voir la lumière, comme le dit la chanson: ‘Nous sommes venus chasser l’obscurité, avec la lumière et le feu entre nos mains. Chacun est une petite lumière et ensemble, nous formons une grande lumière. Disparais, obscurité, va-t’en noirceur, recule devant la lumière.’ Nous ne sommes pas fatigués du chemin, nous traçons une voie. En avant, au travail! », a-t-il conclu.