Les 22 janvier et 5 février prochains, Steve Kalfa, accompagné d’Alix Konopka, seront sur scène en Israël pour une pièce écrite et mise en scène par Steve Kalfa: J’ai rendez-vous avec Molière.
Un comédien, qui doit jouer le rôle de Molière, entreprend un dialogue imaginaire mais intense et à cœur ouvert avec le monument de la culture française. Ce rendez-vous d’une incroyable modernité, après « Le Mendiant de Jérusalem » et « Le Chandelier Enterré » est un nouveau moment de théâtre puissant et rare comme seul Steve Kalfa peut nous l’offrir.
LPH INFO: Comment est née l’idée d’écrire et mettre en scène la vie de Molière ?
Steve Kalfa: En pleine période Covid Claude Brightman, en partenariat avec l’Ambassade de France et L’Institut Français, décident de monter un évènement pour la journée mondiale de la francophonie. Sont sollicités des intellectuels, philosophes, universitaires… Claude s’adresse également à moi. Le thème de cette journée est la langue française. Au théâtre ce ne pouvait être que Molière.
Par ailleurs il est un auteur que je porte en moi depuis des années. Pour mon premier engagement de comédien professionnel au théâtre des Mathurins je jouais Sganarelle. Et lorsqu’à Paris je dirigeais mon école réservée aux acteurs et actrices professionnelles Molière était avec Shakespeare l’auteur que je conseillais le plus souvent de travailler. Ils sont tous deux à l’évidence les plus grands auteurs de théâtre, classique ou contemporain. Ils exigent du comédien une grande technique pour maîtriser le texte et également une formidable sensibilité pour s’abandonner à la hauteur des enjeux émotionnels auxquels sont confrontés les personnages.
Molière et Shakespeare font vivre tous les travers et la beauté de la nature humaine.
LPH INFO : Pourquoi avoir choisi cette mise en scène ?
Steve Kalfa: Je ne voulais surtout pas faire une conférence ou un master class déguisé qui parlerait de Molière.
Molière n’appartient ni au passé, ni aux livres scolaires, pas même d’une certaine façon au théâtre ! Il est un homme d’une extraordinaire vitalité qui continue de nous parler. Nous tous, chacun d’entre nous. Quel que soit notre expérience, notre culture, notre âge ! Il s’adresse à chacun d’entre nous. Mais il faut, pour cela, le laisser parler. C’est ainsi que m’est venue l’idée de le faire vivre en scène. Mais il ne fallait pas un monologue qui risquait de se transformer en leçon. Il devait être confronté à un autre personnage, qui le pousse dans ses retranchements. Qui l’entraîne à revivre sous nos yeux les évènements bouleversants qui ont traversé son existence. Cet autre personnage est un comédien d’aujourd’hui. Molière était un comédien. Dans ce dialogue imaginaire le tourbillon émotionnel dans lequel s’engage finalement Molière entraîne le comédien. On peut finir par les confondre.
LPH INFO : Vous jouez avec Alix de Konopka qui est aussi votre épouse. Cela donne-t-il une autre dimension au jeu sur scène ?
Steve Kalfa : Avec Deborah (Alix) nous nous sommes rencontrés à Paris dans un atelier d’entraînement pour acteurs professionnels. Nous avions travaillé ensemble une scène extraite d’une pièce qui s’appelle LOVE ! Il n’y a pas de hasard.
La rencontre dans le jeu a été immédiate. Il existe un phénomène curieux dont on parle peu : Il y a des couples de jeu. C’est très particulier, une sorte d’alchimie qui se produit entre deux sensibilités, deux tonalités de voix. Les deux acteurs n’ont pas nécessairement besoin de s’apprécier. Cela existe de soi-même. Burton-Taylor, Humphrey Bogart-Lauren Bacall, Poiret-Serrault formaient des couples de jeu.
Avec Deborah, oui, il y a une évidence en scène. Le plus difficile ce sont les répétitions. Il faut garder la rigueur et peut-être même une certaine distance pour chercher toujours la plus grande vérité et ne pas tomber dans la facilité.
LPH INFO: Par cette pièce souhaitez-vous moderniser et rendre accessible Molière à une génération qui semble s’en désintéresser?
Steve Kalfa: Molière est intemporel. Il n’est ni ancien, ni moderne. Ou plutôt il sera toujours moderne et contemporain. Car si nous le jouons encore aujourd’hui 400 ans plus tard, il sera joué aussi dans 400 ans. A une condition, exprimée dans la pièce par le comédien. Celui-ci dit à Molière « Je ne veux pas faire de vous une pièce de musée, un buste ».
Je ne rends pas Molière accessible. Molière EST accessible, car il est en chacun de nous. Nous connaissons tous d’une façon ou d’une autre ce que vivent ses personnages. Encore une fois il faut juste laisser Molière parler et véritablement écouter. Dans la pièce Molière dit au comédien » je suis comme vous, je suis comme tout le monde ».
LPH INFO : Jouer Molière en Israël, cela revêt-il une signification particulière pour vous ?
Steve Kalfa : Jouer en Israël revêt toujours une signification particulière. Lors d’une interview pour mon premier spectacle en Israël, Le Chandelier Enterré, j’avais dit que mon désir, mon ambition était de développer un théâtre juif. J’avais également dit que cela ne nécessitait pas forcément des auteurs juifs. C’est ce que j’essaie de faire depuis. Y compris avec ce spectacle autour de Molière.
D’une certaine façon Molière est un prétexte. Ce qui se joue véritablement est la façon dont cet homme a traversé les évènements marquants de sa vie. Derrière l’écriture et l’interprétation que j’en donne se cachent, je l’espère, de nombreuses valeurs juives.
La pièce va être traduite et éditée en hébreu et j’en suis très heureux.
Ce qui également est important est que, grâce à Alain Asseraf qui produit, nous l’avons jouée au dernier festival d’Avignon.
Les réactions des spectateurs ont été unanimes et superbes. Cela nous amène à la jouer en juin à Paris et à nouveau au prochain festival d’Avignon. Un spectacle francophone écrit, joué et produit d’abord en Israël qui part ensuite en France…c’est formidable !
Réservations pour Jérusalem et Tel-Aviv les 22/01/2023 & 05/02/2023: https://culturaccess.com/jai-
Molière est acessible à tous….surtout à Corneille …….
Trés drôle, mais Molière est accessible à tout ceux qui savent lire !
Comme je ne sais pas lire, j’ai ouï dire que sans Corneille, Molière n’existerait pas…Après le départ de Corneille de Paris pour Rouen, Molière avait subitement perdu toute son inspiration….c’est bizarre non ?
la culture,
c’est comme la confiture :
moins on en a,
plus on l’étale