En mai 2018, Israël fêtera les 70 ans de son indépendance ; curieusement, le gouvernement lance un appel à dons pour financer les festivités.
70 ans est un âge mûr pour prendre de bonnes décisions. Mais la mesure adoptée dimanche en conseil des Ministres paraîtra bien déplacée à de nombreux Israéliens : les festivités du 70e anniversaire de la création d’Israël seront financées par des donateurs privés et non par le budget de l’État.
À l’heure où le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou est l’objet d’une enquête de police pour avoir perçu des cadeaux illégaux, il semble ironique de permettre à des dons privés de financer une commémoration publique; en Israël, la collusion entre hommes d’affaires et représentants de l’Etat est source de corruption.
LOGIQUE LIBÉRALE
On sait qu’en Israël, la logique libérale est de rigueur depuis une décennie : l’État se garde d’intervenir le moins possible dans la vie économique, privilégiant l’initiative privée. D’où une politique de privatisation, de réduction des dépenses publiques et de baisse de l’impôt, ce qui laisse la voie libre aux investisseurs privés.
Or la logique libérale en Israël ne semble plus avoir de limite. Le gouvernement israélien propose aujourd’hui de se dessaisir d’un des symboles les plus importants du patriotisme israélien : la commémoration de la fête nationale.
Certes, Israël entend fêter comme il se doit le soixante-dixième anniversaire de son indépendance. Créé le 14 mai 1948, l’Etat juif célèbrera de l’année prochaine l’anniversaire qui correspondra au chiffre rond de 70.
ÉTAT MAJOR DES 70 ANS
Pour ne pas être pris de court, le gouvernement israélien a décidé de prendre les devants : il vient de mettre en place un « état-major des célébrations du 70e anniversaire de l’État d’Israël ». Un an à l’avance n’est pas de trop pour préparer les différentes célébrations officielles qui s’accompagneront sans doute de spectacles et autres cérémonies fastueuses.
Cet état-major sera mis en place et dirigé par le ministère de la Culture et des Sports. Son objectif officiel est de préparer des « évènements officiels qui marqueront le 70e jour de l’indépendance et qui symboliseront les défis et les succès d’Israël en tant qu’État juif et démocratique depuis sa création ».
1,2 MILLION D’EUROS DE DONS
Un premier budget de 5 millions de shekels est débloqué pour les dépenses immédiates. Les fonds seront prélevés sur le budget du ministère de la Culture et des Sports, mais à titre de prêt : « le financement intermédiaire sera remboursé au ministère à partir des dons collectés » indique la décision gouvernementale.
Ce n’est donc pas le gouvernement israélien qui financera les célébrations officielles du 70eme Jour de l’Indépendance : ce sont des donateurs privés. « En raison des coupes prévues dans le budget de l’État, le Premier ministre a proposé que le budget soit financé par l’intermédiaire de dons », indique le texte soumis au dernier conseil des Ministres.
PRIVATISATION RAMPANTE
Autrement dit, le gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou n’a pas jugé bon d’investir des fonds publics dans un évènement public ; logique libérale oblige, c’est le secteur privé qui sera mis à contribution. C’est pourquoi, la décision prise en conseil des Ministres autorise le ministère de la Culture et des Sports à « examiner et autoriser la levée et la réception de dons, en Israël et dans le monde »
Cette privatisation rampante peut surprendre : à l’heure où la Knesset a voté le budget de l’État pour 2017 et 2018, on a du mal à comprendre pourquoi il n’a pas été possible de dégager 5 millions de shekels pour les festivités du 70e anniversaire. Sur un budget total de 460 milliards de shekels en 2018, seulement 0,001% aurait suffi au gouvernement pour fêter dignement un évènement d’ampleur nationale.
Jacques Bendelac (Jérusalem) www.israelvalley.com