A l’issue du sommet qui s’est tenu hier (mardi) au Caire, la Ligue arabe a présenté un plan pour l’avenir de la Bande de Gaza qui a été rejeté dans la foulée par Israël et par les Etats-Unis.
Le Président égytien A-Sissi a déclaré: »Nous avons travaillé en coopération avec nos frères de Palestine pour mettre en place une commission de Palestiniens indépendants qui géreront la Bande de Gaza. Nous travaillons à former des équipes de sécurité palestiniennes qui seront responsables de la sécurité dans la Bande de Gaza lors de la prochaine étape. Nous appelons à adopter notre programme qui préserve le droit du peuple palestinien à reconstruire sa patrie et à rester sur sa terre. Nous appelons à soutenir le fonds qui sera créé pour la mise en oeuvre de ce plan ».
A l’issue du sommet, les pays arabes ont déclaré: »Nous appelons le conseil de sécurité de l’ONU à placer des troupes de maintien de la paix en Cisjordanie (sic) et dans la Bande de Gaza. Le programme arabe préserve le lien entre la Cisjordanie (sic) et la Bande de Gaza. La paix est un choix stratégique des Arabes. Nous confirmons la vision de deux Etats et notre préférence pour la mise en oeuvre définitive du cessez-le-feu qui se trouve considérablement fragilisé ».
La Ligue arabe tient avec cette proposition à présenter une alternative qu’elle juge réaliste au projet américain de Donald Trump. Ce dernier a annoncé que les Etats-Unis allait prendre le contrôle de la Bande de Gaza et »relocaliser » les Gazaouis qui le souhaitent dans d’autres pays arabes, comme la Jordanie ou l’Egypte, idée que ces derniers ont rejetée.
Lors de son allocution, le Président égyptien a parlé de la Judée-Samarie et du Mont du Temple en condamnant Israël et mettant en garde contre »les conséquences de la poursuite des attaques contre la mosquée Al Aqsa et le statu quo sur place ».
A-Sissi a souligné que selon la Ligue arabe: »Il n’y aura pas de véritable paix sans la création d’un Etat palestinien ». Il a ajouté: »La paix ne s’obtient pas par la force, on ne peut pas l’imposer par la force. L’accord de paix entre l’Egypte et Israël est un modèle. Il a permis de transformer une situation de guerre en une situation de paix et de prospérité ». Puis, en interpellant Trump: »Le Président Trump peut mettre un terme aux tensions et à l’hostilité dans notre région ».
Parmi les participants à ce sommet, se trouvaient outre le Président égyptien, le Roi de Jordanie, le secrétaire de la Ligue arabe, le président de l’Autorité palestinienne, le nouveau Président syrien, le Président libanais, des représentants de l’Arabie Saoudite, du Qatar et des Emirats mais aussi le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Il a été, en revanche, boudé par le Président algérien.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, Brian Hughes, a réagi cette nuit (mardi à mercredi) à la proposition présentée par le Président égyptien lors de ce sommet: »La proposition actuelle ne prend pas en compte la réalité sur le terrain où Gaza n’est actuellement plus habitable ». Selon lui, »les habitants de la bande de Gaza ne peuvent pas vivre dignement dans un territoire recouvert de ruines et de munitions qui n’ont pas explosé ».
Il a également précisé, face à l’opposition internationale croissante au plan d’émigration de Gaza proposé par Donald Trump, qu’il »maintient sa vision de reconstruire Gaza sans le Hamas ».
En Israël, les conclusions du sommet ont également été rapidement rejetées. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré: »Cette déclaration ne reflète pas la réalité de la situation après le 7 octobre 2023 et reste ancrée dans des perspectives dépassées. L’attaque terroriste brutale du Hamas, qui a causé des milliers de morts israéliens et des centaines d’otages n’est même pas mentionnée. De plus, il n’y a aucune condamnation de cette organisation terroriste meurtrière ». Il a ajouté: »La déclaration continue de s’appuyer sur l’Autorité palestinienne et l’UNRWA, deux entités qui ont à plusieurs reprises démontré leur corruption, leur soutien au terrorisme et leur incapacité à résoudre la question palestinienne. Depuis 77 ans, les pays arabes utilisent les Palestiniens comme des outils contre Israël, les condamnant à un statut de ‘réfugiés’ permanents ».
De son côté, le Hamas a salué la tenue du sommet d’urgence, exprimé sa reconnaissance pour la position arabe s’opposant aux tentatives de déplacement des Palestiniens, et assuré que »la Nakba ne se répétera pas ».