La police israélienne est chargée de faire respecter la loi, de maintenir l’ordre public, de maintenir la sécurité des personnes et des biens et la sécurité intérieure.
Le Shin Beth (renseignement intérieur) est chargé du maintien de la sécurité de l’État, des procédures du régime démocratique et de ses institutions.
En mai 2021, lors de l’opération militaire « le gardien des murailles », des incidents violents et des troubles graves se sont produits dans tout Israël, à grande échelle, et d’une haute intensité.
Au cours de cette année-ci, trois civils ont été tués et des centaines ont été blessés (dont environ 306 policiers) dans près de 520 incidents documentés, au plus fort desquels 6 000 résidents arabes israéliens ont participé, selon l’évaluation des responsables de la sécurité qualifiés.
Le préjudice financier total causé par ces émeutes est estimé à environ 48 millions de shekels pour les biens civils et à environ 10 millions de shekels pour les biens de la police.
Ces événements ont illustré les défis du maintien de la sécurité personnelle et de la garantie de l’ordre public dans les villes concernées et ont renforcé la nécessité d’examiner les aspects de la police et de l’application de la loi dans ces localités.
Il sera précisé que cet examen n’enlève rien aux capacités de la police et à l’appréciation du travail des forces de l’ordre qui travaillent jour et nuit pour assurer la paix publique, dans les situations de routine et d’urgence.
Tirant les leçons de l’opération militaire « Shomrei aH’omot », le contrôleur de l’Etat publie un rapport extraordinaire qui dresse un tableau inquiétant de toutes les forces, confondues, de sécurité intérieure, des moyens, des défaillances du renseignement, du manque de préparation et d’élaboration de ces forces.
En conclusion: elles savent éteindre les incendies mais ne sont guère préparées aux situations de crise pluridimensionnelle.
Le rapport du contrôleur de l’État, Mr Matanyahu Engelman, publié le 27 juillet, traite du dysfonctionnement de l’ensemble des forces de sécurité intérieure dans les villes concernées: Lod, Yafo et Acco. Il dresse un tableau saisissant de lacunes et d’omissions, du manque de renseignements sur le terrain au manque de renforts, de planification, d’ordres précis, de policiers et de moyens.
La police n’était pas préparée à fournir une réponse opérationnelle adéquate aux incidents de désordre et de violence de masse, mais le problème est plus profond que cela. Il y a une impuissance générale de la police à gérer ces villes mixtes, mêlées de populations juives et arabes, elle ne s’est pas préparée, n’a pas planifié et n’a pas non plus préparé ces forces à traiter régulièrement avec l’augmentation de la criminalité. En cas d’urgence maximale, particulièrement claire dans le contexte de relations étroites, comme le souligne le rapport, entre les délinquants criminels classiques et le terrorisme nationaliste.
Résumons quelques données. Le nombre d’arrestations effectuées et le nombre d’actes d’accusation déposés dans le cadre de ces incidents sont peu nombreux face à l’ampleur des incidents, leur violence, leur gravité, leur caractère et le nombre de participants. Seuls 18% des 3 200 suspects arrêtés dans des incidents d’agressions et d’émeutes ont été inculpés.
A l’épicentre de l’émeute, dans les villes d’Acco, Lod et Yaffo, 276 personnes ont été appréhendées, mais seulement un tiers incriminées.
Selon l’audit, la police a de sérieuses lacunes quant à sa capacité à documenter et à recueillir des preuves photographiques lors d’incidents et de désordre publics. En conséquence, trop peu de preuves rassemblées contre la plupart des suspects et, ainsi, les affaires ont été classées.
Au plus fort des événements, des milliers d’appels de détresse extrême des habitants de la ville de Lod au « Centre 100 », de la police, sont restés sans réponse.
2 836 appels téléphoniques ont été émis de cette seule ville au cours des trois premiers jours, du 11 au 13 mai 2021. Néanmoins, il y avait une insuffisance totale de personnel au standard pour répondre aux demandes d’aide physique et materielle.
« Moked 100 » a pitoyablement échoué lors de ces drames, là où son fonctionnement optimal était plus que jamais requis.
La présence des forces de sécurité en général, à Lod et Acco, au moment du déclenchement des événements, était plus que faible. Si je me souviens bien, les événements ont commencé sur le Mont du Temple, lors de Yom Yeroushalaïm, et, en raison des craintes d’embrasement de la situation, le commandement de la police a déversé des forces sur Jérusalem, négligeant totalement les autres secteurs.
A Lod, la présence militaire ce jour-là était de 25 policiers!
A Acco, au lendemain du déclenchement des émeutes, il n’y avait que 58 policiers, la plupart mal équipés et non qualifiés pour faire face à de tels troubles.
Suite aux graves et dramatiques incidents de Lod, des renforts furent envoyés dans la ville, mais cela ne suffit guère face à l’ampleur des manifestations.
Toujours à Lod, deux jours après le début des émeutes, nombre d’incidents graves se produisirent, sans recevoir une réponse adéquate de la part de forces de police, débordées. Le quartier général établi à Lod s’appuyait sur des forces dont la plupart ne connaissent ni la topographie, ni le contexte de la ville. Un autre quartier général fut établi à Acco, celui-ci reçut la responsabilité du secteur quatre jours seulement après le déclenchement des émeutes.
Au cours des deux premiers jours du début des événements, le commandement de la police n’avait pas du tout appréhendé la pertinence de la situation et donc, pris un retard substantiel dans sa contre-offensive, dans sa réponse opérationnelle et dans son déploiement des forces.
Selon l’audit, encore et toujours, les postes de police des villes concernées ne sont pas préparés aux émeutes et aux désordres, mais ils ne sont pas non plus préparés à l’application régulière de la loi.
La police n’a pas fait de distinction entre les commissariats des villes mixtes, et les commissariats des villes juives, moins sensibles en raison de l’absence de friction nationaliste.
L’activité policière des villes mixtes repose en grande partie sur de potentiels renforts, sur des états-majors de mission (pour un temps limité), sur des policiers temporairement attachés, sur le recours à des soldats affectés à la police et sur des volontaires.
Il y a un manque certain, et constant, d’effectifs, d’où une moindre mobilité : il manque 42 policiers au commissariat de Lod (un tiers des unités), 29 policiers au poste de Yaffo.
74% des équipes de patrouille opérant à Lod, Acco et Yaffo sont définies comme des équipes en manque, en mobile il n’y a qu’un seul policier permanent, au lieu de deux.
Lors de ces événements, la police s’est retrouvée également, avec une sérieuse carence en moyens de dispersion des manifestants. Dans le district côtier, le stock de matériel fut épuisé dès le premier jour des émeutes. Dans tous les autres secteurs, les équipements de protection pour les forces sur le terrain, casques et gilets par balle, firent défauts. Des unités opérationnelles furent déployées sur le terrain sans se voir attribuer des véhicules appropriés.
De plus, en cas d’urgence, il est devenu clair qu’il n’y avait pas de règles clairement établies concernant les méthodes à mettre en application pour l’ensemble des forces de l’ordre.
Selon le rapport, même les unités de réserve du Mishmar Agvoul (gardes-frontières), mobilisées comme renforts, relevaient plus de la fiction.
60 % de ces compagnies n’ont pas reçu d’équipements et de moyens.
Selon l’audit, seuls 8 des 20 contingents recrutés par la police avait reçu les équipements nécessaires. Il y avait une importante pénurie d’armes personnelles mises à la disposition des combattants de ces unités et pour finir ce tableau, le nombre de véhicules et de moyens de communication faisaient réellement défaut.
Plus encore, ces dernières années, la nette diminution des temps de formation en vue de canaliser ces troubles, n’a en rien amélioré le professionnalisme de nos jeunes dans la police. Sur l’ensemble de l’année 2021, seulement 2 600 policiers sur les 32 000 en service actif ont bénéficié de cet enseignement. Durant les événements qui nous préoccupent, les officiers, les unités opérationnelles et les renforts ont été envoyé au feu, mêlés à des émeutes violentes et des meutes humaines enragées, sans même recevoir de connaissances appropriées et sans suivre de formation ni d’exercices à ce sujet.
Passons maintenant au renseignement et aux enquêtes.
Trois agents du renseignement de la station de Lod, quatre de la station de Yaffo et trois de la station d’Acco ne parlent pas du tout la langue arabe.
Selon l’audit, la police ne dispose d’aucun renseignement basé sur des sources relevant du domaine de l’ordre public dans ces villes plus que sensibles.
La police n’a activé aucun système de collecte et n’a pas désigné d’agents du renseignement pour couvrir le domaine de l’ordre public dans les cités concernées.
Elle n’a pas agi avec la mesure nécessaire pour localiser des sources sur ces questions et les activer.
Elle n’a pas cartographié, ou marqué, des éléments extrémistes qui pourraient créer et accroître toutes sortes d’activités illégales.
Le système de renseignement de la police subit tout autant la pénurie de personnel qualifié et professionnel, en particulier d’agents du renseignement maîtrisant la langue arabe. Cette ignorance peut nuire à l’activité des enquêteurs s’ils veulent traiter les crimes dans le secteur arabe et les territoires concernés, comme la capacité à fournir une image crédible du renseignement et non un « produit netflix ».
A SUIVRE dès la semaine prochaine…
Rony Akrich, 66 ans (les Passions d’un Hebreu) enseigne l’historiosophie biblique, il est l’auteur de 5 ouvrages sur la pensée hébraïque et écrit nombre de chroniques et aphorismes en hébreu et français. Il est le fondateur du « Café Daat » à Jerusalem (l’universite populaire gratuite de Jérusalem). Il réside à Kiriat Arba en Judée, il est père de 7 enfants et grand-père de 25 petits-enfants.
la moindre des choses serait tout de meme que tous les agents du rensignements parlent arabe dans les villes mixtes … et meme ailleurs
Quel bilan apocalyptique surtout pour les habitants de ces villes
Tout est dit, mais on le savait déjà, du moins ceux qui ont une vision normale et un cerveau qui fonctionne….Quid les responsables politiques ? qui oserait dire qu’ils pourraient être, un tant soit peu, responsables au bout de 13 ans d’affilée au pouvoir ? Evidemment personne….pis, ils en redemandent ?????
P.S. Rony Akrich. Merci pour votre article, pas besoin d’un autre la semaine prochaine….Je ne pourrai pas en supporter davantage…..Quant aux autres…., ils ne comprendront pas !