En quelques décennies, le high tech est devenu la locomotive de l’économie israélienne; aujourd’hui, la pénurie de main d’œuvre menace son avenir.
La Start-up Nation serait-elle menacée par son propre succès ? Avec de milliers de startups et des centaines de centres de R&D établies par des multinationales en Israël, la poursuite du développement du secteur des hautes technologies dépend dorénavant d’un seul facteur : un personnel de qualité, compétent et qualifié.
Israël compte aussi sur l’apport de nouveaux immigrants pour renforcer son high tech et pour compenser les insuffisances de son système éducatif. C’est pourquoi, le Conseil de ministres hebdomadaire de ce dimanche a inscrit à son ordre du jour un plan national d’augmentation de la main d’œuvre dans le high tech, pour un budget de 900 millions de shekels (220 millions d’euros).
BAISSE DES DIPLÔMÉS ISRAÉLIENS
La pénurie d’ingénieurs, informaticiens et techniciens, est d’autant plus préoccupante que la concurrence internationale est vive ; il devient difficile d’attirer de l’étranger des professionnels du high tech, alors que la fuite des cerveaux fait perdre à Israël ses meilleurs atouts.
Un rapport du ministère israélien de l’Économie de 2016 fixait à 10.000 l’effectif d’ingénieurs qui manquera à Israël au cours de la prochaine décennie. Un des indices de cette pénurie figure dans la baisse des ingénieurs nouveaux diplômés des universités israéliennes : ils représentaient 8,7% des diplômés de 2014, contre 13% de l’ensemble des diplômés de 2004.
La baisse des diplômés est particulièrement ressentie dans les domaines de l’informatique, mathématiques et statistiques : ils étaient 3.000 nouveaux diplômés en 2004, mais seulement 2.250 en 2014.
COMMISSION INTERMINISTÉRIELLE
Le Conseil de ministres hebdomadaire de ce dimanche a donc adopté un « plan national d’augmentation de la main d’œuvre qualifiée dans l’industrie du high tech ». Ce n’est pas la première fois que le gouvernement israélien se préoccupe de la pénurie de personnel qualifié : des plans semblables avaient déjà été adoptés en 2010, en 2012, en 2015 et en 2016, avec des résultats très médiocres.
Aujourd’hui, le Conseil des ministres nomme une commission interministérielle ; les ministères concernés montrent que la tâche est complexe : Finances, Travail, Education, Economie, Défense, Intégration des immigrants, Intérieur et Sciences.
PRIORITÉ AUX NOUVEAUX IMMIGRANTS
La marge de manœuvre de la commission sera large et elle pourra agir en plusieurs directions : accroître le nombre de diplômés israéliens, accélérer l’intégration des nouveaux immigrants diplômés, accroître le volume des bourses universitaires, inciter les Israéliens installés à l’étranger de revenir travailler en Israël, attirer des ingénieurs étrangers, etc.
La décision adoptée ce matin en Conseil des ministres fait une large place à la contribution des nouveaux immigrants au high tech israélien : « au cours des trois dernières années, plus de 1.200 nouveaux immigrants se sont intégrés à l’industrie du high tech en Israël en passant par des programmes spéciaux initiés par le ministère de l’Intégration des Immigrants ».
Jacques Bendelac (Jérusalem) www.israelvalley.com