Derrière chaque soldat tombé au combat se trouve une famille, qui un jour a vu sa vie basculer d’un instant à l’autre.
Cette bascule intervient lorsque des officiers de Tsahal tapent à la porte et leur annoncent la nouvelle la plus terrible qui soit.
Ces officiers sont spécialement formés pour cette mission à laquelle ils sont entièrement dévoués. Lorsqu’ils sont d’astreinte – période qui dure deux semaines – ils savent qu’ils doivent être joignables 24h/24. Leur téléphone possède une sonnerie spéciale s’ils sont convoqués pour remplir leur difficile tâche.
Ils témoignent que lorsqu’ils entendent cette sonnerie, ils lâchent immédiatement tout ce qu’ils sont en train de faire. Ils rejoignent les équipes à un point de rendez-vous près du domicile de la famille. Un officier, en civil, a déjà fait les repérages. ”Nous n’avons pas le droit à l’erreur”.
Ils sont trois officiers à se présenter devant la porte de la famille. Ils prennent une grande respiration avant de taper à cette porte. Parfois, ils entendent derrière des rires d’enfants, parfois des discussions familiales ou la télévision. Ils savent qu’ils vont perturber à jamais ce quotidien. Une fois qu’ils ont frappé à la porte, il n’y a plus de retour en arrière possible.
Les officiers chargés de cette lourde mission sont strictement formés. Mais aux dires de tous, ce n’est que lorsqu’ils vivent la situation qu’ils comprennent et qu’ils se rendent compte s’ils sont capables ou non de tenir ce rôle. Ils font face à toutes sortes de réactions et pour eux, elles sont toutes normales. Une ambulance se tient prête à proximité du domicile lorsque ces officiers entrent en action, au cas où un des membres de la famille aurait besoin de soins suite au choc de la nouvelle.
Une des officiers a raconté à la chaine d’information N12 qu’à ses débuts elle a du faire face à une mère qui lui a dit : ”Je ne veux plus te voir, tu es l’ange de la mort. Tu as détruit ma vie”. L’officier a, bien sûr, réagi avec retenue et la mère s’est excusée quelques jours plus tard, mais les mots résonnent encore dans sa tête.
Pour ces officiers, la pire des réactions est le silence. C’est le silence qui les inquiète le plus pour les proches de ces victimes qui doivent accepter le pire.
Ces officiers ont l’amour de leur prochain et la volonté de l’aider dans l’âme. Pour eux, c’est une mission sacrée et ils tiennent à être là où on a le plus besoin d’eux. Ils racontent que pour eux aussi, ces moments sont difficiles, leur coeur bat vite et fort et ils doivent faire la part des choses, entre ce qu’ils ressentent et leur mission importante à accomplir avec sang froid.
Ces dernières années, leur tâche a été compliquée par les réseaux sociaux et les rumeurs qui y circulent. Ils ont toujours peur que les proches n’aient entendu la nouvelle avant qu’ils ne viennent la leur apprendre. L’armée insiste beaucoup sur le fait de ne pas diffuser d’informations ou de noms avant que ces données ne soient officiellement confirmées. Il y a des familles derrière, une souffrance inouïe et il est primordial que les choses soient faites dans l’ordre. Si une information ne parait pas officiellement, c’est, souvent, parce que les proches n’ont pas encore été informés et si c’est horrible de recevoir ce genre de nouvelles par la bouche d’un officier qui tape à la porte, c’est encore plus dur de l’apprendre par des rumeurs.
Le rôle de ces officiers particuliers ne s’arrête pas à l’annonce de la terrible nouvelle. Ils accompagnent les familles dans l’organisation des obsèques et pendant toute la semaine de la shiva.
Ces hommes et ces femmes rentrent ensuite chez eux, auprès des leurs et ils expliquent que leur mission leur permet de prendre la vie avec du recul, d’accorder de justes proportions à chaque chose, de savoir apprécier la vie et le fait d’être entouré de ceux qu’on aime.