Or donc, le Liban voulait traduire en justice l’Etat d’Israël pour oser vendre sous son label houmous et fallafels, cette divine ambroisie que l’Orient doit au modeste pois chiche. “Ce sont des mets traditionnels de la cuisine libanaise, clamait-on à Beyrouth, qui existaient bien avant la création de l’Etat d’Israël”. Et pour le montrer, les cuisiniers libanais ont présenté un houmous de deux tonnes. “Essayez d’en faire un plus beau”, se moquaient les cuistots. “Chiche!” a répondu Abou Gosh, ce village d’Arabes israéliens sur la route de Jérusalem, qui se targue d’être la “capitale mondiale du houmous”. Et de préparer un (excellent) houmous de quatre tonnes!
Sur quoi le Liban a contre-attaqué avec un houmous de dix tonnes! Et là, Israël ne faisait plus le poids. Il ne faisait pas le poids de pois chiches. Mais s’il avait perdu une bataille, il n’avait pas perdu la guerre du houmous. Surtout on n’allait pas laisser bouler hors d’Israël les boulettes de fallafël – dont je suis fier d’être le premier à couronner le nom théophore de son tréma. On en était là… quand une équipe d’archéologues botanistes de l’Institut Weizmann a découvert en Galilée, dans ce qui fut un village du néolithique, une importante culture de fèves et de fortes réserves de pois chiches qui datent d’il y a 10000 ans! Alors qui c’est donc qui étaient les premiers? Et qui trouvera les mots pour pleurer la déroute de Beyrouth? N’empêche qu’ils l’avaient réussi leur houmous de 10 tonnes!
C’est incontestable. Alors si… Si, demain… ils voulaient tenter les 20 ou même les 40 tonnes? Et qu’à Abou Gosh, on prépare là aussi des grands, de très très grands houmous et à Amman, itou, et puis à Ramallah… On aurait un immense couscous! Avec plein de fallafëls pour étoiles… Et on pourrait se mettre à table, enfin! Parce qu’un houmous, jamais personne encore ne l’a mangé avec un couteau. Sur le houmous on passe amoureusement un bout de pita, on le caresse des lèvres avant de savourer. Pour manger un houmous, on laisse le couteau au vestiaire.
J.G.