Que ce soit sur la question « Palestinienne », sur celle de la menace nucléaire iranienne ou sur le rôle du Hezbollah au Liban, la France a décidément choisi de rester du mauvais côté de l’Histoire. Alors que l’explosion qui a détruit le port de Beyrouth aurait été l’occasion rêvée de se débarrasser de l’influence nocive de l’organisation terroriste chiite et de son suzerain iranien, Paris persiste à considérer le Hezbollah comme un partenaire légitime.
Cette fois-ci, c’est la ministre française de la Défense Florence Parly qui parle du Hezbollah comme étant un « parti politique légitime qui a des députés au Parlement » et assure qu’il prendra part aux négociations sur l’avenir du Liban. Elle a tenus ces propos lors d’interviews télévisés mais en même temps, a curieusement éviter de citer le Hezbollah parmi les problèmes qui gangrènent le Liban. Terrorisme régional et international, blanchiment d’argent, trafic international de drogue et de voitures, pillage des ressources du Liban, mise en danger des civils libanais et antisémitisme, tout ce palmarès du Hezbollah n’intéresse apparemment guère la ministre française et son gouvernement en général.
On se souvient de l’assurance donnée par Paris au Hezbollah que l’organisation terroriste n’aura pas à subir des conséquences du verdict dans le procès des assassins de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Al-Hariri.
Le Hezbollah a quant à lui bien compris le message français qui lui laisse la porte grande ouverte pour maintenir sa mainmise sur le pays du Cèdre. Hassan Nasrallah, bon prince, a déclaré dimanche qu’il est prêt à discuter d’un nouveau « pacte politique » au Liban, qui risque d’être aussi ‘nouveau’ que le Hezbollah est une organisation philanthropique. Téhéran ne permettra jamais que le Liban lui échappe, d’où la responsabilité énorme de la France qui entend s’impliquer activement dans l’avenir du Liban tout en évitant soigneusement de contrarier le régime des ayatollahs et son supplétif libanais.
Plus les jours passent et plus le sentiment qui prévaut est que la montagne des explosions de Beyrouth risque d’accoucher d’une souris.
Le président français Emmanuel Macron est arrivé dimanche à Beyrouth, comme il l’avait annoncé le 6 août, et il rencontrera les représentants des différentes forces au Liban dont le Hezbollah. Afin de faire avancer les choses, ou d’en donner l’impression avant la venue du président français, le président libanais Michel Aoun – allié du Hezbollah – a appelé dimanche à la fin du système confessionnel et à la création d’un gouvernement laïc. De son côté, l’ancien Premier ministre Sadd Hariri a proposé la nomination de l’ancien ambassadeur du Liban en Allemagne Mustapha Adib. De son côté le Hezbollah a déjà mis son veto sur une liste de candidats au poste de Premier ministre.
Autant de signes qui montrent que le mouvement de protestation populaire lancé depuis octobre 2019 et renforcé après le drame du port de Beyrouth ne sera pas entendu : ce sont les mêmes qui verrouillent le système depuis des décennies et qui tentent aujourd’hui de sauver leur pouvoir et leur privilèges par des changements cosmétiques.
Le Liban ne connaîtra pas de renaissance salutaire tant que le Hezbollah et l’ombre iranienne tiendront le pays en otage. Et pour cela, l’attitude de la France est impardonnable. Cela explique aussi pourquoi l’influence de ce pays est en baisse, notamment au Proche-Orient : on peut pas à la fois prétendre exprimer un « message moral » et légitimer en même temps une organisation terroriste meurtrière.
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