Shabbat Hayé Sarah met un coup de projecteur sur les habitants de Hevron et de Kiryat Arba, qui ouvrent avec joie leurs maisons aux nombreuses personnes qui viennent célébrer l’anniversaire de l’acquisition du Caveau des Patriarches. LPH est allé à la rencontre de quelques-uns de ces amoureux de Hevron, qui n’échangeraient leur place pour rien au monde. Nous avons voulu savoir ce qui les a amener à choisir ce lieu de résidence, comment ils y vivent au quotidien et quelle passion les maintient dans cet endroit ô combien unique mais au cœur de disputes et de violences, hélas.
Habitant de Kiryat Arba depuis 35 ans
Ne l’appelez par Yitzhak, mais ”Yitzhak de la Meara”! En effet, s’il vit à Kiryat Arba depuis 35 ans, il passe en réalité le plus clair de son temps à la Mearat Hamakhpela.
Nous lui demandons pourquoi il a choisi de venir s’installer à Kiryat Arba: “Pour rejoindre mes parents”, nous dit-il. Et vos parents y étaient depuis longtemps? “Oui, depuis environ 3700 ans!”. Le ton est donné! Yitzhak ne conçoit pas de vivre éloigné de nos Pères et de nos Mères. Pour lui, c’est un ”mérite” de pouvoir être quotidiennement près d’eux.
”Ce choix de vie a été naturel”, nous raconte-t-il, ”J’ai passé un Pessah à Kiryat Arba, j’ai eu l’occasion de m’y promener, de respirer l’air de Hevron et immédiatement, j’ai su que c’était mon endroit”.
Si Kiryat Arba est Hevron dans le texte biblique, Yitzhak l’a pris au mot. “Depuis 18 ans maintenant, je suis chez Papa et Maman tous les jours”. Il s’occupe d’une institution à la Meara: les Kollelim Nahalat Avraham ou Shmouel. “Nous avons des avrehim qui étudient chaque jour: je me préoccupe qu’ils ne manquent de rien. Je suis en charge des activités de cette institution mais aussi du minyan fixe de minha et arvit chaque jour”.
Et le personnage n’a pas fini de vous surprendre: lorsque le 7 juillet dernier, l’UNESCO adopte une résolution qui dénie le lien du peuple Juif avec la Meara, Yitzhak se réjouit… Etrange pour une personne si attachée à ce lieu? Il nous répond tout en douceur: “La semaine de cette décision, nous lisions la parachat Balak. La mise en perspective de cette décision avec la paracha nous livre un message extraordinaire. Le conseil de l’UNESCO compte 21 Etats membres. Dans cette paracha, Bilam construit 21 autels pour maudire Israël. Tout le monde sait qu’au lieu de malédictions, ce sont des bénédictions qui sont sorties de la bouche de Bilam, le prophète envoyé par Balak. Le message que j’y ai vu est que peu importe les décisions de l’UNESCO, à la fin, ce sont toujours des brahot qui nous sont envoyées!”.
Yitzhak veut aller encore plus loin dans son témoignage d’amour envers nos Pères et nos Mères: ”A l’occasion des 18 ans des Institutions de Nahalat Avraham ou Shmouel, je souhaite que tous les enfants d’Israël écrivent un Sefer Torah pour leurs parents à Hevron. Nous lancerons donc ce Shabbat Hayé Sarah, une campagne pour l’achat de lettres dans ce Sefer Torah par tous les Juifs”. Il veut ainsi répondre à ces Messieurs, Dames de l’UNESCO, mais aussi créer un lien permanent entre les parents et les enfants du Am Israël.
Pour aller plus loin: Facebook: hevron-mearat hamakhpela
Site internet : www.hevron-mearat-hamakhpela.org
Email : [email protected]
Habite Hevron depuis 15 ans
Le chemin vers le quartier d’Avraham Avinou du Yishouv juif de Hevron n’a pas été direct pour Ahouva et sa famille. Mais il était écrit que c’était là qu’ils devaient vivre et Ahouva l’a toujours su. Célibataire, elle vient à Jérusalem et intègre le séminaire Maayanot de Manitou, z”l. ”Au bout de quinze jours, je savais que je voulais faire mon alya”, se souvient-elle. La première étape est en marche et se concrétise: Ahouva fait son alya parachat Leh Leha! Cinq ans plus tard, elle rencontre Yossef, un Juif de Reims, qui lui aussi était monté et voulait s’installer à Jérusalem. ”Mais le Rova Hayeoudi où j’habitais était trop cher”. Le couple a alors l’occasion de passer un Shabbat à Hevron. A l’époque, Chalom Wach leur parle de maisons disponibles à Kiryat Arba. Ahouva et Yossef se décident très rapidement. ”On se sentait déjà chez nous”. Mais, à vrai dire, c’est le quartier d’Avraham Avinou, au cœur de Hevron qui les attire le plus. Par manque de place, le Yishouv juif ne peut à ce moment, accueillir une nouvelle famille. La famille Ohayon part s’installer dans une grande maison à Maon, un yishouv au sud de Hevron. “Nous avions alors quatre enfants, ils voulaient tant revenir à Hevron. Mais nous pensions que nous vieillirions à Maon”.
Mais comme on dit, le cœur de l’homme est le siège de beaucoup de pensées, mais au final c’est la volonté de D’ieu qui s’accomplit. ”Mon mari était kablan, et il cherchait une maison à Hevron pour un riche acquéreur. Ce n’était pas une mission facile mais il a trouvé. Finalement, la personne n’en a pas voulu, elle trouvait le prix trop élevé. J’ai eu l’idée d’appeler une personne qui m’était très chère et je lui ai parlé de cette maison. Elle m’a dit sans hésiter qu’elle voulait l’acheter et que nous habiterions dedans”!
La famille Ohayon passe encore par un retour provisoire à Maon avant de s’installer définitivement, il y 15 ans dans le quartier d’Avraham Avinou, à Hevron. ”C’est là que nous devons être. Nous vivons tout à fait normalement”, nous précise Ahouva lorsque nous évoquons les problèmes sécuritaires de la région. ”Nous ne nous posons même pas la question”, même si, reconnait-elle, chacun de ses enfants vit à sa façon la vie dans un lieu où règne une atmosphère parfois tendue. ”Je prie presque tous les jours à la Meara. A Hevron, la foi s’exprime! D’ieu est avec nous, nous le sentons. Et nous avons une armée extraordinaire!”.
Cet amour de Hevron, Ahouva a envie de le transmettre, elle regrette que cette ville sainte ne soit pas davantage connue et visitée par les Juifs du monde entier. ”Il faut venir pour comprendre ce qu’est Hevron, c’est véritablement la porte du Paradis”. C’est ce qui a poussé Ahouva à transformer le haut de sa maison en zimmer. ”Mes aînées s’étant mariées, j’ai décidé de laisser la place aux visiteurs”. Comme le zimmer ne comprend pas de cuisine, Ahouva reçoit ses clients à sa table de Shabbat afin dit-elle ”de perpétuer la tradition d’Avraham Avinou”.
C’est avec émotion, qu’elle nous raconte qu’étant petite, sa mère en lui donnant les dernières cuillères de son assiette, égrenait les noms des Patriarches: ”J’ai toujours été entraînée vers ce lieu. Aujourd’hui, je sais que nous avons une mission pour tout le peuple d’Israël en vivant à Hevron. Le Shabbat Hayé Sarah en est une des plus belles expressions quand nous ouvrons nos portes à tous les enfants de notre peuple”.
Habite à Kiryat Arba depuis 20 ans
”Je ne peux pas vous dire pourquoi, les gens nous disent parfois que nous sommes fous! Mais honnêtement, je ne peux pas l’expliquer”. Voilà la réponse de Valérie lorsque nous lui demandons pourquoi après une alya de Paris et 9 mois de vie à Jérusalem, elle et son mari Yaïr, ont décidé de s’installer à Kiryat Arba.
Construire le pays, vivre au plus près de nos racines, tout cela était une évidence pour eux. “Si nous ne sommes pas là, alors ce sont nos ennemis qui viendront s’y installer!”. Ils n’ont donc pas eu la moindre hésitation: c’est à Kiryat Arba-Hevron qu’ils se sentent le mieux, pas question d’envisager autre chose. ”Nos enfants en grandissant ont compris l’importance et la force du lieu où nous habitons. Aujourd’hui Hevron c’est leur oxygène!”.
Ce qui caractérise Kiryat Arba? Valérie nous répond tout de suite: ”Une porte toujours ouverte, une grande famille. Même si nous savons que des dangers nous entourent, nous sommes convaincus que c’est le meilleur endroit où vivre”. D’ailleurs, pour Valérie, c’est bien le lieu idéal pour éduquer des enfants: ”Ils y apprennent de belles valeurs et y puisent beaucoup de force”.
A vrai dire, Valérie et Yaïr sont des personnages incontournables de Kiryat Arba puisqu’ils se distinguent par leur dévouement pour les personnes nécessiteuses, (trop) nombreuses dans cette ville. Ils s’occupent de la branche francophone de l’association Hasdei Avot et y effectuent un travail remarquable. ”Tous ceux qui vivent ici sont imprégnés de hessed et d’amour envers leur prochain”, nous dit-elle modestement.
Et la Meara? Ne perd-on pas l’émotion de s’y rendre quand on vit à côté? ”Mon mari s’efforce d’aller tous les jours y prier, tous les habitants de Kiryat Arba s’y rendent régulièrement, en semaine comme le Shabbat. Pour ma part, je travaille dans un magasin au pied de la Meara. Je rencontre beaucoup de visiteurs juifs et non-juifs et je vais prier tous les jours à la Meara. L’émotion est toujours au rendez-vous parce que chaque jour est différent ici”.
En parlant de jours différents: à l’approche de Hayé Sarah, que ressentez-vous? ”Beaucoup de joie! Toute l’année, les rues sont calmes et il manque un peu d’ambiance! Ce Shabbat Hayé Sarah, nous recevons chez nous 30 personnes, les gens ouvrent leurs maisons, les écoles se transforment en dortoirs, une tente est dressée devant la Meara. L’ambiance est incroyable! Il faudrait renouveler l’expérience plusieurs fois dans l’année!”.
Habite Kiryat Arba depuis 25 ans
Le Rav Mishaël Rubin est un des enseignants de la Yeshiva historique Shavei Hevron. Quand il arrive à Kiryat Arba en 1992, il y voit un idéal. ”Pour nous, vivre ici revêtait un caractère particulier, c’était un grand mérite. Nous avions la possibilité de nous relier à nos racines, à la Torah, et de faire un pont entre notre passé, notre présent et notre avenir”.
Le Rav Rubin et son épouse décrivent leur vie comme pastorale dans le yishouv de Kiryat Arba. “L’impression qu’ont les gens de l’extérieur est qu’il est compliqué de vivre à Hevron. Il est vrai que nos soldats et nos forces de sécurité accomplissent un fabuleux travail, mais nous vivons tout à fait normalement”.
Nous nous étonnons que la Mearat Hamahpela attire beaucoup moins de visiteurs que le Kotel, malgré son importance, elle aussi, primordiale dans notre héritage. Le Rav Rubin tente de l’expliquer: ”Le Kotel est effectivement l’un des endroits les plus saints de sa proximité avec le Beth Hamikdach. Si moins de gens viennent jusqu’à Hevron, c’est beaucoup parce que les médias en dressent un tableau sécuritaire qui fait au minimum hésiter et au maximum renoncer à venir prier à la Meara. La réalité est toute autre”. D’ailleurs, le Rav Rubin se félicite de croiser tous les jours des groupes de touristes, mais aussi de soldats ou d’écoliers qui viennent s’intéresser aux racines du peuple juif.
Le Rav passe tous les jours par la Meara pour aller à la Yeshiva et s’y arrête au moins pour lire un tehilim près de la 7e marche à l’extérieur. ”Nous sommes en quelque sorte en mission ici”, estime-t-il, ”La Yeshiva en est une des expressions. Nous y formons des jeunes à l’amour de l’étude, de la Torah et du pays. Le public francophone sait de quoi je parle, puisque un bon nombre de ses membres soutiennent la Yeshiva, ne serait-ce qu’à travers le Yom Hevron annuel”.
La Yeshiva recevra, comme chaque année une centaine de visiteurs pendant le Shabbat Hayé Sarah. Le Rav Mishaël Rubin nous confie attendre avec une joie non dissimulée ce rendez-vous où tout le peuple se retrouve.
Guitel Ben-Ishay
Que L’Eternel vous benisse tous;peuple d’Israel nous vous aimons et prions pour la paix de Jerusalem.
Shalom✡?
Il ne sommeil ni ne dort celui qui veille sur Israel.