En Israël, ce début d’année rime avec envolée des prix. Eau, électricité, essence,
taxe d’habitation, cotisations sociales, transports publics, produits alimentaires :
aucun poste de dépense n’est épargné. En cause : l’énorme déficit creusé par la
guerre, mais aussi ce qu’il faut bien qualifier de cynisme des fabricants de produits
alimentaires et de grande consommation, qui ont saisi l’opportunité de la hausse de
1 % de la TVA pour augmenter les prix en rayons de 4 à 20 %. Au total, les ménages
devraient dépenser entre 7 000 et 16 000 shekels de plus en 2025.
Une difficile réalité dénoncée par Yaëlle Ifrah, experte en économie. Tout en
admettant que chacun doit participer à l’effort pour maintenir l’économie et que les
mesures prises par le gouvernement sont globalement légitimes, celle-ci pointe une
augmentation trop importante des prélèvements, ainsi que le gel des échelons
d’impôts qui s’applique à tous les ménages, au lieu de taxer les plus riches. Elle n’a
surtout pas de mots assez forts pour déplorer les hausses des prix dans les
supermarchés. « Des augmentations aussi importantes ne sont absolument pas
justifiées. Fabricants et distributeurs profitent de la situation », dénonce-t-elle,
affirmant que ces derniers trouvent toujours une bonne raison de revoir leurs prix à
la hausse. Elle donne pour exemple la marque Unilever, dont les produits à base de
chocolat sont désormais vendus 15 % plus chers, au prétexte que le prix du cacao
est plus élevé. « C’est bien simple : en Israël, les prix ne font qu’augmenter, jamais
le contraire. Pourtant, le coût de certaines matières premières a chuté, comme celui
du blé qui a retrouvé son cours d’avant la guerre en Ukraine, ainsi que le coût du
transport maritime. Or ces diminutions ne se répercutent pas sur les prix à la
consommation », fait-elle remarquer.
L’économiste Daniel Gugenheim confirme que les mesures d’austérité prises par le
gouvernement étaient inévitables. Concernant la hausse des prix à la
consommation, il met en avant la responsabilité de tous les acteurs du marché :
celles des fabricants et des distributeurs qui profitent de leurs positions de
monopoles, mais aussi celle du gouvernement qui, en dépit de ses grandes
annonces pour remédier à la vie chère, manifeste in fine un manque de volonté politique. Il en veut pour preuve la récente campagne de blocage des prix planifiée
par le ministère de l’Économie, qui s’est heurtée au refus du ministère des Finances.
Il met également en cause l’irresponsabilité des consommateurs qui achètent même
quand les produits sont à des prix exorbitants – un constat que partage Yaëlle Ifrah,
appelant à un changement de mentalité qui se traduirait notamment par des boycotts
de produits et de marques dans les supermarchés.
Valérie Halfon, pour sa part, rappelle les bonnes pratiques susceptibles d’aider à
minimiser l’impact de ces hausses tous azimuts sur le portefeuille des ménages.
Pour ce qui est des frais fixes, la conseillère en budget appelle chacun à plus de
vigilance par rapport aux factures. « Des frais bancaires sont parfois débités sans
raison. En ce qui concerne la facture Internet et téléphone, il faut vérifier que l’on
paie le prix convenu lors de l’abonnement et qu’il n’a pas augmenté à notre insu
après une certaine période », explique Valérie Halfon, qui ajoute : « Idem pour les
prêts bancaires qui peuvent être renégociés, ou l’assurance santé qui peut être
renouvelée chez un assureur moins cher. Il ne faut pas hésiter non plus à changer
de compagnie d’électricité, maintenant que le marché est ouvert à la concurrence. »
Pour ce qui est des frais variables comme la nourriture, la conseillère préconise de
faire un plein de courses deux fois par mois dans un supermarché discount (Rami
Levy ou Osher Ad), en privilégiant les produits en haut et en bas des rayons,
souvent moins chers. Et bien sûr, planifier ses menus à l’avance pour n’acheter que
ce dont on a besoin.
Article rédigé par Johanna Afriat pour Actualité Juive (numéro 1765)