Pourquoi y a-t-il quelques plutôt que rien ? Pourquoi y a-t-il de la lumière et pas seulement de l’obscurité? Ces questions et d’autres encore sont le fruit de la réflexion des philosophes et en fait de chaque être humain. Les Grecs ont excellé dans la philosophie. Les Juifs aussi. Mais Israël est avant tout le messager de la Parole divine révélée au Sinai.
Hanouca, la fête des lumières, est riche en enseignements. Les thèmes auxquelles elle fait référence sont universels : la recherche du sens, la lumière, l’harmonie, un monde meilleur, le Tikun HaOlam –« comment refaire le monde ».
Effectivement, deux métropoles, deux civilisations, deux façons de voir le monde se sont confrontées à l’époque de ‘Hanouca.
Athènes ou Jérusalem, la matière ou l’esprit, le chaos ou l’harmonie, l’esthétique ou l’éthique, le beau ou le bien. C’est fort heureusement ceux qui défendaient, le Tsedek, les principes de la morale universelle de la Torah qui l’emportèrent.
La Bible est le fondement de la civilisation. C’est une encyclopédie de la vie. Des chapitres entiers de la Torah nous enseignent comment remettre l’économie au service de tous les hommes. De longs passages du Pentateuque nous expliquent dans le détail comment organiser une société juste ou chaque être humain est valorisé dans sa différence.
Les huit bougies de ‘Hanouca sont une source d’inspiration :
– La Emouna, la Foi, la confiance en Dieu nous permet de surmonter tous les obstacles.
– La conviction que l’héritage de la Torah est un tremplin qui nous a toujours permis de rebondir.
– L’histoire mouvementée du Peuple juif est un miracle permanent.
– Le message de la Bible est universel.
– Le feu peut être destructeur mais si son origine est divine il réchauffe les cœurs et les corps.
– Les lumières de ‘Hanouca sont dirigées vers l’extérieur. Nous devons aller vers l’autre, vers celui qui est différent.
– Avec une lumière on peut en allumer une autre et ainsi de suite à l’infini. Le partage, l’altruisme doit être la base de notre société.
– Le miracle du premier jour de ‘Hanouca n’est pas celui de l’huile puisqu’il y en avait une quantité suffisante pour brûler 24 heures. Le 1er jour nous rappelons le courage des Macabim. ‘’Aide-toi et le ciel t’aidera.’’
REBONDIR AVEC OPTIMISME
« A quoi bon allumer maintenant le chandelier car il ne reste qu’une toute petite quantité d’huile? » dirent certains. « Que ferons-nous demain ? ». Mais c’est le choix de l’optimisme si caractéristique du Judaïsme qui prévalut. Et lorsqu’on dépasse sa propre nature alors D.ieu transcende lui aussi les lois de la nature. Et c’est le miracle… Nous sommes bien loin de la conception hellénistique de l’histoire : une histoire cyclique, un éternel recommencement. Le Judaïsme prône le progrès. Sous l’impulsion de la Torah et grâce aux mitsvot, nous insérons des valeurs éthiques dans tous les domaines de l’existence. C’est ainsi soi-même, qu’on transforme et qui fait avancer la société. C’est ainsi qu’on arrive à surmonter toutes les formes de dualisme. C’est ainsi qu’on arrive à l’harmonie entre la Foi et la Raison, entre l’éthique et la politique, entre la matière et l’esprit.
Les Grecs avaient bien compris l’enjeu de ce choc des civilisations et lorsqu’ils pénétrèrent dans le Temple de Jérusalem ils profanèrent systématiquement toutes les réserves d’huile consacrée. Mais si leur objectif était d’empêcher que la Menora fut rallumée…il eut été plus radicalement atteint en détruisant le grand chandelier. Pourquoi se contenter de profaner l’huile sacrée alors qu’on peut tout détruire systématiquement.
En fait, ce que souhaitaient les Grecs, c’était de voir rallumer le chandelier du Temple avec de l’huile « impure et hellénisée ». Les Hellènes étaient tout disposés à accepter la Torah mais uniquement comme une simple œuvre littéraire. Un produit de l’intelligence humaine. Le pendant de leur mythologie. Une Torah sur mesure que l’on peut, à D.ieu ne plaise, modifier à chaque époque selon les mœurs et les idées en vogue. Tout…mais pas une Torah divine.
CHEMEN = NECHAMA
‘Hanouca nous enseigne donc que le plus grand danger pour le Peuple juif est de perdre son âme, son identité.
Faisons- nous vraiment tout pour combattre l’assimilation ?
‘Hanouca vient du mot « hinou’h » qui signifie « éducation ». Combien de temps, d’énergie consacrons-nous à l’Education juive? Pas seulement à celle de nos enfants mais aussi à la nôtre ? A combien de cours et de conférences participons- nous? Combien de Sefarim ou de livres d’intérêts juifs avons-nous lu ?
Bien sûr la petite fiole d’huile pure qui se trouve dans le fin fond de notre personnalité ne sera jamais détruite. Mais pourquoi nous contenter de ce qui est inné en nous. Les lumières de ‘Hanouca sont allumées chaque soir en nombre croissant. Elles nous incitent à faire un effort constant sur nous-mêmes.
La Ménora doit être placée de telle manière qu’elle puisse être vue au dehors, dans la rue. C’est dire qu’il ne suffit pas d’éclairer son petit chez soi. On ne doit pas se replier dans une tour d’ivoire. C’est à la tombée de la nuit que nous allumons la ‘hanoukia. Ceci nous enseigne que nous ne devons pas nous décourager au contact de la société ambiante. Chaque petite lumière, chaque mitsva, chaque bonne action que nous faisons peut avoir raison de beaucoup d’obscurité. Une bonne action, un coup de main concret, un bon mot, un sourire, une écoute attentive de notre prochain. Tout ce que nous faisons a une immense et bienfaisante répercussion.
Rav Yaacov Spitezki
Shorashim
Le Centre des étudiants francophones
054 2399791