Le conseil des ministres qui s’est tenu hier soir (mardi) a été houleux. Les ministres ont voté pour le retour d’Itamar Ben Gvir au gouvernement et au poste de ministre de la Sécurité nationale, alors que la conseillère juridique y était opposée.
Ce désaccord a donné lieu à des échanges musclés entre les ministres et Gali Baharav Miara.
L’un des plus virulents contre elle a été le ministre des Affaires étrangères, Guidon Saar, qui a lui-même nommé la conseillère à son poste alors qu’il était ministre de la Justice sous le gouvernement Bennett-Lapid.
Saar a déclaré: »J’ai participé deux fois à la nomination du conseiller juridique du gouvernement : une fois en tant que représentant de la Knesset dans la commission présidée par le juge Bach, et une seconde fois en tant que ministre de la Justice dans le gouvernement précédent. Une telle situation n’a jamais existé auparavant, ni même quelque chose qui s’en rapproche. En essayant de trouver une comparaison adéquate au comportement de la conseillère juridique, qui s’acharne contre le gouvernement, j’ai pensé aux pilotes kamikazes de la Seconde Guerre mondiale qui se suicidaient sur les cibles ennemies. Ce que nous voyons sous nos yeux, c’est l’autodestruction du conseil juridique du gouvernement, sous prétexte d’attaquer le gouvernement. Quel est le motif invoqué par la conseillère pour empêcher cette nomination (de Ben Gvir comme ministre, ndlr)? Même l’argument selon lequel une inculpation empêche une nomination reflète une approche activiste, en contradiction avec le texte explicite de la loi. Or, dans ce cas, il n’y a même pas d’inculpation ».
Puis adressant une pique supplémentaire à la conseillère juridique, il a affirmé: »Il semble qu’un nouveau motif soit apparu : »ça ne lui revient pas ». Le juge Rivlin a écrit dans l’affaire Negbi : ‘Les circonstances dans lesquelles la Cour suprême jugera inévitable d’ordonner au Premier ministre de révoquer un ministre en exercice, alors même que ce dernier n’a pas été condamné ni même inculpé, doivent être exceptionnelles et extrêmes.’ Où sont ces circonstances extrêmes ici ? Où existent-elles ? Est-ce un ‘conseil juridique facilitateur’ ? Vous êtes venue devant la commission Grunis en brandissant le drapeau du ‘conseil facilitateur’, et c’est sur cette base que j’ai ensuite présenté votre nomination au gouvernement en séance plénière ».
Saar a reconnu qu’il regrettait aujourd’hui d’avoir pris la décision de la nommer conseillère juridique du gouvernement.
Il a également critiqué sa décision concernant le limogeage du chef du Shin Bet, Ronen Bar: »Aujourd’hui, la Cour suprême a décidé qu’il n’y avait pas lieu d’accorder une mesure suspensive dans les recours sur cette affaire. Si la Cour ne prononce pas d’injonction contre cette nomination, comment pouvez-vous chercher à l’empêcher ? Comment est-ce possible ? J’espère que la Cour saura faire preuve de sagesse et évitera de tomber dans le piège que vous lui tendez ».
Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a lui aussi tenu des propos fermes contre le pouvoir que se sont octroyés les fonctionnaires de la justice dans le pays. Il a affirmé qu’ils dépassaient le cadre de leurs prérogatives et qu’à partir de maintenant, le gouvernement agirait en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés.
Le Premier ministre Netanyahou a conclu: »Platon voulait un régime dirigé par un philosophe, une élite supérieure au peuple, remplaçant ainsi la démocratie qui existait alors. Aux États-Unis, ils ont choisi un système démocratique qui est devenu celui que nous connaissons aujourd’hui, avec des contre-pouvoirs et trois branches du gouvernement ».
Il a poursuivi en critiquant la situation actuelle: »On essaie de nous entraîner vers un système où la Cour suprême et les conseillers juridiques seraient au-dessus du peuple et détiendraient tout le pouvoir. C’est la méthode de Platon. Autrefois, le public ne comprenait pas l’ampleur de ce ‘deep state’. Aux États-Unis, il a la profondeur d’une flaque d’eau, alors qu’ici, il est aussi profond qu’un océan ».
Il a également fait référence à la réforme qu’il a menée dans le monde de la presse: »Il y a dix ans, lorsque j’ai voulu mener une révolution médiatique, le public ne comprenait pas. Le contrôle de l’information était alors très fort, tenu par le deep state. Mais aujourd’hui, tout le monde comprend. C’est pourquoi nous ne laisserons plus cela arriver. Le peuple est souverain ».