La situation alimentaire dans la bande de Gaza continue de se détériorer après l’arrêt de l’acheminement d’aide humanitaire, marquée par une rupture visible de l’ordre public qui crée une pression sans précédent sur le Hamas.
Des images parvenues hier montrent des scènes de pillage massif dans les entrepôts de l’UNRWA du quartier de Tofaah, où près de 20 000 sacs de farine auraient été dérobés par des foules désespérées. « Nous fermons progressivement nos différents programmes à Gaza en raison d’une pénurie critique de réapprovisionnement, » a déclaré Antoine Renard, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM), lors d’une interview à ABC. « Nous avons dû cesser de soutenir 25 grandes boulangeries, privant 800 000 personnes d’accès au pain frais. »
La flambée des prix aggrave considérablement la crise. « Le prix d’un sac de farine a augmenté de 450%, » précise Renard. « Même ceux qui disposent encore d’argent ne peuvent plus se permettre les produits de première nécessité. »
Les tensions sociales atteignent également un point critique. Dans le quartier de Saja’iya, un violent affrontement a éclaté entre le Hamas et le clan Hassanin, aboutissant à la mort de l’un des ses dirigeants, tué par un policier du Hamas. C’est le deuxième incident de ce type en deux jours. Le clan Hassanin a publié un ultimatum exigeant que le responsable soit exécuté dans les trois jours, signe d’une contestation ouverte de l’autorité du Hamas dans certaines zones.
Sur les réseaux sociaux, la colère contre le Hamas s’intensifie. « Le Hamas a une mentalité nihiliste, il est déterminé à détruire la population, » peut-on lire dans un message. Des manifestations anti-Hamas, comme celle de Beit Lahia mercredi et d’autres la semaine dernière, témoignent d’une défiance croissante envers le mouvement.
Des voix s’élèvent désormais pour réclamer un transfert de responsabilité vers l’Autorité palestinienne et l’Égypte, remettant en question la légitimité du Hamas comme représentant des Palestiniens à Gaza. Dans un message qui fait le buzz, Hisham Zakot, correspondant d’Al-Jazeera à Gaza, a proposé que « les négociateurs palestiniens vivent dans des tentes sans climatisation jusqu’à la conclusion d’un cessez-le-feu » pour montrer leur solidarité avec la population.